On forme aussi des hommes et des femmes ouvert.e.s sur le monde, tourné.e.s vers les autres. C'est ce qu'a souhaité mettre en valeur Laurence Ferri, professeure d'ESC (éducation socio-culturelle). Des professeur.e.s dont on dit qu'ils sont des agitateurs de savoir-faire et de savoir-être. Explications, et clin d'oeil à la classe de 1ère conseil et vente.
Petit aparté : Lorsqu’en 1965, J. M Soupault, alors Directeur Général de l’enseignement et des affaires professionnelles et sociales, publie un document officiel sur l’entrée du corps des professeurs d’ESC dans les établissements d’enseignement public agricole, il offre aux lycées agricoles une spécificité d’enseignement qui depuis a fait bien du chemin.
À destination des jeunes ruraux, poursuivant des études agricoles, cette nouvelle matière, l’éducation socioculturelle a alors pour mission de prolonger l’action des professeurs au-delà de l’enseignement, d’introduire des valeurs éducatives visant à l’épanouissement, au développement de l’esprit de curiosité et de recherche, d’orienter l’utilisation du temps libre, assez important chez ces jeunes ruraux, internes pour la majorité, de préparer les élèves à « la vie », c’est-à-dire élargir leurs horizons au contact du milieu naturel et humain.
L’État dote les établissements publics agricoles de moyens matériels, centre socioculturel et amphithéâtre, lieux de conférences, d’échanges et de confrontation avec les acteurs du monde rural. Il permet ainsi aux élèves de devenir des acteurs dans un système éducatif largement ouvert sur le monde extérieur. La création d’association sportive et culturelle où tous les élèves sont fortement impliqués renforce cette idée de responsabilités collective et individuelle. Un formidable processus est enclenché.
(Extrait des Cahiers pédagogiques – 5 novembre 2006)
À Davayé, au lycée Lucie Aubrac, cette formation culturelle, artistique et citoyenne a pris la forme d'une association : ALESA (association lycéens étudiants stagiaires apprentis). Comme son nom l'indique, elle accueille tout le monde, sans distinction de statut. « En effet, c'est une spécificité de l'enseignement agricole que notre mission de former à l'autonomie et à l'organisation. C'est bien bien plus qu'un foyer car il y a une visée d'apprentissage. Les adhérents valident des compétences grâce à un engagement citoyen et peuvent le mettre sur leurs CV » indique Laurence Ferri. « Les enseignants doivent 21h devant les élèves, nous autres professeur.e.s d'ESC devons 18h devant les élèves et 8h en ALESA. »
Le club solidarité, le club dégustation, les sorties, tout cela se fait dans ce cadre, en totale autonomie des adhérent.e.s.
Le club solidarité par exemple, est très actif. Il compte une dizaine de volontaires. Les actions menées sont la récolte de livres pour les enfants de l'hôpital, l'organisation d'une gratiferia de vêtements au mois de mai, des préparation de repas avec Les Petites cantines de Mâcon pour les enfants de la Maisonnée, l'action Bol de riz qui permet de parrainer des jeunes filles burkinabées, l'accueil d'une service civique péruvien avec un travail sur le commerce équitable etc.
Rodolphe Bretin
Clin d'oeil à la classe de 1ère pro conseil et vente
L'enseignement à Davayé passe aussi par la pratique. La classe de 1ère professionnelle Conseil et Vente a créé une mini-entreprise pour concevoir, produire et vendre des boîtes à cheese. Angélique et Ninon étaient sur le marché des saveurs ce matin, organisé dans le cadre de la journée Portes ouvertes, pour vendre leurs boîtes. « Nous avons vraiment tout fait, de la conception à la vente en passant par la sélection du fournisseur » annoncent-elles fièrement. 50 pièces ont été réalisées et sont vendues par les lycéens et lycéennes. Chapeau bas.
R.B.
Laurence Ferri
Lucie Moschetti, 4 ans au club solidarité, aux côtés de Karine Boulay, enseignante