Le président du Conseil départemental de Saône-et-Loire a lancé l'alerte rouge cet après-midi au cours d'une conférence de presse. Au vu des incertitudes nationales, il a annoncé le report du débat d'orientation budgétaire et du vote du budget 2025 de la collectivité au début de l'année prochaine, alors qu'il était voté habituellement en novembre....
Les Départements, qui ne lèvent pas d'impôt, sont financés par l'Etat. Compte tenu de la situation financière du pays annoncée par le Premier ministre, la collectivité départementale veut éviter de boire bouillon avec lui.
« Nous nous étions préparés à boucler le budget avec 15 millions de moins. Mais cela, c'était avant les annonces gouvernementales sur le projet de loi de finances. Nous nous retrouvons avec 20 millions de plus à trouver pour pouvoir présenter un budget sincère, ce qui ne sera pas le cas cette fin d'année ! Nous reportons le débat d'orientation budgétaire au 1er trimestre 2025, avec un vote en mars, en croisant les doigts... » a donc annoncé André Accary. Ce sera la 2ème fois qu'il reporte le vote du budget depuis qu'il est arrivé à la présidence du Conseil départemental. La 1ère fois, c'était à son arrivée aux affaires, pour prendre le temps d'évaluer la situation. Là, ce n'est plus la même histoire... La France est dans le rouge et embarque les Départements avec elle. Le président a donc sonné l'alarme, il interpelle le gouvernement et les parlementaires pour que tous prennent conscience que « le Département, c'est la vie quotidienne des gens, la solidarité ».
« Je ne veux pas laisser tomber les enfants avec la protection de l'enfance » a-t'il complété, « je ne veux pas non plus laisser tomber les personnes âgées. Il va donc falloir qu'on mesure les conséquences de chacune de nos décisions pour trouver ces 35 millions. Ce sera ça la méthode, pour ne léser personne. En espérant aussi que les choses bougent au niveau national, et dans le bon sens, celui des Départements. Nous avons longtemps contribué à l'effort national en acceptant les transfert de charges. Là, c'est un choc violent. D'autant que nous avons encore un doute sur l'allocation spécifique de solidarité, payée par l'Etat. Elle représente 14 millions d'€. Ils ne sont pas comptés dans les 35 et j'espère que l'on ne nous les mettra pas sur la facture... »
Et d'ajouter : « Cette situation n'est pas de notre fait, nous n'y sommes pour rien. Je rappelle que la Chambre régionale des comptes a salué l'année dernière notre bonne gestion. J'ajoute que 25 Départements ne sont pas en capacités de boucler leur budget. Ce n'est pas le cas de la Saône-et-Loire grâce à cette bonne gestion. Mais plus on nous en met sur les épaules, plus ça devient compliqué. » André Accary a donné l'exemple des oubliés du Ségur de la santé, ces professionnels dont les salaires n'ont pas été revalorisés par l'Etat, « et bien c'est le Département qui a pris en charge, avec 2,4 millions d'€. Il faut savoir que les dépenses du Département, c'est 70 % pour la solidarité. Donc quand on touche au Département, oui, on touche à la vie des gens qui ont besoin de nous. Le Département, c'est aussi les collèges, les pompiers, le centre de santé, le RSA etc.»
Comment nous en sommes arrivés-là ? C'est une autre question, à laquelle le président n'avait pas de réponse. « Quoi qu'il en soit, je comprends la démarche de l'effort collectif. Mais on l'a déjà fait comme je l'ai dit. On reste optimistes et on se dit que le gouvernement et les parlementaires vont faire le nécessaire. »
À suivre
Rodolphe Bretin
Photo : Pour ces annonces difficiles, Le président Accary était entouré de son vice-président chargé des finances Anthony Vadot, et du directeur général des services Laorans Draoulec @Rodolphe Bretin