Son enquête, réalisée avec la reporter de guerre Martine Laroche-Joubert, raconte le retour en politique de Seïf Kadhafi, fils cadet de Mouamar Kadhafi, malgré des mandats d’arrêt pour crimes contre l’humanité. Il brigue le pouvoir dans son pays. Entretien avec la co-réalisatrice originaire de Mâcon, pour mieux la connaître.
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Quel temps avez-vous passé à Mâcon ?
Je suis née à Mâcon en 1986. J'y ai passé toute mon enfance, de la maternelle des Gautriats, à la primaire de Grand Four en passant par le collège Pasteur et le lycée Lamartine.
Je suis partie à Lyon après mon bac mais je suis restée très proche de Mâcon puisque je revenais souvent, notamment parce que j'ai continué de jouer quelques années dans l'harmonie municipale de Mâcon. J'habite à l'étranger depuis 2011, mais Mâcon reste la ville de mes parents, je reviens chaque été. Mes grands-parents et l'ensemble de ma famille sont originaires de la région mâconaise.
Mâcon, c'est ma ville, mes racines.
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Comment est venue l'envie d'être journaliste ?
Je crois avoir toujours voulu être journaliste. Mes parents diraient que non, puisqu'à une époque, je disais vouloir être chanteuse et fermière à mi-temps.
Je me souviens adolescente avoir dévoré "les petits soldats du journalisme", ou encore ces livres pour les bacheliers qui donnaient des informations sur les études à faire pour devenir journaliste. J'ai baigné dans un univers où le journal de 20h était un rendez-vous quotidien. Je regardais ces reportages en rêvant d'être à la place de ces journalistes.
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Depuis combien de temps êtes-vous installée en Tunisie ?
Je suis installée en Tunisie depuis 2015. De 2012 à 2015, j'ai vécu à Tripoli. En 2011, j'étais au Soudan, j'ai été expulsée en janvier 2012. Je suis sortie de l'école de journalisme de Strasbourg en 2010.
La Tunisie, c’est un choix de raison. Nous devions quitter la Libye pour des raisons sécuritaires. Daech s’installait dans le pays, les étrangers comme nous étaient rares puisque les ambassades étaient parties un an plus tôt. Nous installer en Tunisie permettait de retourner souvent en Libye. Et puis nous avons eu un coup de chance : les correspondants de nos médias en Tunisie quittaient le pays, donc on pouvait les remplacer.
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Qu'est-ce qui vous a amené à vous intéresser à Seïf Kadhafi ?
Je n'ai pas choisi le sujet. Je suis spécialisée en presse écrite et je n'aurais jamais osé démarcher les productions pour vendre un documentaire de 52 minutes... Il s'avère que ma productrice, Marina Ladous, m'avait embauchée comme fixeuse* à Tripoli en 2014 pour un autre documentaire. Elle avait déjà en tête de faire quelque chose sur Seïf Al-Islam Kadhafi et nous sommes restées en contact.
Il y a quelques années, après avoir créé Slugnews, sa société de production, elle est revenue vers moi pour me demander d'écrire le synopsis du documentaire. Il a été mis en sommeil quelques années pour diverses raisons. Marina est revenue vers moi fin 2021 pour me dire qu'elle avait vendu le documentaire à Arte et qu'elle avait embauché Martine Laroche-Joubert en co-réalisatrice. Nous nous sommes mises au travail.
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Combien de temps avez-vous travaillé pour réaliser cette enquête ?
Comme dit plus haut, le travail a été long. Nous avons utilisé dans le film des images que nous avions faites en 2014 à Tripoli avec Marina. Mais le gros de l'enquête a été fait tout au long de l'année 2022. Cela a été une année intense, difficile et parfois frustrante.
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Comment s'est faite la rencontre avec Martine Laroche-Joubert ?
Martine Laroche-Joubert est une des journalistes que je regardais avec des yeux tout ronds à la télé enfant. J'étais un peu intimidée d'entrer en contact avec elle, mais le travail a vite repris la priorité. J'ai découvert une personne agréable et surtout une journaliste passionnée et motivée. Elle ne semble jamais fatiguée de travailler. Pour moi, elle est vraiment un exemple. J'aimerais avoir la même passion qu'elle pour mon travail après une telle carrière.
*fixeur-fixeuse : terme qui qualifie les personnes vivant dans un pays et aidant les reporter à faire leur travail en les orientant.
Un document intitulé Le retour : enquête sur Seïf al-Islam Kadhafi, à voir sur Arté mardi soir à 23h35.
Photos fournies par Maryline Dumas
Aux côtés de Martine Laroche-Joubert