Alors qu’il a lancé sa plateforme en mai 2024, Antoine Mentré espère désormais la voir faire son chemin
À la genèse du projet, une période désormais évocatrice pour tous : l’épidémie du Covid-19. Alors que les commerces locaux sont à l’arrêt forcé et peinent à adopter le système du click&collect faute d’armes adaptées, les files d’attentes des fast-foods s’allongent sans qu’on n’en aperçoive la fin.
C’est un déclic chez Antoine Mentré, qui voit naître dans son esprit l’idée d’une plateforme pour promouvoir le circuit-court par mini commission unique sans abonnement :
« Plus récemment, on peut rattacher Heustach à la grève des agriculteurs, qui dénoncent leurs ventes à perte causées par des intermédiaires qui récupèrent trop. On veut redistribuer les richesses aux vrais acteurs et soutenir les petits artisans face aux géants du commerce. »
Heustach, une plateforme engagée :
« J’aimerais que ça fonctionne, pas pour moi – même si c’est la finalité – mais simplement pour que ma volonté de départ réussisse : offrir une vitrine aux commerçants pour les aider à développer le circuit-court ». Le terme vitrine, Antoine y tient car l’objectif, c’est aussi de ramener les clients en boutique dans une ère où les centres-villes sont parfois désertés.
« Si ça marche assez pour m’assurer des revenus, tant mieux, mais si la plateforme s’autofinance sans que je n’en retire de profit, ça me conviendra aussi ». S’il se donne cette marge, c’est car Heustach n’est pas son activité principale et qu’il vit grâce à une autre activité professionnelle. Cela permet donc à la plateforme de ne demander que le minimum pour chaque commande, soit 25 centimes (pour les commandes en ligne uniquement, car si la commande est payée en présentiel, Heustach ne récupèrera rien). Le fonctionnement sans abonnement permet aux commerçants de s’engager sans risquer de pertes : les commerces sans commandes ne payeront rien : « je ne cherche pas à piller les commerçants, car je n’ai aucune obligation de rentabilité » explique-t-il.
Heustach est co-gérée par Antoine Mentré et Virginie Jordan de C (son épouse) qui gère la comptabilité et les finances de l’organisme. Le couple peut s’appuyer sur un réseau de 7 personnes free-lance avec qui collaborer sur différents aspects (notamment la créativité) pour le développement de « l’identité Heustach ».
Créée en mai 2024, l’initiative doit désormais se faire connaître et attirer les commerçants vers son site internet : après une période calme cet été, la rentrée sonne comme le véritable envol de Heustach avec un démarchage auprès des acteurs du mâconnais : si les accords sont pour l’instant principalement oraux, Antoine est heureux de l’accueil que lui font les commerçants. Ancrée localement, la plateforme a l’avantage de ne pas être limitée géographiquement du fait de son hébergement en ligne : « si des commerces de Lille sont intéressés, on ne dira jamais non ! ».
Quant au nom original, Antoine Mentré nous l’explique : « Eustach, c'est un vieux prénom. Hubert, pour moi, c'est un vieux prénom aussi : du coup, comme Uber, j'ai retiré la dernière lettre pour montrer qu'on pouvait faire la même chose, et ensuite j'ai fait l'inverse, j'ai rajouté un H à mon vieux prénom ! ». Comme un clin d’œil ironique à un système qu’il cherche à court-circuiter…
Visitez la plateforme Heustach
Marion Pinaroli