Cette longue histoire débute à Marseille en 1599 avec la naissance de l'embryon de la première des Chambres de Commerce de France.
Les Députés du Commerce
Le 5 août 1599, le conseil de la ville de Marseille nomme 4 députés du commerce chargés de remettre de l’ordre dans les activités commerciales éprouvées par trente ans de guerre.
Le roi Henri IV les encourage à continuer leur action par une lettre patente du 15 avril 1600. Elle institue des droits d'entrée et de sortie sur les marchandises arrivant ou sortant du port. C'est en 1629, qu'apparaît pour la première fois l’appellation Chambre de Commerce.
Un autre homme politique du XVIe siècle va jouer un rôle dans le développement des Chambres de Commerce, c'est BARTHELEMY DE LAFFEMAS, secrétaire d’État au commerce. Il va suggérer au roi Henri IV d’établir auprès du pouvoir royal une assemblée consultative où les intérêts du commerce et des manufactures pourraient être débattus. Ses successeurs, Richelieu puis Colbert iront dans son sens.
Ainsi seront créées entre 1701 et 1761, 10 chambres de commerce : Dunkerque, Lille, Rouen, La Rochelle, Bordeaux, Bayonne, Montpellier, Toulouse, Lyon et Amiens se rajoutant à celle de Marseille.
Par la loi du 27 septembre 1791 dite Loi Le Chapelier, le régime révolutionnaire supprime les chambres de commerce existantes.
Jean-Antoine Chaptal
Grâce à son ministre de l'Intérieur, Jean-Antoine Chaptal, le Premier Consul Napoléon Bonaparte signe à Lyon le 24 décembre 1802 le décret rétablissant les chambres de commerce : « Je rétablis et réorganisai les chambres de commerce pour en former des foyers de lumière destinés à éclairer le gouvernement sur l'état et les besoins de l'industrie », déclara-t-il.
Une vingtaine de Chambres sont créés sous le Premier Empire, 26 sous la Restauration et la monarchie de Juillet, 29 sous la Deuxième République et le Second Empire et 40 sous la Troisième République.
Par une loi de 1898, les Chambres de Commerce deviennent des établissements publics, c'est à dire, des personnes morales de droit public jouissant de l'autonomie financière. Cette loi s'appliquera jusqu'en 2010.
La Chambre de Commerce de Mâcon
Le 19 juin 1872, les membres de la Chambre de Commerce comprenant les arrondissements de Mâcon et Charolles (créée par décret du 13 novembre 1871), convoqués par le maire de Mâcon, Jean-Baptiste Ferret, négociant en vins, se sont réunis à l'Hôtel de Ville de Mâcon pour procéder au procès d'installation de la Chambre de Commerce de Mâcon (la 80ème de France).
Le premier Président a été Jean-Baptiste Ferret. 18 Présidents se succèdent de 1872 à 2004.
Au début du XXe siècle
En juillet 1909, un budget supplémentaire est voté pour la construction d'un hôtel consulaire à Mâcon.
Le 10 décembre 1909, les membres de la Chambre choisissent l'emplacement de la place de la République autrefois dénommée place de la Pyramide.
En janvier 1910, l'architecte mâconnais Louis Authelain (1856-1932) est choisi et son projet (celui présenté à son concours d'architecture) adopté définitivement en mars 1911.
Les travaux débutent à l'été 1911 et se terminent au printemps 1914. La réception définitive se fera le 23 avril 1915.
1914-2014
La Chambre de Commerce accueillera à la fin de l'année 1914 jusqu'en novembre 1915 dans son grand hall du rez-de-chaussée, un hôpital temporaire de 80 lits pour les convalescents militaires.
Elle émet des bons de monnaie à partir de 1915. 7 émissions de coupures de monnaie auront lieu de 1915 à 1921 pour un montant total de 3 450 000 fracs , en commun avec la chambre de Commerce de Bourg.
Le sous-sol de la chambre de commerce accueille le premier laboratoire de langue dans les années 70.
Le grand hall sera transformé en centre de tri postal dans les années 1970 pendant la grande grève.
Un décret du 6 juin 1919 autorise et déclare d’utilité publique la création d’un port fluvial. Les premiers échanges du port nord de Mâcon ont lieu le 4 août 1926.
La chambre de commerce gère les ports de Mâcon, Chalon et Pagny en Côte d'Or. Le port de commerce de Mâcon est le 2ème port fluvial sur le bassin Rhône-Saône.
