Les élèves ont accueilli Galus, Djibril, Anette, Anouk, Nicolas… dans le cadre de la semaine « Sans Frontières » de solidarité, organisée du 25 novembre au 2 décembre par Karine Boullay. Ils ont eu la chance de vivre plusieurs rencontres fortes et édifiantes.
Lundi : celle avec deux exilés parfaitement intégrés socialement et dans le monde du travail. L'un du Cameroun, l'autre du Mali. Et vendredi pour clôturer une semaine riche : celle avec des bénévoles de SOS Méditerranée.
Tout d'abord, Galus et Djibril, deux témoins et acteurs de l'exil, sont venus raconter leur parcours. Galus avait 15 ans en 2016 lorsque la secte terroriste Boko Haram kidnappe ses deux parents. Cet événement l'oblige à quitter son pays et à parcourir seul une partie de l'Afrique centrale pour rejoindre la Libye afin de tenter la traversée de la mer pour trouver refuge en Europe. 15 ans, c'est l'âge d'un élève de Seconde
Ce périple est dangereux, insensé, truffé de violences. Il connaît les guets apens, les gardes à vue, les corruptions policières, les rançons de milices pour sortir de prison, la faim, la soif, l'effroi. Il assiste à trois meurtres gratuits de migrants comme lui, mais il sait que les meurtriers ne seront jamais inquiétés. Car il fait la cynique expérience que, dans certains pays, « La vie d'un migrant noir n'a pas de valeur ». L'exil, c'est le malheur et la barbarie tout au long du chemin. La peur. L'impression d'être perdu, sans repères dans des pays dont on ne parle pas la langue. A quel passeur faire confiance ? Quel chemin choisir ? Galus dit plusieurs fois cette « impression d'être dans un mauvais film » tellement les événements sont sidérants. Le voyage dure ainsi plusieurs mois. Et pourtant c'est sa résilience qui nous marque à l'écoute de son témoignage, sa dignité et son amour de la France à qui il rend un hommage vibrant.
Galus a été secouru en mer par l'Ocean Viking, le navire qui sillonne les eaux internationales sur la route maritime la plus meurtrière du monde, celle de Libye-Italie. Alors qu'il dérive avec 110-120 personnes sur un Zodiac de fortune censé n'en accueillir que 35 personnes, c'est l’association SOS Méditerranée qui met fin à l'effroi et aux larmes de désespoir le 5 avril 2016. Jour mémorable pour Galus.
Ce témoignage entendu lundi va se prolonger vendredi par celui d'Annette, Anouk et Nicolas, les bénévoles de SOS Méditerranée qui ont expliqué le rôle de l'association. Elle est créée en 2015 car il faut savoir qu'il n'y a plus de secours organisés en mer par les Etats d'Europe depuis 2014. Il faut pourtant bien que les Droits des humains soient préservés ?
En décrivant les situations et les actions menées par l'organisme financé à 92 % par des fonds privés, ils font tomber des préjugés sur la migration, le profil des migrants victimes du terrorisme, du dérèglement climatique dont l'Occident est bien responsable, des guerres, de la misère... Nombreux sont les morts : on estime à plus de 40 000 les noyades depuis 2014.
« Quand tu tends une main, c'est comme donner une seconde chance à un être humain »
Les élèves ont posé des questions très pertinentes qui poussent la curiosité et la réflexion. Ainsi à la question : pourquoi avez-vous intégré l'association, Anouk a répondu qu'il s'est agi pour elle d'un besoin en lien avec ce qu'elle entendait à la radio et d'une volonté de s'engager pour porter une cause, pour participer à sauver. Et son message important à retenir pour les lycéens, futurs citoyens a été de les encourager à s'informer, à en parler et à se méfier des fake news.
Galus et Djibril ont choisi la France. Ils ont tous deux rappelé aux élèves leur chance d'avoir accès à la sécurité, à l'école gratuite, à l'assurance maladie pour tous et la rareté d'un pays qui respecte les Droits humains.
Comme le dit un sauveteur de l'Ocean Viking, « quand tu tends une main, c'est comme donner une seconde chance à un être humain. » Galus et Djibril ont eu cette seconde chance et travaillent tous les deux. Galus est également bénévole au Secours Populaire, une façon de rendre ce qui lui a été donné quand il était dans l'extrême détresse. A son tour, il tend une main.
Ces rencontres au lycée nous rappellent l'essentiel, nous rendent vivants et renforcent le sentiment d'appartenance à la grande famille de l'humanité.
Muriel Bonnard