L’emploi salarié des équipementiers de la filière régresse. Cela s’inscrit dans un contexte national de recul des immatriculations et du passage à l’électrique. Les détails des mesures de l'INSEE.
Communiqué
Dans la région, l’emploi intérimaire de la filière chute de plus de 20 %. Le recours à l’activité partielle s’amplifie. Les embauches reculent fortement et sont moins fréquentes en contrat à durée indéterminée.
L’activité recule dans un contexte de baisse structurelle des immatriculations et de passage à l’électrique
En Bourgogne-France-Comté, l’activité dans l’industrie automobile mesurée par les heures rémunérées recule de 8,7 % au cours du premier semestre 2024 par rapport à la même période de l’année précédente.
Ce constat s’inscrit dans un contexte national de baisse structurelle des immatriculations de véhicules particuliers. Sur les 11 premiers mois de l’année, elles reculent de près de 25 % par rapport à la période d’avant covid. Ainsi, la production et le climat des affaires dans l’industrie automobile se dégradent progressivement. Une majorité de chefs d’entreprises envisagent des évolutions d’effectifs à la baisse, même si les difficultés d’approvisionnement ne sont plus considérées comme un facteur limitant la production.
Sur la période récente, les anticipations des acteurs sont affectées par plusieurs mesures visant à limiter les émissions de CO2, tant du côté de la demande que de l’offre. Pour les consommateurs, le projet de loi de finance 2025, finalement abandonné fin octobre 2024, prévoyait un durcissement du malus lors de l’achat d’un véhicule.
Pour les constructeurs, l’évolution des normes CAFE (Corporate Average Fuel Economy) prévue pour 2025 imposera de vendre des véhicules moins émetteurs de CO2. Concrètement pour atteindre l’objectif fixé et ne pas s’exposer à des amendes, un constructeur devra vendre 20 % de véhicules électriques.
Les ventes actuelles de véhicules électriques sont en dessous de ces proportions. Le marché de l’automobile électrique est par ailleurs confronté à une concurrence chinoise de plus en plus importante.
Pour la limiter, la France et l’Union européenne ont mis en place des dispositifs (score environnemental pour le bonus écologique, droits de douanes complémentaires) pour protéger les constructeurs fabriquant sur le sol européen.
Sur un an, les effectifs salariés diminuent de près de 5 % chez les équipementiers
Fin juin 2024, un peu moins de 37 000 salariés travaillent dans l’un des 374 établissements de la filière automobile en Bourgogne- Franche-Comté. Sur un an, l’effectif salarié diminue légèrement. Les équipementiers sont les plus concernés par la baisse, à l’image de ce qui est observé en France métropolitaine.
L’emploi salarié diminue de 4,8 % dans la fabrication d’équipements automobiles, principal segment de la filière qui regroupe le tiers des effectifs.
À cet emploi salarié, s’ajoutent 5 150 emplois intérimaires, mais leur nombre a fortement diminué sur la période, en lien avec la baisse de l’activité. L’emploi intérimaire chute notamment de plus du quart dans la fabrication d’équipements automobiles ou de biens intermédiaires.
Dans la construction automobile, les effectifs régionaux augmentent, ponctuellement, entre le premier et le deuxième trimestre 2024. Cette évolution se retrouve au niveau national mais s’inscrit dans une tendance globalement baissière. Les effectifs salariés de ce secteur diminuent à nouveau au troisième trimestre, en France comme dans la région.
Un recours à l’activité partielle en forte hausse
Au cours du premier semestre 2024, près de 4 000 salariés ont en moyenne été placés au chômage partiel chaque mois, soit 25 % de plus qu’en 2023. Ce dispositif vise à protéger l’emploi en évitant les licenciements économiques et en adaptant les heures travaillées aux variations de l’activité des entreprises.
Au cours du semestre, les établissements de la fabrication d’équipements automobiles ont davantage eu recours à ce dispositif. S’ils regroupent le tiers de l’emploi salarié, ils ont bénéficié de 42 % des heures indemnisées, permettant d’atténuer la baisse d’effectif. Le chômage partiel a également été fortement sollicité dans la construction automobile, essentiellement au cours du premier trimestre avec la moitié des heures indemnisées, contre moins de 1 % sur le second trimestre.
Moins d’embauches et moins de contrats à durée indéterminée
Au cours du premier semestre 2024, les établissements de la filière ont embauché 1 900 salariés, soit près d’un quart en moins par rapport à 2023. À l'embauche, les salariés en contrat à durée indéterminée (CDI) sont légèrement moins nombreux en proportion (68 % contre 72 %). Toutefois, les conditions d’embauches restent plus favorables que dans les autres secteurs industriels où 53 % des embauches sont en CDI.
Dans la construction automobile, les deux tiers des embauches sont des CDI et leur part s’effondre de près de 20 points. Seuls 55 % des embauches dans la fabrication de biens intermédiaires sont en CDI.
Dans le même temps, 2 560 salariés ont quitté la filière automobile, soit 9,7 % de moins qu’en 2023. Si les départs sont au même niveau qu’en 2019, les motifs ont changé. La part des licenciements économiques est plus importante. Par ailleurs, 15 % des départs sont des mises à la retraite, 10 points de moins qu’en 2019, notamment en lien avec la réforme des retraites.
Florent Ovieve (Insee), Céline Rouot, Émilie Vivas (Direction régionale de l’économie, de l’emploi, du travail et des solidarités)