Le préfet de Saône-et-Loire Yves Séguy, accompagné de la secrétaire générale Agnès Chavanon, avait rendez-vous à l'association Le Pont ce 23 décembre en fin d'après-midi. Bien plus qu'une simple visite de courtoisie en ces premiers jours de l'hiver, le préfet et la sous-préfète sont partis en maraude avec le président de l'association Jean-Amédée Lathoud.
Avant cela néanmoins, information générale sur les sans-abris à Mâcon et la mission du Pont par l'équipe de direction : « Alors qu'une trentaine de personnes dormaient dans la rue il y a un an, elles sont aujourd'hui entre 20 et 25. Pas d'enfant à la rue et moins de squattes qu'avant. » « Notre mission première » a complété le chef de service asile, « c'est de garder le lien avec les grands marginaux et répondre aux besoins primaires. »
Le Pont peut compter sur 18 bénévoles pour les maraudes, qui sont faites 5 fois par semaine, les deux autres jours étant assurés par la Croix rouge. Une infirmière participe à une maraude par semaine pour s'assurer de la bonne santé des personnes sans-abris.
Président, équipe de direction et préfet ont évoqué la politique du Logement d'abord (qui permet de réduire le nombre de personnes sans domicile et prévenir les ruptures dans les parcours de vie qui mènent à la rue, qui permet aussi un accès sans délai au logement sans passer obligatoirement par les structures d’hébergement) et de la professionnalisation de l'aide d'urgence, à savoir la prise en charge de la grande précarité par les structures spécialisées, « qui n'exclut pas et ne réduit absolument pas l'importance de l'action des bénévoles » a bien souligné le préfet, rejoint en cela par le président Jean-Amédée Lathoud et par la direction. « Sans les bénévoles, nous ne pourrions pas faire ce que nous faisons. La professionnalisation nous permet simplement d'avoir des moyens et d'assurer un suivi des personnes en grande précarité. » Rappelons qu'une maraude se fait à trois avec un professionnel et deux bénévoles ou deux professionnels et un bénévole.
À l'échelle du département, 660 places en hébergement d'urgence sont occupées. 10 places supplémentaires sont ouvertes cet hiver, notamment dans le cas de l'activation du plan grand froid. « Il y a de l'attente bien sûr » concédait le président. « Notre département a ses réalités sociales et sociétales. Il est assez souvent épargné par les caprices du froid. Ceci étant dit, les choses restent difficiles, car derrière tout cela, il y a des dispositifs, et dans ces dispositifs, il y a des ayant-droits. Quand ces ayant-droits ne rentrent plus dans les critères, ils ne peuvent plus être pris en charge. Il faut savoir que derrière ces dispositifs, il y a la contribution des contribuables, et cela se chiffre en millions d'euros. Ce que je vous dit-là n'est pas du tout un jugement de valeur, car dans la difficulté, chacun a droit à la plus grande attention. Ceci dit, ce sont des réalités que l'on ne peut pas ignorer. Dans l'absolu, ce n'est jamais satisfaisant. Mais il nous faut faire avec ces réalités, budgétaires notamment, en organisant une « fluidité » et en ajustant en fonction de ce que l'on voit et ce que l'on ressent. D'où l'importance de la proximité couplée avec un certain niveau d'exigence. »
Et le président Lathoud de conclure l'échange sur ces mots : « Nous ne sommes pas seulement des tauliers. Le travail social, c'est un savoir-faire. Pour autant, pas de SAMU social sans bénévole. Ils sont essentiels. Et tout le monde travaille en bon intelligence. »
Après 18h, tout le monde s'est dirigé vers les lieux où vivent les sans-abris, à commencer par la rue Carnot, pour apporter à manger et discuter quelques instants, maintenir le lien.
« C'est un public à apprivoiser » précise le chef de service Asile du Pont, « qui parfois vit la rue jusque dans l'appartement qui leur est proposé. Ils partent la journée faire la manche et ne rentrent que le soir.
Il y a un sans abris qui dormait rue Sigorgne à une époque, sous un porche en proximité d'une agence de voyage. Nous avons réussi à le sortir de là après 10 ans de rue. D'autres y retournent. Il y aussi les problèmes d'addiction et la santé, qui se dégrade vite. Ces gens sont en vieillesse précoce dès 50 ans. Leur espérance de vie est très basse. »
Rodolphe Bretin