Salle comble au Vieux Temple
La présidente de l'association Actem Marie-Christine Bouly avait invité samedi soir à la salle du Vieux Temple la Cie Petit Chêne Théâtre de Cluny. Fondée en 1991 sous l’impulsion de Hebe Lorenzo, directrice artistique et metteuse en scène, la Cie a joué hier soir une pièce de Daniel Soulier intitulée « Après l'amour ».
Mise en scène par Hebe Lorenzo, cette comédie à l'humour corrosif à la fois drôle, touchante et philosophique interprétée par un talentueux duo d'acteurs épatants avec Nadine Lamotte Giordano (alias Jeanne) et Michel Jacquinot dans le rôle de Henri est une réflexion sur le sens de la vie.
« On a commencé le travail il y a 2 ans, la pièce a déjà été jouée plusieurs fois et le 30 novembre, on fait la dernière au Petit Chêne Théâtre », a indiqué Hebe Lorenzo. « La pièce tourne bien depuis 2 ans. Après l'amour, que reste-t-il après l'amour ? C'est une pièce magnifique très bien écrite dans les années 80 par Daniel Soulier, lui même acteur. Elle se déroule en deux parties. Pour moi, c'est un hymne à la vie. Quand tu sors de la pièce, tu te dis qu'est-ce que j'ai perdu comme temps dans ma vie à me faire des soucis pour rien. Il faut vivre aujourd'hui et maintenant, là tout de suite. C'est le message de la pièce. Si on pouvait récupérer toutes les petites étincelles qui font la vie, ce pourrait être tellement chouette ! Mais on ne le fait pas et pour eux c'est trop tard. On a repris la pièce presque telle qu'elle on a juste enlevé une page. Ce sont les comédiens qui l'ont choisie comme je l'ai beaucoup aimée, j'ai accepté de réaliser la mise en scène. Actuellement, ils ont commencé une autre pièce L'autorisation qui se passe en Russie. »
À l'issue de la 13ème représentation, les personnages de Jeanne et Henri ont accepté, pour Macon-infos, de revenir sur la pièce et leur rôle respectif.
« On aime beaucoup cette pièce chaque fois qu'on la joue ; on se sent bien dans nos personnages et malgré le côté très acariâtre de mon personnage, pas facile mais je l'aime bien ma Jeanne, parce que je sais tout ce qu'elle a souffert, je connais son histoire, c'est vraiment du plaisir de jouer ma Jeanne », a expliqué Nadine. « La 2ème partie nous donne un peu une leçon sur les petits plaisirs de la vie. Ce sont des répliques du quotidien qui restent dans la vie. Très souvent comme çà, il nous vient avec Michel à n'importe quel moment une réplique qui ressort. »
Et Michel de poursuivre : « Le personnage d'Henri est assez ambigu, il subit mais il est assez heureux de vivre. Il fait ce qu'il a envie mais quand il est mort, il se rend compte qu'il est passé à côté de sa vie. Il a eu l'impression de bien vivre, d'être un militant, de profiter de la camaraderie, de ses idéaux, de ses valeurs. C'est une révélation tardive et un peu douloureuse. C'est vraiment agréable d'avoir ces 2 temps qui sont très différents. Pour elle, c'est pareil, le temps avant la mort et après la mort. Je trouve que c'est une pièce vraiment très bien construite. »
« La 1ère partie est nécessaire pour bien voir la différence entre les 2 temps », a ajouté Nadine. « La 2ème partie arrive au bon moment quand justement on n'en peut plus de la 1ère partie. Cette femme insupportable acariâtre qui cache toutes ses émotions, qui s'est verrouillée complètement de l'intérieur. Et quand elle se dévoile en disant : mais de la tendresse j'en ai eue, je trouve ça très émouvant. Je ressens vraiment quelque chose de très fort parce que je me dis c'est vrai que certainement elle avait cette tendresse en elle mais elle l'a verrouillée parce que On ne lui a pas appris à dépenser. Comme elle est très malheureuse elle se venge sur son homme qui est responsable de tout. Elle est passé à côté de tout par économie. »
Et les deux acteurs ont conclu sur ces mots : « La salle était silencieuse, c'est plus facile pour entrer dans nos personnages. On aime bien quand on donne beaucoup aux gens. On a passé une très bonne soirée, j'espère que le public aussi. »
Maryse Amélineau
Photos © Maryse Amélineau