L’ancien journaliste du Progrès et de France 3 vient de publier son deuxième roman aux Éditions du Poutan : Le Totem de Moussa. Un livre où il est question de football et, notamment, des Verts de Saint-Étienne, mais surtout d’Afrique.
S’il habite aujourd’hui Villeurbanne, Jean-Paul Savart a vécu toute sa jeunesse, et celle de ses enfants, à Mâcon, une ville où il a encore beaucoup d’amis. Il adhère d’ailleurs à l’association Lamartine aujourd’hui. Rencontre.
Pourquoi vous êtes-vous lancé dans le roman ?
Jean-Paul Savart : « C’est le plaisir de l’écriture. Le journalisme c’est la rigueur, c’est la vérité exhaustive et désintéressée. Désormais je peux me laisser aller même si c’est un livre très documenté, très journalistique. Mais dans le roman, je fais passer des idées qui me sont propres. Avant la retraite, je n’avais pas le temps d’écrire même si j’avais fait un livre sur le FC Gueugnon. »
Quel est votre rapport à l’Afrique ?
JPS : « J’ai beaucoup voyagé durant ma carrière et j’ai rencontré l’Afrique il y a 30 ans. J’ai créé Reporters solidaires une association qui existe encore et qui est présidée par Christine Cognat. On forme, on aide, on rencontre nos confrères africains. J’ai beaucoup arpenté le Sahel : la Guinée, le Mali, le Burkina Faso… Et j’ai vu l’évolution du Sahel. Depuis 2014, c’est l’horreur, c’est une catastrophe qui ne fait pas la Une des médias, c’est un conflit ignoré qui fait pourtant beaucoup de déplacés internes. Ce pays, le Burkina-Faso, avait toujours été pauvre mais jamais misérable, les gens étaient heureux, il y avait des sourires. L’avenir du monde se joue aussi là-bas. Les Chinois et les Russes ont pris position, la France s’est trompée. »
Pourquoi le football sert-il de décor à cette histoire ?
JPS : « Le foot, c’est une passion mondiale et une passion africaine. Il faut voir l’engouement pour la coupe d’Afrique des nations ! L’ASSE au Burkina-Faso soutenait de longue date un institut de formation du foot Africain. Je suis proche de Roland Romeyer(1) et Gérard Fernandez(2) qui apparait dans le livre. J’ai mis du foot pour raconter l’horreur. Et il y a bien sûr un clin au parcours de Salif Keita(3) mais les héros sont fictifs. »
Pouvez-vous faire le pitch de cet ouvrage ?
JPS : « C’est un roman d’errance de deux gamins prodiges du foot dans un pays à feu et à sang à cause de la folie des hommes et du climat. C’est le Burkina-Faso d’aujourd’hui. Je décris le pays, c’est une promenade au milieu de l’horreur mais aussi de la beauté du pays. Je me suis basé sur des faits réels vécus et sur des témoignages. Pour finir ce livre, j’y suis retourné. Je suis allé rencontrer les déplacés, j’ai bivouaqué dans la brousse. J’ai fait lire mon manuscrit à Honorine, une sage-femme de là-bas, avant de le publier car je voulais être sûr d’être juste. Elle m’a répondu : vous avez non seulement le droit mais surtout le devoir de le publier pour raconter ce qui se passe ici. »
Avez-vous d’autres projets ?
JPS : « Je prépare un roman sur Lamartine, une épopée sur sa vie. Je me suis baladé à vélo là où lui se baladait à cheval. C’est un personnage que l’on a raillé, oublié, alors que sa pensée politique est très contemporaine. Il était en avance sur son temps. Il y a d’ailleurs des clins d’œil à Lamartine dans mes deux premiers romans. »
(1) : Président de l’ASSE de 2004 à 2024
(2) : Formateur à l’ASSE
(3) : Footballeur malien surnommé la panthère noire ayant évolué à l’ASSE (1967-72). C’est l’une de premières stars mondiales issue du continent africain.
Propos recueillis par David Bessenay
Le Totem de Moussa. 256 p. Éditions du Poutan. 2024.
Prix : 19 €