Le chorégraphe et metteur en scène Étienne Rochefort a débuté la danse dans l’univers du hip-hop avant de développer son propre langage et de s’orienter vers d’autres territoires artistiques liés aux nouvelles technologies.
Ce touche à tout au parcours artistique autodidacte et éclectique s'est forgé d’influences et d’expériences diverses comme les arts graphiques, le cirque, la magie, le cinéma, la musique rock, la danse et même le skateboard.
L'ex DJ, une autre de ses passions, a créé sa compagnie 1 des Si à Besançon en 2008.
« C'est en 2014, que la Cie va décoller professionnellement avec un travail d'introspection, un solo de recherches sur l'esthétique », confie-t-il.
De la scène locale, il travaille avec des scènes nationales et aborde le volet transmission pédagogique.
En 2021, il cerne son propos sur les danses urbaines et du monde et crée Bugging avec 10 danseurs. Une production originale dans lequel il introduit deux axes de travail : le spectacle vivant et le cinéma.
Étienne Rochefort est actuellement en résidence pendant deux semaines au Théâtre de Mâcon avec son équipe pour travailler sur un nouveau projet : Fata Morgana.
La Fata Morgana est une succession de mirages observés aux abords d'une étendue d'eau. Elle consiste en l’apparition à l'horizon d’une zone horizontale de rectangles juxtaposés, diversement éclairés et diversement colorés formés par l’étirement en hauteur d’une ligne sans épaisseur; cette zone se déplace lentement et latéralement. Cette illusion d'optique est causée par une inversion de température dans l'atmosphère.
C'est aussi le nom italien de la fée Morgane.
Pourquoi ce projet ?
« Je suis issu d’une génération pour laquelle l’image a fait office d’information. J’ai été habitué, conditionné, à ce que l’image illustre des faits ou des événements censés être une réalité à travers le monde.
Ce n'est plus ça maintenant. Internet a démultiplié l’information et la communication est devenue infinie. Les fakes news sont devenus virales. La désinformation est devenue une arme et les intelligences artificielles ont rendu accessible à chacun le trucage des images, qu’elles soient fixes ou animées (vidéos, films…) »
Étienne a créé un scénario, mixé l'information et l'image et comme point de départ, il s'interroge sur ce qui est réel et irréel. Le fil conducteur étant la Fata Morgana.
L'artiste collabore avec deux vidéastes, un compositeur en live, Mondkopf, celui de Bugging.
Ses axes de travail
Trois composantes intrinsèquement reliées constituent l’architecture de ce projet : le corps, la vidéo ainsi que l’interactivité avec le public
Danse
Il s’agit d’une pièce pour deux interprètes féminines. Megan Deprez et Marine Wronisowski. Le travail du corps consiste à pousser la rigueur du mouvement jusqu’à se rapprocher de l’hallucination visuelle. Défier la réalité. Des exercices dont ces deux interprètes ont les codes. Provenant des danses urbaines, et notamment du popping et de l’animation, Megan et Marine ont les armes nécessaires à l’élaboration d’un tel travail chorégraphique.
Synchronisation du mouvement, désynchronisation, décalages, écho…, arrêt sur image, autant de procédés jouant avec nos habitudes visuelles liées à l’image.
Vidéo
Fort de ses expériences précédentes avec les deux réalisateurs Grégoire Couvert et Grégoire Orio, et au vu de la thématique, il était indispensable de travailler avec la vidéo sur 2 plans.
Environnement extérieur
Il s’agit ici de créer un environnement cinématographique autour de la pièce, diffusé en particulier sur les réseaux sociaux, afin de sensibiliser et aller chercher le public.
Environnement intérieur
« Plus qu’un supplément nous permettant de poser des ambiances scénographiques, l’expérience vidéo nous permet de jouer avec les deux corps présents sur scène et repousser encore les limites de la perception visuelle et de son interprétation. »
Participation
L’interaction avec le public devient récurrente dans son travail et il souhaite l’intégrer dans le processus créatif.
Sur chacune de ses représentations il propose un travail filmé avec un groupe de participants en amont de la pièce. Ce travail, anticipé dans le processus d’écriture, sera intégré au plateau lors de la représentation.
Et le chorégraphe conclut sur ces mots : « Il y a un côté mystique à l'histoire, c'est un spectacle très hypnotique où le spectateur ne sait plus vraiment ce qui est réel et ne l'est pas ; c'est un jeu entre réalité et fiction. »
Sa création singulière, très esthétique qui se veut une sorte de voyage initiatique promet de nombreuses surprises !
Étienne présente sa sortie de résidence mercredi 18 décembre à 19h au Théâtre de Mâcon.
Maryse Amélineau
Photos © Maryse Amélineau
Marine et Morgan (de g à d)