Bières 8.6, vodka et valium… voilà un cocktail détonnant qui va lui faire perdre totalement le contrôle d’elle-même alors qu'elle voyageait en train lundi dernier. JA était jugée ce vendredi par le tribunal correctionnel.
Le 18 mars au matin, c’est le black out. Aucun souvenir de ses actes de la veille à l’encontre de trois policiers qui ont été appelés par un contrôleur SNCF. JA venait de refuser de payer une amende pour avoir fumé dans le train. Elle refuse également de quitter le train. Elle vient de Créteil (chez sa mère) et se rend à Tain-L’Hermitage, chez son conjoint, pour l’anniversaire de leur fils.
Les policiers arrivent et sont copieusement insultés. Elle est avachie sur le siège à côté d’une bouteille de vodka vide. « Sale juif ! », « salle blanche ! », « j’espère que vous allez tous crever »… le déchainement conduit les policiers à la menotter pour pouvoir la sortir du train et l’embarquent, direction hôpital. Le déchainement d’insultes et de violence continue, jusqu’à l’hôpital, où elle refuse d’être auscultée et insulte le personnel soignant. « Fouille mon cul avec tes gants ! » « Si c’est un israélite !... » Elle ne fait que hurler.
Elle finira au commissariat, en cellule de dégrisement, avant d’être déférée au parquet, qui ordonne un mandat de dépôt.
JA était présentée au tribunal correctionnel vendredi après-midi pour y être jugée en comparution immédiate pour outrage et violence sur des personnes dépositaires de l’autorité publique, en récidive, ivresse publique et manifeste, et injure en raison de l’origine, l’ethnie, la nation, la race ou la religion le 17 mars à Mâcon.
Les policiers ont porté plainte et se sont constitués parties civiles. La policière violentée a bénéficié de deux jours d’ITT. Craignant l’accident, elle a tenté de la contrôler physiquement dans la voiture, recevant des coups au genou et dans le bras.
JA est une femme de 28 ans. Dans le box, rien ne laisse transparaître un quelconque racisme dans ses propos et son attitude. Ses origines familiales sont multiples, juives, musulmanes, chrétiennes. Elle est plutôt incrédule, ne se souvient de rien et se met à pleurer quand la juge expose les faits et lui rappelle qu’elle a manqué l’anniversaire de son fils, qu’elle a effrayé les enfants et les personnes âgées à l’hôpital… Elle se montre sincèrement désolée et désespérée. Elle réclame la clémence : « Enfermez-moi chez moi, je veux arrêter tout ça. J’ai besoin de cette chance s’il vous plaît » dira-t-elle en fin d’audience.
On découvre alors une femme blessée et traumatisée. Elle a été violée par son frère pendant l’enfance (qui a été condamné) et a perdu son père à 16 ans. Son frère est mort aussi. Malgré son acte, elle souffre de cette perte.
S’en est suivie une période d’errance, d’alcoolisation, et de maille à partir avec la justice… deux condamnations, en 2017 (elle a 20 ans) pour vol et outrage, puis en 2019 pour outrage. Ensuite plus rien avant 2024.
En 2020, elle est enceinte et parvient à stopper sa consommation excessive d’alcool. Tout semble rentrer dans l’ordre. Hélas, sa relation avec son conjoint est mauvaise. Il l'insulte. Avant de monter dans le train ce 17 mars pour le rejoindre et fêter ensemble l’anniversaire de leur fils, elle s’est embrouillée avec lui. Il l’a insultée à nouveau. Elle prend alors ce fameux cachet de valium et s’alcoolise. Trois bières 8.6 et une bouteille de vodka partagée avec une personne rencontrée dans le train…
En 2024, elle est à nouveau condamnée et fera deux mois de préventive. A l’heure de sa comparution immédiate, elle est en sursis probatoire. Le parquet requiert un maintien en détention et 9 mois fermes.
Sensible à sa sincérité et à son histoire personnelle, le tribunal lui accorde la dernière chance en la condamnant à 9 mois avec bracelet électronique, chez sa mère à Créteil, qui a produit une lettre pour assurer le tribunal qu’elle acceptait son hébergement. Elle a obligation de travail et de soins et doit s’acquitter des amendes pour ivresse et injures raciales. Les policiers seront indemnisés pour le préjudice. 200 € pour les policiers insultés, et 500 € pour la policière qui a reçu des coups.
Rodolphe Bretin