Le 9 juin se dérouleront les élections européennes, qui auront évidemment une dimension nationale. Sébastien Chenu, député du Nord, vice-président de l'Assemblée nationale et du RN, n'est pas candidat. Pour autant, en bon militant, il fait campagne pour Jordan Bardella. Il était à la cité des vins hier soir aux côtés d'Aurélien Dutremble, délégué du RN 71, et Valérie Deloge, conseillère régionale RN.
« Je suis militant avant tout, dans un grand parti militant. Et pour un militant, chaque geste compte. Coller une affiche, convaincre un proche d'aller voter, adhérer à un parti etc. Ce n'est pas parce que nous sommes largement au dessus des autres dans les sondages qu'il faut s'abstenir de faire campagne. C'est pour ça que je suis là ce soir, je suis militant et je fais campagne sur une terre qui a engendré beaucoup de ministres. Joxe, Perben, Billardon, Montebourg, sans oublier Mitterrand qui venait régulièrement à Solutré. »
À la question de savoir si le 9 juin sera aussi un vote contre Macron, l'élu du Nord répond du tac o tac : « Bien sûr. ! Il s'est lui-même mouillé dans la campagne hier soir. Il a décidé de nationaliser cette élection. Il installe une sorte de tête un tête à tête avec nous. Dont acte. Les enjeux sont en effet autant européens que nationaux, d'autant qu'il y a un rejet fort et manifeste de sa personnalité et de sa politique, qui ne donne aucun résultat.
Le pays n'a jamais été aussi abîmé, insécurisé. Les gens le mesurent. Tout cela est la conséquence de ses choix politiques. Il y a dans le pays jusqu'à de la détestation pour Emmanuel Macron.
À l'inverse, nous sommes en train de créer, je crois, un espoir. Nous avons été longtemps un vote sanction, un vote de colère, un vote anti-système. Et tant mieux si nous le demeurons. Mais désormais, nous sommes aussi un vote d'espoir. Des gens comprennent qu'avec nous, il est possible que ça aille mieux avec des choix politiques différents. Quand vous voyez l'Espagne et le Portugal qui sortent du marché européen de l'électricité pour faire baisser la note de leurs concitoyens, c'est un choix politique. Quand ils font le choix de la baisse de la TVA sur les produits de 1ères nécessité, il y a des conséquences positives aussi. Les gens voient qu'on peut faire autrement.
Quant à Jordan Bardella, je l'ai connu militant en Seine-St-Denis, il est parti de la base et est devenu président du parti. C'est un très bel exemple de méritocratie. Par ailleurs, c'est un jeune bien dans sa génération, il en a compris les codes, il a une belle allure, une forte capacité de travail. Il renouvelle la vie politique et ça fait du bien. »
L'Union européenne vs l'Europe des Nations ?
Le RN aspire à une Europe des nations. Qu'est-ce que cela signifie au juste ? Sébastien Chenu a donné sa réponse : « Les idées patriotes progressent partout, nous aurions tort de vouloir sortir de l'UE. On nous dit tout le temps que l'Europe s'occupe de nous, alors occupons-nous de l'Europe. De toute façon, les Français ne sont pas favorables à une sortie de l'UE. Personne ne le propose hormis quelques intellectuels. Il y a donc un principe de réalité. Il faut être pragmatique et faire des choix, je l'ai dit. Nous pensons par exemple que la lutte contre la drogue peut être menée à l'échelle européenne.
À l'inverse, la politique migratoire doit être une politique de frontière et donc une politique nationale. Nous pensons qu'il y a deux types de frontières : l'une, extérieure, l'UE vers le reste du monde ; les autres, intérieures, les frontières nationales. Les frontières nationales n'empêchent pas les partenariats entre les pays de l'UE.
Prenez aussi l'espace Schengen. Il faut le réformer, permettre aux Européens de circuler librement sur le sol de l'UE. En revanche, aucune raison qu'un type qui arrive du bout du monde par un pays de l'UE puisse circuler dans tout l'espace.
Enfin, il y aussi la question du fédéralisme, qui est le courant de Macron et qui se résume ainsi : donner toujours plus de pouvoirs à l'UE et, en contre-partie, en retirer toujours plus aux Etats-Nations. Nous ne sommes pas dans ce courant-là, c'est notre opposition principale, nous voulons conserver notre souveraineté. »
Après le point avec la presse, Sébastien Chenu et Aurélien Dutremble se sont retrouvés devant les militants pour une réunion publique. L'occasion de booster les troupes et, pour Aurélien Dutremble, de rappeler en introduction, que le Rassemblement national a multiplié par six le nombre de ses adhérents.
Prenant la parole à sa suite, Sébastien Chenu s'est montré très offensif, lançant des phrases qui ont fait mouche telles que : « Macron est le pire président de la République que la France ait eu » ; ou encore : « La Macronie tente chaque fois de construire un cordon sanitaire contre nous. Cette fois, dressons un cordon sanitaire autour de ceux qui ont ruiné le pays » ; « Avec Macron, il ne faut surtout s'attacher à rien. Chez lui, c'est le fantasme de l'interchangeabilité. Si vous êtes cuisinier à Mâcon le lundi, vous devez pouvoir être maçon en Bretagne le lundi suivant... »
Recueillis par Rodolphe Bretin
Sébastien Chenu est un ancien de l'UMP. Il a avoué avoir voté deux fois pour Sarkozy