5 artistes exposent leurs Nuances au Théâtre
La directrice du Théâtre, scène nationale de Mâcon Virginie Lonchamp a accueilli samedi en fin d'après-midi, Magalie Meunier, commissaire d'exposition associée et trois artistes pour l'entrée officielle de Nuances #1 et Nuances #2, une exposition surprenante et singulière d'oeuvres de cinq artistes.
Le programme Cura, une saison d'arts visuels dans les scènes nationales, initié par le ministère de la culture vise à étendre le travail des artistes et des commissaires d'exposition au delà des réseaux traditionnels qui leurs sont dédiés.
« Cura entre en résonance avec le projet artistique que nous portons, continuer à tisser des liens avec La Fabrique de la relation et soutenir la création artistique », a indiqué Virginie Lonchamp avant de préciser « qu'avec Cura au théâtre, on ne parle pas de vernissage mais simplement d'entrées et sorties, comme un spectacle entre scène et coulisses, en lien avec les événements de la saison. »
Magalie Meunier est engagée depuis une quinzaine d'années auprès d'artistes du champ de l'art contemporain, suscitant des échanges et promouvant la compréhension de l'art contemporain par l'expérience.
Elle explique comment Nuances vient s'inscrire dans la saison du Théâtre :
« Avec Nuances, je propose un cycle dans lequel les créations dialoguent entre elles, avec l'architecture et créent du lien entre public et artistes. Fabriquer ces relations permet de penser le projet dans une vraie proximité ».
Pour elle, le titre Nuances est apparu comme une évidence. Évocateur d'une multiplicité de sens, les nuances explorent des éléments de manière plurielle et diversifiée. Le thème évoque aussi la question de l'entre-deux. Les œuvres peuvent être perçues de différentes façons. En réaction à l'injonction de se positionner sans cesse, il est question ici d'adopter une posture plus sensible, plus intime, plus intérieure.
Nuances #1
Nuances #1 présentent deux œuvres visibles jusqu'au 24 mai : Timeline d'Élise Legal, artiste plasticienne et autrice et Chiaroscuro de Guillaume Perez, artiste peintre.
Timeline implique un mouvement du corps. Élise Legal a créé un rideau de 30 mètres de long, exposé dans l’espace cabaret. Sa démarche artistique se focalise sur ce qui fonde et déroute une écriture. Les dessins abstraits qu’elle réalise au pastel gras évoquent des écritures manuelles, des lettres indéchiffrables, des gestes primaires, autant de signes mystérieux et illisibles qui renvoient à l’idée d’une forme de création immédiate et gestuelle.
Guillaume Perez a imaginé un point de rencontre entre la peinture et le Théâtre.
Il a conçu une oeuvre intégrée aux pans de scène, côté cour et jardin, constituée de 84 panneaux recto-verso peints exposés sur les murs du Grand Théâtre, telle une vague de couleurs qui évoluera durant toute la saison.
Dans sa pratique artistique, le rapport à l’espace et au contexte revêt une importance cruciale. Son processus créatif se développe à partir d’expérimentations menées en atelier avec des matériaux simples, souvent glanés et récupérés. Son intérêt pour l’espace se manifeste de manière double : l’influence de l’environnement extérieur sur les matériaux utilisés, et la manière dont l’espace de travail intérieur conditionne leur transformation et leur accrochage.
Nuances #2
Trois nouveaux artistes ont rejoint Nuances : Andréa Spartà, Bruno Silva et Ismaïl Bahri pour exposer leurs œuvres dans les différents espaces du Théâtre du 5 octobre au 6 décembre.
Le film revers d'Ismaïl Bahri présenté à l'entrée du Théâtre introduit le projet global de Nuances. À l'image, un homme froisse et défroisse une page de magazine, l'image brillante du papier glacé devient au fur et à mesure un vieux chiffon gris. Nous devenons témoins de la disparition de la couleur et donc de la destruction de l'image. Symboliquement, détruire l'image c'est détruire le monde qu'elle représente.
Andréa Spartà a proposé à l'espace Cabaret une installation de lampes anti-insectes en rideau reliées par un réseau de câbles, symbole du flux énergétique. Il a imaginé son installation comme un corps vibrant.
Au fond, collée discrètement au mur, une série de dessins créés par l'intelligence artificielle empreints des zones émotionnelles quand les masques tombent.
Dans la série Insomniacs, Bruno Silva présente pour Nuances, des images d’yeux ouverts prélevés d’objets du quotidien. Ils nous rappellent l’insomnie. Piégés dans une forme dont les plis dans les coins et l’ondulation de la surface suggèrent un coussin, un lit sur lequel nous luttons contre un sommeil qui ne vient jamais, les yeux sont entourés de motifs évoquant des paysages de rêve ou de cauchemar. Ses tableaux sont accrochés un peu partout aussi bien sous la scène, qu'à la régie, en passant par la salle des fresques ou encore à l'entrée du Grand Théâtre.
Maryse Amélineau
Photos © Maryse Amélineau
Magalie Meunier
Elise Legal
Andréa Spartà
Bruno Silva