« 100 % des pharmacies du Mâconnais seront fermées jeudi » assurent Christophe Petit, membre de l'USPO (Union des Syndicats de Pharmaciens d’Officine). « Une pharmacie sera réquisitionnée pour répondre aux urgences » rassure-t'il. Les raisons de ce mouvement exceptionnel.
Le tout récent rapport du député Renaissance Marc Ferracci a mis le feu aux poudres : « Visant la dérégulation de la profession, ses recommandations, si elles deviennent loi, encourageront la vente des médicaments sur des plate-formes internet. On va tout droit vers l'ubérisation de la vente des médicaments, qui ne sont pourtant pas des biens de consommation. »
Second problème pointé par le pharmacien mâconnais, le prix de vente des médicaments aux pharmaciens et la pénurie qu'il engendre : « En France, ce prix est réglementé et très bas, ce qui encourage les laboratoires à vendre à l'étranger ou à ne pas produire suffisamment des médicaments peu rentables. Or, la demande mondiale augmente, ce qui fait que nous nous retrouvons en pénurie régulièrement. C'est le cas pour certains anti-biotiques, pour un sirop contre les allergies, et pour un médicament pour les diabétiques. Quand je mettais 5 minutes il y a quelques temps pour trouver un médicament, j'en suis rendu à 2h ! »
« Nous voulons trois choses, a-t'il complété : La revalorisation de la rémunération des pharmaciens, qui revient à mettre sur la table le prix du médicament. Beaucoup de trésoreries d'officines sont à sec. Sachez qu'une pharmacie par jour ferme en France depuis le début de l'année. Il faut évidemment trouver un équilibre pour que les dépenses de santé n'augmentent pas. Il y a des marges de manœuvre, notamment avec les biosimilaires.
Nous voulons aussi empêcher la libéralisation de la profession, qui va profiter aux plate-formes de vente en ligne. Nous apportons du conseil très accessible. N'importe qui peut entrer dans une pharmacie à n'importe quelle heure de la journée.
Enfin, qu'on nous facilite l'obtention des médicaments. Les pénuries ne sont pas acceptables. »
« Il est évident que nous ne voulons pas mettre les patients qui ont besoin de nous en difficulté. C'est pourquoi nous prévenons et nous informons chacun et chacune de la fermeture des pharmacies jeudi. »
Une pétition intitulée Après les déserts médicaux, les déserts pharmaceutiques ? a été mise en ligne par le syndicat USPO dont les termes sont les suivants :
Les pharmacies de proximité sont en danger. Votre santé est menacée. Nous avons besoin de votre soutien pour maintenir un accès aux soins de qualité pour tous les patients et sur tous les territoires
La pharmacie se mobilise pour votre santé !
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NON aux pénuries de médicaments,
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NON aux plateformes de vente en ligne de médicaments (type Amazon),
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NON à la vente en grande surface des médicaments,
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NON à l’entrée des groupes financiers dans les officines,
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NON à la fermeture des officines.
Après la pénurie de médicament, l’État organise la pénurie de pharmacies.
Le communiqué de l'USPO national
Les raisons de cette mobilisation sont claires et impérieuses :
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Pour maintenir un accès de proximité aux soins de qualité pour tous : face aux menaces de dérégulation et à l'émergence de plateformes de vente en ligne de médicaments, il est primordial de garantir un accès sécurisé et de qualité aux soins pour tous les patients.
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Pour mettre fin aux pénuries de médicaments : les pénuries persistantes de médicaments constituent une menace grave pour la santé publique. Il est urgent que le gouvernement agisse pour renforcer la transparence des données et contraindre les laboratoires à garantir un approvisionnement adéquat.
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Pour une réforme économique ambitieuse : la pharmacie d'officine subit une dégradation économique continue, sans bénéficier de revalorisations significatives depuis plusieurs années, alors qu’on leur demande d’effectuer des missions supplémentaires de santé publique. Les perspectives d'économies gouvernementales risquent d'aggraver cette situation déjà précaire et préoccupante.
Des rassemblements sont prévus dans toute la France. Ils auront lieu à Dijon et à Lyon jeudi matin.