De l'information, des synergies et des partenariats, tels sont les objectifs des journées Entreprises Défense tenues avec la CCI, l'Armée et la préfecture. La seconde se tenait cet après-midi à la Chambre de commerce et d'industrie.
Elle a débuté par l’intervention du directeur adjoint de la Banque de France Bryan Hoarau pour faire état de la situation économique en Bourgogne-Franche-Comté. Situation qui ne va pas en s’améliorant même si certains indicateurs présentés inclinent à l’optimisme. Le nombre de défaillances d’entreprise augmente, dans tous les secteurs. Il a doublé depuis fin 2021. On passe les 2 000 défaillances en juin 2024 quand elles étaient moins de 2000 en 2019, année pré-covid. Le remboursement des PGE semble peser lourd, tout comme l’inflation. Or, c’est une des données qui incline à l’optimisme : la période est déflationniste.
Nombre de défaillances en Bourgogne-Franche-Comté, tous secteurs, en cumul annuel, en juillet 2024 - variation en % du nombre de défaillances depuis 2019 :
Saône-et-Loire : 452 soit +14% ; Côte d'Or : 464 soit +28 % ; Yonne : 318 soit +9% ; Nièvre : 141 soit +6% ; Haute-Saône : 153 soit +17% ; Jura : 202 soit +18% ; Doubs : 380 +10% ; Territoire de Belfort : 122 soit +10%
Par ailleurs, le directeur adjoint a souligné le fait que l’investissement des entreprises s’est maintenu en 2023, avec un financement couvert en grande partie par autofinancement. Il faut distinguer néanmoins les ETI et moyennes entreprises, qui ont augmenté leurs investissements, les petites entreprises, pour lesquelles les investissements sont stables, et les TPE, pour lesquelles ils sont en baisse. « Près des 2/3 des entreprises de la région n’anticipent pas des dégradation de leur rentabilité en 2024, un quart d’entre elles prévoyant même une amélioration. La situation est plus préoccupante dans le secteur des services aux entreprises, avec 42 % de risque de baisse de rentabilité. On est plus optimistes dans l’industrie avec 31 % de risque. »
Il faut noter-là que les entreprises de services dégagent les marges les plus élevées.
Le coût du crédit a fait mal en 2023, avec des charges d’intérêts qui ont absorbé 0,75 % du chiffre d’affaires contre 0,42 % en 2022. Pour l’industrie, la charge d’intérêt a bondi à 12,4 % de l’excédent brut d’exploitation. Elle était à 6,9 % l’année précédente. Le pire est pour le secteur du commerce qui a vu la charge quasi tripler, passant de 4,6 à 11,7.
Côté Défense, le lieutenant-colonel Ronan Cottin, délégué militaire départemental, a rappelé l’intérêt de cette journée : « Il est nécessaire de se serrer les coudes. Le but de cette journée est précisément cela, en établissant une communauté de Défense. La Saône-et-Loire n’est pas un désert militaire, c’est une chance. Nous avons même un CIRFA qui a été reconnu comme CIRFA d’excellence grâce à ses bons chiffres de recrutement. Cet après-midi sert aussi à apporter de l’information économique et militaires, apporter de la lisibilité et créer des synergies. » Bref, en langage entrepreneurial, résauter à l’échelle départementale.
Le lieutenant-colonel a ensuite évoqué les partenariats possibles entre les entreprises le ministère des Armées, ainsi que la possibilité d’être citoyen réserviste, avant de terminer par un focus sur la guerre en Ukraine : « C’est un conflit d’attrition (NDL : guerre d’usure) » a-t’il dit, « avec des pertes considérables », « un conflit industriel et une remise en cause du tout techno » pour conclure sur une perspective : « à terme, une victoire militaire russe dont l’échéance dépend de facteurs externes (autres conflits dans le monde, élections US). »
Un éclairage qui détonne du discours politique qui a été tenu depuis le début du conflit. On se souviendra des propos du « brillant » ministre de l’économie Bruno Lemaire qui voulait « provoquer l’effondrement de l’économie russe » ainsi que ceux de la ministre Pagnier-Runacher, toujours en poste !… « Nous souhaitons la défaite de la Russie (…) ». Force est de constater que leur volonté a fait long feu... La France y a laissé des plumes* pour un résultat qui se dessine à l’inverse. Se préparer d’accord, mais intelligemment, autrement dit sans aveuglement idéologique. Deux références à soumettre pour sortir des sentiers battus : Marc Touati pour l’analyse économique, Caroline Galactéros et sa chaîne Paix et guerre pour l’analyse géopolitique.
Rodolphe Bretin
*« Au bilan, la France a livré pour une valeur totale de 3,035 milliards d’euros d’équipements militaires à l’Ukraine, auxquels viennent s’ajouter 2,1 milliards d’euros versés à la Facilité Européenne pour la Paix (FEP), soit un soutien militaire de plus de 5,135 milliards d’euros entre le 24 février 2022 et le 1er mai 2024. » defense.gouv.fr
Pascal Leyes, directeur de la CCI, a introduit l'après-midi
Bryan Hoareau, directeur adjoint de la Banque de France
Eric Padieu, délégué de la direction généralement de l'armement, a expliqué son rôle d'aide à la BITD (base industrielle et technologique de défense)
Une vingtaine de structures étaient présentes
Lieutenant-colonel Ronan Cottin, délégué militaire départemental