Intervenant en conférence, le botaniste a défendu un changement de modèle d'agriculture
Communiqué
A l'invitation du Groupement des agrobiologistes de Saône-et-Loire, GABSeL, et en partenariat avec la Communauté de communes du Clunisois et la Ville de Cluny, Marc-André Selosse, botaniste et professeur au Muséum national d'Histoire naturelle, spécialiste des sols et des champignons mycorhiziens, donnait samedi 14 juin une conférence à Cluny, sur le thème « biodiversité, agriculture et santé ».
Etaient également présentes diverses associations locales : France Nature Environnement 71, Jardins d’avril, Ligue pour la protection des oiseaux, Terre de liens, Solidarité paysans de Bourgogne, ainsi que les gestionnaires du site Natura 2000, à la rencontre des participants.
Environ 150 personnes, dont plusieurs élus locaux, des agriculteurs, des habitants, se sont retrouvées pour écouter Marc-André Selosse sur ce sujet très riche et pour échanger avec lui. Le scientifique, sur un ton parfois légèrement provocateur mais avec beaucoup de rigueur, a abordé de très nombreux sujets d'actualité, comme par exemple la présence excessive dans notre alimentation de cadmium, présence liée à une utilisation intensive d'engrais phosphatés et à une réglementation trop permissive, et responsable de nombreux cancers, dont celui du pancréas. Aujourd'hui, la responsabilité de certains produits phytosanitaires est incontestable dans la recrudescence de nombreuses pathologies, chez les agriculteurs qui les utilisent, mais aussi chez les riverains et bien sûr chez les consommateurs qui ne bénéficient plus d'une alimentation sûre.
Appuyé sur de nombreuses études scientifiques et méta-analyses, Marc-André Selosse a défendu un changement de modèle agricole, qui ne soit plus sous la dépendance des pesticides de synthèse et qui propose une alimentation de qualité, saine, pour tous.
Ce modèle à redessiner ne constitue pas un retour en arrière. Bien au contraire, le scientifique affirme qu'il faut tout à la fois utiliser le meilleur du savoir-faire et de l'expérience passés et les progrès de la science et des techniques modernes.
Dans ce modèle, la biodiversité doit trouver toute sa place car elle recèle bien souvent des solutions. L'implantation de haies et d'arbres permet par exemple de réguler l'eau du sol, la température et les vents, de favoriser la présence d'auxiliaires (insectes, oiseaux, mammifères...), de limiter la propagation des maladies... De même, des rotations de cultures plus longues, des cultures mélangées, une diversité de semences dans un même champ sont des solutions éprouvées pour réguler naturellement les ravageurs et donc assurer de meilleurs rendements à meilleur coût et sans danger pour la santé. Une biodiversité importante est ainsi la condition d'une agriculture durable, nourricière et rentable.
Ce changement de modèle doit bien sûr être accompagné économiquement, pour que les agriculteurs s'équipent de matériels différents, pour que les consommateurs trouvent facilement de meilleurs produits.
Pour la société, le surcoût éventuel d'une agriculture saine et durable est bien moindre que le coût de la dégradation de l'environnement et de la santé publique. En moyenne, pour 1€ de nourriture achetée, cela coûte 1,3€ en externalités négatives telles que les maladies, la dépollution de l’eau... Marc-André Selosse mange bio, assurément !
Il reste donc à faire des choix politiques clairs et ambitieux !