Samedi 8 mars, journée internationale des droits des femmes, nous sommes allés à la rencontre des vigneronnes, de plus en plus nombreuses.
Il fut un temps où le monde du vin était considéré comme un monde d’hommes. A tort car si elles étaient plus discrètes qu’aujourd’hui, plutôt dans l’ombre, elles ont toujours été essentielles au fonctionnement d’un domaine. Aujourd’hui, elles sont nombreuses à se lancer, seules parfois ou en famille et fières de s’afficher et de faire déguster leurs cuvées comme ce week-end à Charnay.
Nous avons rencontré Céline Jacquet, vigneronne en Savoie. « Je me suis installée sur 4 ha en 2011. Ce n’est pas facile car les vins de Savoie n’ont pas toujours eu bonne réputation même si l’image s’améliore ». Son mari est également vigneron mais sur une autre exploitation. Chacun ses raisins, chacun son business. « Bien sûr, il a fallu faire mes preuves au départ, d’autant que je ne suis pas Savoyarde. Mais je constate qu’il y a de plus en plus de femmes dans le métier, il y a même des salons qui nous sommes réservés ».
Si Céline participe au salon de Charnay pour la 1ère fois, la famille Robin de Chablis, elle, n’a pas raté une seule édition. « Lors de la toute première, j’étais enceinte de Michèle » sourit Béatrice la maman. Et aujourd’hui Michèle sert à ses côtés, en attendant l’arrivée de la petite sœur, Camille sur le domaine. Et cela ravit la maman. « Les femmes apportent une autre vision du vin. Bien entendu c’est un métier difficile, il faut y mettre beaucoup de passion. Il faut qu’elles sachent tout faire : conduire un tracteur, vinifier, vendre… Je n’ai pas peur, mes filles ont été bien formées et on va leur laisser une belle exploitation. »
Nouvel arrêt cette fois au domaine des buttes au pays de la clairette de Die. Claire Pélissier travaille avec son mari Stéphane Pascal. Elle raconte les secrets de la méthode traditionnelle avec passion. « Je suis née dans la clairette ! Avec mon père nous avons repris ce domaine en 2016 et mon conjoint m’a rejoint. » Elle se félicite de l’évolution des mœurs dans le monde du vin et de la reconnaissance grandissante à laquelle ont accès les vigneronnes, même si elle constate que ce sont généralement les vigneronnes qui prennent leur mercredi pour s’occuper des enfants plutôt que les papas vignerons ! Elle apprécie particulièrement ce salon où la clientèle est très fidèle et l’organisation bien huilée.
Plus loin, Evelyne Sirejol (domaine de Cauquelle, coteaux du Quercy) approche de la retraite, alors elle a connu au début de sa carrière des temps plus difficiles. « Il fallait avoir beaucoup de caractère pour se faire sa place dans le monde vin à l'époque ! Quand je suis rentrée au syndicat, j’étais la seule femme » Aujourd’hui, elle est heureuse de voir sa fille et son fils reprendre le flambeau du domaine familial, même si la conjoncture n’est pas des plus simples.
Au stand d’à côté, Céline Cabanel a créé son domaine (Schisterelle) en 1999 sur des terres familiales de l’appellation Faugères, où elle a été rejoint depuis par sa fille Laure. « Au départ j’étais adhérente à la coopérative et avec les coopérateurs, ce n’était pas toujours simple» se souvient-elle. Mais la société évolue et elle constate qu’il y a de plus en plus de femmes dans les organisations professionnelles. Elle se félicite d’être à ce salon pour la 5ème fois, où elle se sent « chouchoutée par les organisateurs ».
Et cette représentation féminine plait aux organisateurs à l’image du trésorier, Christian Blouzard : « J’aime beaucoup les vins de vigneronnes, je les trouve plus précis ». Dans l’association organisatrice coprésidée par Gilles Roggia et Philippe Goineau, il n’y a pas moins de 50 % de femmes. Et si c’était cela la clef du succès du salon ?
Le salon se poursuit dimanche de 10 à 18 heures à l'Espace Verchère.
DB
Claire Pelissier, Domaine des Muttes à Aurel
Michèle Robin, Domaine Robin à Chichée
Nadège Sirejol, Domaine de Cauquelle à St-Paul-Flaugnac
Céline Cabanel, Domaine Schsiterelle à Laurens
Alice et son mari Riccardo, les vignerons italiens de Castagnole Delle Lanze sont les invités d'honneur de ce salon.
« Ils boivent le rouge et nous le blanc », s’amusent ces consommatrices venues de Mâcon et de l’Ain. « Non, en vrai, on aime aussi le rouge. On apprécie les vins de Côte d’or, de la côte chalonnaise et du mâconnais bien sûr, notamment le viré-clessé »
Félicie est employée dans le domaine Tupinier Bautista depuis un an, "et tout se passe bien. Je suis chargée de administratif, du commerce, de l’accueil des clients à la cave. Je n’ai jamais eu à subir des réflexions sexistes, les mentalités ont évolué ». A 23 ans elle n’est pas dépaysée dans ce milieu, « mon oncle est vigneron du côté de Maranges, je baigne dedans. »
Des bénévoles au top !