Mâcon, escale d’une ligne internationale d’hydravions de 1937 à 1939
En 1936, la compagnie britannique Imperial Airways décide d’installer à Mâcon une escale technique pour ses hydravions qui assuraient une ligne régulière depuis Southampton vers les Indes et l’Afrique.
Le site de Mâcon est choisi comme escale intermédiaire pouvant assurer le ravitaillement de 2 000 litres de carburant et de permettre aux passagers de descendre à terre. Les passagers étaient accueillis par Henri Burtin, gérant de l’hôtel d’Europe et d’Angleterre qui proposait 40 chambres.
Le premier hydravion de type Canopus se pose à Mâcon le 30 janvier 1937 sur la Saône en crue.
Par décret du 9 février 1938, la Chambre de Commerce se voit confier la concession de l’exploitation d’un poste d’escale pour hydravions.
Le registre de circulation aérienne tenu par la Chambre de Commerce enregistre qu'entre le 3 février 1938 et le 19 juillet 1939, 211 hydravions civils et militaires se sont posés à Mâcon avec au total 1 356 passagers.
La ligne commerciale s’arrête au moment du déclenchement de la guerre car les appareils civils ne devaient plus survoler le territoire.
La Chambre de commerce va assurer le ravitaillement des hydravions militaires d’octobre 1939 à mai 1940.
Le dernier passage d’hydravions militaires français a lieu le 6 mai 1940. La base d’hydravions est désarmée en août 1940.
Un passage d’hydravions militaires aura lieu entre mars et juillet 1942, venant des ateliers de Saint-Nazaire à destination de la Méditerranée.
L'aménagement de la place Genevès
La place de la République devient le 4 octobre 1944 la place Gérard Genevès en l’honneur du résistant Maurice Genevès alias le Capitaine Gérard, chef des maquisards du Mâconnais et du Clunisois tué au combat le 24 août 1944 lors de la bataille de Cluny.
Une inauguration officielle commune avec celle de l’Hôtel des Postes était prévue le 15 août 1914. Elle sera finalement faite par Michel-Maurice Bokanowski (1912-2005), ministre de l’Industrie (1962-1966), le lundi 28 septembre 1964.
Dans les années 1980, la fontaine de la vigne de la place Gérard Genevès est exilée près de l’avenue Edouard Herriot. La chambre de commerce va s'agrandir pour accueillir de nouveaux services et voir la construction d’un bâtiment formation côté avenue Edouard Herriot dans les années 1990.
Le 21 décembre 2019 c'est l'inauguration officielle de la rénovation de la Place Gérard Genevès qui marque le retour de la statue et la dénomination de l’Espace Jean-Pierre Labruyère.
La salle René Guérin
Le Grand Hall de la Chambre de Commerce est devenu le 10 mai 1988 la salle René Guérin. Concessionnaire automobile à Mâcon, élu Président le 4 janvier 1980, il décéda durant son mandat le 25 septembre 1987. René Guérin fut à l'origine du centre de formation continue et du centre de formation d'apprentis de l'automobile.
Cette somptueuse salle est agrémentée d'un bas relief du sculpteur Pierre-Alexandre Morlon « Le Pressoir » appelé aussi Les Pressureurs. Il le réalise en calcaire du bassin parisien en 1911. Transporté en pièces détachés, le bas relief a été installé en 1912.
Une verrière posée en 1912 surplombe le plafond orné de magnifiques blasons. Les armoiries des villes incluant les circonscriptions de Mâcon : Mâcon (les anneaux), Cluny (les clés), Digoin (l'ancre), Paray-le Monial (le paon), Tournus (Château à 3 tours d'argent soutenu d'une croix de légion d'honneur au chef cousu d'azur à trois fleurs de lys d'or) et Charolles (lion à la tête couronnée d'or).
La rénovation de la salle Guérin débute en 2014 pour le centenaire du bâtiment. C'est Monsieur Bidaut qui réalise la peinture des blasons. Les travaux durent six mois.
Au XXIe siècle
Le décret du 30 octobre 2003 porte la création de la Chambre de Commerce et d'Industrie (CCI) de Saône-et-Loire.
Création de la Chambre de Commerce Métropole de Bourgogne Côte d’Or-Saône-et-Loire par le décret du 1er février 2021.
Construction de la résidence des Jardins d’Arcadie en 2020-2022.
Un grand merci à Laurent Manson, historien de la CCI et responsable du bureau de Charolles.
Maryse Amélineau
Photos © Maryse Amélineau
Laurent Manson