Le salon professionnel de l’approvisionnement local se tenait mercredi 9 avril à la salle des fêtes de Sennecé. Porté par le Département de Saône-et-Loire, il permet aux producteurs et aux acheteurs de se rencontrer pour accompagner la montée puissance de la plateforme Agrilocal.
Les initiatives pour développer la consommation de produits locaux sont légion et pas toujours couronnées de succès. Mais clairement, Agrilocal, ça marche ! « Quand on est arrivé en 2015, la proportion de produits locaux dans les cantines c’était zéro », rappelle Frédéric Brochot, vice-président du Département en charge de l’agriculture qui porte ce projet.
« On a adhéré à Agrilocal en 2017. On a commencé timidement à hauteur de 14 000 euros, aujourd’hui, on atteint presque le million d’euros de transaction réalisés via 4 500 commandes par 170 acheteurs pour 139 producteurs. » Et de préciser : « On ne prend aucun pourcentage au passage, tout va dans la poche des producteurs. »
Le Département a même décidé d’allouer une aide financière supplémentaire aux établissements pour que le prix du menu n’augmente pas (3,29 € !). Parce que le pouvoir d’achat, c’est important aussi.
Créé principalement pour approvisionner les collèges du territoire, Agrilocal peut fournir si besoin l’ensemble de la restauration collective : Lycées, Ehpad, crèches, cantines scolaires communales et depuis cette année, elle s’ouvre aux hébergeurs (gîtes, hôtels…)
Et désormais, les hébergeurs du territoire peuvent également passer commande. On retrouvera peut-être enfin des confitures et du beurre qui ont le bon goût du terroir dans les petits-déjeuners des hôteliers !
Un partenariat a même été établi avec la Poste pour assurer des distributions de produits frais bien protégés et dans des délais courts.
Le développement de cette filière d’approvisionnement local a le mérite aussi de faciliter l’installation de jeunes maraîchers, une production dont on manquait sur le territoire.
Émilie Touillon en fait partie, elle s’est installée avec son conjoint à Saint-Martin-Belle-Roche (jardins de Belles roches, légumes et petits fruits) en 2022. « Travailler avec Agrilocal nous a demandé de nous réorganiser un peu pour répondre à la demande, par exemple faire plus de pommes de terre et plus de tomates. On fournit cette année 5 à 6 collèges, principalement dans un rayon de 25/30 km pour que la livraison soit gérable. Aujourd’hui Agrilocal c’est 50 à 60 % de notre CA, avec des fluctuations saisonnières bien sûr puisqu’on ne livre pas les collèges en juillet et août. »
De leur côté, les cuisiniers et gestionnaires des établissements doivent aussi faire preuve de plus flexibilité pour être capables de changer des menus à la dernière minute selon les disponibilités des producteurs, parfois de leur rendre service en prenant des surplus imprévus.
Au collège de Saint-Germain-des-Bois, on nourrit quotidiennement 330 bouches. Le cuisinier Nicolas Huguenot et la secrétaire générale Hélène Boy assument leur stratégie de faire appel aux producteurs locaux, nombreux sur le secteur. « On a fait 283 contrats avec 56 fournisseurs pour un montant de 44 000 €. Bien sûr, c’est plus de travail mais c’est un plaisir de cuisiner des aliments qui ont du goût. La plateforme Agricolal facilite aussi la mise en concurrence. Viande, yaourts, au total presque deux tiers de nos produits passent par Agrilocal (NDLR : alors que la moyenne départementale est plutôt autour de 20 %). Je pense que les enfants ne se rendent pas compte de la chance qu’ils ont ! »
Bref une formule gagnante pour tout le monde estime Frédéric Brochot : mise en valeur des producteurs, plaisir de cuisiner pour les professionnels et éducation alimentaire des jeunes !
David Bessenay