"Maintenons les zones expérimentales sans insecticides, enjeu de santé publique majeur" clame le syndicat.
Le communiqué de la Confédération paysanne
La Confédération paysanne 71 regrette et désapprouve la décision du Préfet de Région Bourgogne- Franche-Comté relative à la lutte contre la flavescence dorée qui menace le vignoble.
La décision préfectorale ne permettra plus aux vignerons des villages de Fuissé et Loché d'expérimenter une lutte alternative, sans insecticides. C'était le cas lors des deux dernières campagnes. Les ODG concernés avaient mis en place un protocole de lutte très précis basé sur l'élimination des pieds de vigne infectés. Seule la zone de Solutré est maintenue, pourquoi ?
La maladie de la flavescence dorée propagée par l'insecte la cicadelle est une véritable menace pour la vigne, et les vignerons, premiers concernés, en sont pleinement conscients. Certains sont aussi conscients des répercussions du choix systématique de la lutte insecticide sur leur santé, celle des riverains et de l'environnement dans sa globalité. C'est pour cela qu'ils souhaitent mettre en place des expérimentations précises de lutte alternatives.
Alors pourquoi interdire ces alternatives à des professionnels responsables et soucieux de l'impact de leurs pratiques ?
Nous pensons, confédérés 71, que ce choix préfectoral est inconséquent, tant dans son mépris des professionnels que dans son absence de prise en compte des considérations sanitaires et environnementales.
L'histoire le prouve dans le Bordelais où la maladie est toujours présente malgré des décennies de traitement insecticides. La lutte chimique ne fonctionne pas. La Bourgogne peut s'honorer de proposer des alternatives par l'identification de pieds malades, l'analyse et l'arrachage de ces pieds. Pourquoi ne pas intensifier ces alternatives ? L'insecticide ne doit être utilisé qu'en cas de dernier recours dans des vignes avec énormément de pieds atteints.
La cicadelle est là. Il nous faut vivre avec. Il est illusoire de vouloir l'éradiquer. Etant une maladie de quarantaine, donc gérer par l'Etat, il nous apparait de plus en plus difficile d'accepter des protocoles étatiques qui, sous prétexte de sauver une agriculture mercantile, met de côté la santé et l'environnement. Que dire aux usagers des chemins viticoles, aux écoles et maisons à proximité des vignes, que faire de notre responsabilité vis à vis de l'environnement ? Pourrait-on imaginer un jour que des personnes portent plainte contre l'Etat après avoir contracté des maladies issues de leur exposition aux insecticides ?
Aussi, nous demandons, confédérés 71, que les zones expérimentales sans insecticides soient maintenues à Fuissé et Loché et développées à tout le vignoble de Franche-Comté y compris le Beaujolais. Pour cela nous demandons l'aide de scientifiques pour la mise en place du protocole de lutte et de son contrôle.
Nous demandons à l'Etat que les prospections collectives (les identifications de pieds malades) soient mieux encadrées et que tout le personnel de la vigne soit formé à la reconnaissance des symptômes. Nous demandons à l'état de nous aider à rendre obligatoire et à contrôler l'arrachage des pieds contaminés.
Nous demandons plus de moyens pour l'analyse des pieds symptomatiques.
Nous demandons à l'Etat d'obliger les pépiniéristes français à faire un traitement à l'eau chaude pour les greffes de la vigne et que celui-ci se porte garant de sa bonne application.
L'avenir nous donnera raison, fini le temps des insecticides systématiques, la raison porte à réfléchir aux alternatives. Les études épidémiologiques le prouvent, les conduites phytosanitaires à outrance sont non seulement pas toujours efficaces mais assurément abiment et détériorent nos lieux de vie, voire les condamnent, et parfois tuent.
Une opportunité de lutte sans insecticides contre cette maladie nous est offerte, portée par la volonté de femmes et d'hommes du terroir formés et responsables.
La Confédération paysanne de Saône et Loire les soutient.