Moments exceptionnels vécus ce week-end sur le championnat de Bourgogne – Franche Comté à Mâcon : le couple paralympique formé par Elodie Lorandi et Hector Denayer est venu se confronter aux valides.
Cette confrontation n'est pas nouvelle. Bien qu'handicapés – Elodie, 35 ans, est née avec une maladie orpheline qui paralyse un nerf de sa jambe gauche, du genou à la cheville, et empêche le déroulé du pied ; Hector, 19 ans, est né sans les doigts de son membre supérieur gauche et une atrophie de la main – les deux champions se sont bel et bien alignés sur les courses du week-end. Les deux ont confirmé que la compétition avec les valides était très stimulante et que, de toutes façons, les compétitions handisport ne sont pas suffisamment régulières pour le haut niveau.
Par ailleurs, Elodie a toujours nagé avec les valides. Son handicap a été découvert sur le tard. Elle intègre le handisport à 16 ans. Avant cela, elle gagnait toutes les compétitions avec les valides... Toujours dans l'eau depuis ses 3 ans, son papa l'a surnommée « la grenouille ».
Après un intermède suite à la naissance de sa fille Naya, elle fait une pause natation et ne participe pas aux Jeux de Tokyo, repoussés pour les raisons que l'on sait. Elle goûte quelques temps à l'aviron avant de revenir à la natation.
Frappée par une maladie de la thyroïde, elle prend 25 kg, qu'elle a perdu depuis, retrouvant son poids de compète. « Je prend un médicament tous les jours. Mais tout va bien, je m'entraîne assidument pour les Jeux de Paris. Je rend hommage à Régis Gauthier, mon entraineur depuis 15 ans, qui m'a énormément apporté. »
Auxiliaire puéricultrice de formation, elle est surtout nageuse professionnelle et maman au foyer grâce à deux sponsors qu'elle ne manque pas de saluer : la Caisse d'épargne et EDF, « qui ont toujours été là et me permettent encore aujourd'hui d'être ici à Mâcon ».
Elle participe à ses premiers championnats du monde en 2006. Après cela, le palmarès ne va faire que grandir. Nageuse d'Antibes (son conjoint Hector est Dijonnais, d'où sa présence à Mâcon ce week end), elle décroche l'or aux Jeux de Londres en 2012 sur 400 mètres nage libre et confirme l'année suivante au championnat du monde à Montréal. En 2008, elle était médaillée d'argent aux Jeux paralympiques de Pékin. Multimédaillée, elle repart pour Paris 2024 à la fin du mois.
Elle était évidemment très attendue hier dimanche sur la ligne de départ du 100 mètres nage libre, qu'elle a terminé en 1'04''76. En 2018 aux Jeux méditerranéens, elle le nageait en 1'01'96 et obtenait l'or. 0 Mâcon, la finale était remportée par la Dijonnaise Souidi Amani en 1'01''73, la jeune femme n'ayant évidemment pas le même âge. 2ème place pour la Mâconnaise Juline Alvès Da Costa en 1'03''36.
Hector quant à lui, était sur les finales du 100 mètres et du 200 mètres brasse, qu'il a remportées en 1'10''11 et 2'32''07. 3ème place sur le 200 pour le Mâconnais Naell Bensafia en 2'35''33.
Il est nageur professionnel également. Il a intégré le pôle France à Bordeaux et fait partie de l'Armée des champions (bataillon de Joinville), rémunéré par la Caisse national du gendarme et les Civils de la Défense. Il est par ailleurs étudiant en BTS communication à Dijon.
Contrairement à Elodie, il est passé des handis aux valides pour pouvoir s’entrainer intensément.
Il a été médaillé de bronze aux Mondiaux sur 100 mètres nage libre l'année dernière et 3ème sur 100 mètres brasse et 200 m 4 nages aux championnats d'Europe cette année.
On croise les doigts pour les Jeux.
Rodolphe Bretin
© Photos Rodolphe Bretin
Agnésie de la main gauche