L'association « Femme Aujourd'hui en Bourgogne » (FAB) avait invité ce lundi 6 janvier au Moulin du Gastronome Hervé Reynaud, passionné d'Histoire, Adjoint au Maire de Mâcon et Conseiller Départemental en charge de la culture, du patrimoine historique et du dialogue interculturel pour présenter devant une trentaine de convives une conférence sur Alphonse de Lamartine.
Ce premier rendez-vous de l'année a débuté par la remise d'un bouquet d'orchidées à la Présidente Véronique Frédéric-Moreau à l'occasion de son anniversaire.
Hervé Reynaud a rappelé qu'il avait découvert Lamartine (1790 – 1869) comme tout le monde pendant sa scolarité.
En 2009, il répondit favorablement à une invitation du jeune maire libanais de Hammana, commune située au Mont-Liban, qui souhaitait nouer des liens avec la ville où naquit Lamartine.
Arrivé sur les lieux, il découvrit avec surprise et étonnement la vénération et l’amour portés par les habitants de cet important village chrétien maronite pour le Mâconnais.
Cette visite fut pour lui une révélation. Et peu à peu, il partit à la découverte de l’homme Lamartine dans la perspective de la célébration du 150ème anniversaire de sa mort en 2019.
« Grâce à ce déplacement au Liban et au 150ème anniversaire de sa mort, j’ai découvert un homme attachant, courageux, en avance sur son temps et dont on peut toujours s’inspirer », a indiqué l'élu avant de présenter les différentes facettes de la vie de Lamartine longue de 79 ans.
Il a ainsi évoqué tour à tour une enfance heureuse à Milly, une jeunesse désoeuvrée et tourmentée illustrée par le jeu et les dettes sans oublier ses nombreuses conquêtes féminines, puis le mariage avec Mary-Ann le 5 juin 1820.
Alphonse est nommé attaché d’ambassade à Naples. Ce seront des années de bonheur et de mûrissement. C’est le triomphe la même année des Méditations poétiques.
En 1822, il s’installe au Château de Saint-Point offert par son père et devient un parfait gentil homme fermier.
Voyage en Orient
L’année 1830 marque un tournant dans sa vie. Il abandonne la carrière diplomatique et envisage de se consacrer définitivement à la littérature et la politique.
Le 14 juin 1832, il part de Marseille faire un voyage en Orient. Il visite la Grèce, et arrive à Beyrouth le 6 septembre.
En son absence de France, il est élu le 7 janvier 1833 député de Bergues dans le Nord.
Près de 20 années d'engagements politiques
Il est réélu l’année suivante à Bergues et à Mâcon et il opte pour Bergues.
C’est à cette époque qu’il quitte Saint-Point pour le château de Monceau à Prissé.
Il est réélu en 1837 dans les deux communes mais cette fois il opte pour Mâcon.
Durant les années 1840, il s’oppose à Louis Philippe qui le traitera de « vain de Mâcon ».
Nouvelle ré-élection en 1842. Il publie l’histoire des Girondins, une œuvre considérable sur la révolution qui lui donnera une grande popularité.
Excellent orateur, il prononce des discours à la Chambre indiquant une certaine inflexion à gauche, il s’oppose ainsi à la peine de mort.
En 1847, il obtient un grand succès populaire au banquet de Mâcon avec des milliers de participants
En 1848, à l’occasion de la chute de Louis-Philippe et de la proclamation de la Seconde République, il est ministre des affaires étrangères de février à mai 1848.
Il est, en fait, le véritable chef de gouvernement.
Le 25 février, il s’oppose devant la foule à l’hôtel de ville de Paris à l’adoption du drapeau rouge au profit du drapeau tricolore « Car il a fait le tour du monde, avec le nom, la gloire et la liberté de la patrie. »
Adepte d’une politique modérée, il signe le décret d’abolition de l’esclavage le 27 avril 1848.
Aux élections présidentielles de décembre, il n’obtient que 0,26% des voix.
Louis Napoléon Bonaparte est largement élu.
Cet échec marque la fin de sa vie politique très riche aussi au plan local.
Il fut en effet, conseiller général de 1833 à 1852, président du Conseil une dizaine de fois et conseiller municipal de Mâcon de 1840 à 1852.
En 1849, Lamartine est complètement ruiné.
Condamné à écrire, à feuilletonner dans les journaux de l’époque, il se résout à vendre son cher Milly et en 1863, Mary-An son épouse décède.
En 1869, atteint de sénilité, il décède. L’écrivain est enterré à Saint-Point le 4 mars 1869.
Des convictions fortes
Bien que poète, Lamartine s’intéressait aux problèmes économiques.
Ainsi, il se battit pour le chemin de fer, pour la réalisation de la ligne Paris -Chalon-Mâcon-Lyon, pour la liberté de la Presse. Il obtint la création d’un collège royal à Mâcon en 1842.
Il se préoccupa du sort des enfants abandonnées, à l’instauration d’un enseignement primaire gratuit, à la séparation de l’église et de l’Etat, fit voter le suffrage universel, l’abolition de la peine de mort pour les politiques et bien sûr l’émancipation de l’esclavage.
Plus déiste que catholique mais homme profondément religieux, Alphonse de Lamartine a toujours affirmé sa foi en Dieu.
De fait, il s’est intéressé à l’Islam et aux religions orientales et à la cohabitation entre deux civilisations. Grâce à son ouverture d’esprit et sa tolérance, il adoptait un regard positif sur les juifs qui étaient pour lui des citoyens comme les autres.
Non violent, il sera un adepte du végétarisme.
Alphonse adorait la nature et les animaux.
Hervé Reynaud a conclu son propos en annonçant que le Musée des Ursulines consacrera une place supplémentaire à Lamartine.
« Le musée Faure étant en travaux, nous accueillerons à la demande des Drac de Bourgogne Franche Comté et d’Auvergne Rhône-Alpes le mobilier provenant des chambres d’Alphonse de Lamartine et de Julie Charles de la pension Perrier 1816.
Ce nouvel espace honorera davantage le poète que l’homme politique car c’est à cette époque qu’il commença à composer les poèmes des Méditations poétiques qui comptent les plus éminents de la carrière de l’auteur : Le Lac, l’Isolement, le Soir, le Vallon ou encore l’Automne. »
Maryse Amélineau
Photos © Maryse Amélineau