Ce jour, à l’image du temps à Mâcon, une cinquantaine d’éleveurs laissait exprimer leur tristesse et leur colère froide, la plus vénéneuse si aucune réponse n’est apportée. Les éleveurs manifestaient sous les fenêtres de la préfecture alors que se tenait un Comité départemental loup...
Accrochant des cadavres de brebis éventrées à la grille, les témoignages poignants ne laissaient aucun doute : « notre élevage n’est pas compatible avec le loup. »
2024 a encore été une année terrible pour la Saône-et-Loire avec 299 animaux tués par des loups. Sans oublier 98 blessés et les « pertes » indirectes de non-gestation pour les survivantes. L’équivalent de deux exploitations rayées de la carte. Des éleveurs ne pouvant trop se plaindre, de peur d’être la cible des ONG pro-loup venant les menacer pour avoir osé demander de l’aide. Les louvetiers craignant eux les procès devant les tribunaux s’ils tirent. Une éleveuse ne voulant pas être nommée de peur de représailles pleurait de désespoir : « l’Etat nous demande d’accepter que nos bêtes qu’on aime meurt, que ce soit un carnage. Il faut que ça cesse ».
Alors que la FDSEA et les JA de Saône-et-Loire avaient boycotté le Comité loup pour manifester leurs mécontentements, faute de ne pas avoir de réponses concrètes depuis un an sur le secteur de Morey et Saint-Bérain, secteur particulièrement prédaté, le préfet se décidait à sortir et descendre pour aller à la rencontre des manifestants en fin de Comité. Yves Séguy redisait que ses services font au plus vite, dans le cadre fixé par la loi. Message passé lors du Comité loup où l’on notait d’ailleurs la présence de la sénatrice, Marie Mercier, de la député, Josiane Corneloup, de l’eurodéputée, Valérie Deloge et des deux députés, Aurélien Dutremble et Arnaud Sanvert. Toutes et tous ont écouté les représentants de la chambre d’Agriculture. Eleveur ovin et élu chambre, Alexandre Saunier redisait la volonté de la profession d’arrêter les attaques de loup à travers huit mesures concrètes pour tendre vers le « zéro attaque ».
Yves Séguy se disait sincèrement « comprendre l’exaspération » et déplorait ne pas avoir obtenu de la Préfète missionnée pour coordonner les prélèvements limités à 209 en 2024. Les éleveurs lui faisaient remarquer que le loup sévissant dans le secteur est « déjà comptabilisé mort », après avoir été touché à une patte. D’où son surnom de « loup à trois pattes » qui s’acharne sur les élevages du secteur. Sa perte ne changera rien donc.
Le préfet reconnaissait la « récurrence » et le nombre élevé de brebis tuées et veut plaider en ce sens pour obtenir enfin un tir de prélèvement. En attendant, il a permis les tirs de défense à l’exploitation (auparavant à la parcelle). Le président de la FDSEA et le secrétaire-général de JA71, Jérémy Gravalon, le mettait en garde : « on veut rapidement des résultats tangibles, sinon on reviendra », et la colère pourrait être bien plus chaude à calmer cette fois.
Cédric Michelin
Notre partenaire L'Exploitant agricole