La Compagnie Tintinabule sort de résidence au Théâtre, elle offre une très belle étape de travail sur Queen Kong. Le théâtre au plus près, très vivifiant.
Virginie Lonchamp la directrice du Théâtre, et toute son équipe, nous accueille avec une grande gentillesse : « c’est une nouvelle offre de relations avec le Théâtre que nous mettons en oeuvre, ces sorties de résidence, nous permettent de mettre les spectateurs, dans une situation dépassant le statut de consommateur, ce concept d’ouvrir la sortie de résidence au tout public, permet une relation à la création artistique beaucoup plus dense, plus proche, et cette proximité participative, permet de vivre les étapes de création, de rencontrer les artistes, les auteurs, les metteurs en scène, bref de s’immerger dans la dynamique de création, d'un spectacle en devenir. »
Ce Jeudi 16 novembre à 19h, s’effectuait donc la deuxième sortie de résidence de la saison, celle de la compagnie Tintinabulle, qui nous invitait, à assister à une étape de travail, à l'issue d'une semaine de laboratoire de recherche, à découvrir la création artistique de Queen Kong,
L’autrice de cette pièce est, Hélène Vignal, qui, dans un texte incisif et éclatant, dynamite les codes en s’adressant à toutes celles et tous ceux qui n’arrivent pas à rentrer dans le costume que la société leur impose (trop serré ou trop grand), à toutes celles et tous ceux qui rêvent en secret de changer de costume, de peau, de sexe, de coeur, qui voudraient se libérer des injonctions, à toutes celles et tous ceux qui n’arrivent pas à voir où à comprendre que le vieux monde est fini et que c’est tant mieux, à toutes celles et tous ceux qui ont besoin d’un petit coup de pouce pour les aider à questionner, à discuter, à disputer, à déconstruire pour que dans la rencontre de l’autre, on trouve plus de respect, plus de joie, plus d’écoute et de liberté.
Géraldine Pochon, la metteuse en scène, nous fait entendre avec une complicité très habile et dépouillée, ce cri, celui qu’elle aurait certainement pousser comme tout un chacun, d’une fille en colère, harcelée sur les réseaux sociaux par le groupe dont elle fait partie, parce que trop libre, trop différente, trop hors des clous que la société enfonce dans la chair des filles.
La prouesse de Géraldine Pochon, c’est de nous plonger dans le coeur palpitant de cette jeune femme, dans ce qui bat en elle, quel que soit le prix à payer. La mise en scène centre cette révolte sur le texte admirable, seulement renforcé, intériorisé, par la musique des pulsations, et vibrations, qui amplifie, dans la puissance le message de liberté que porte ce spectacle
La magie de cette pièce, qui s’adresse aux ados comme aux adultes, qui parle de la sexualité, des injonctions liées au genre, au machisme, qui annonce le consentement, le respect, la tolérance et la liberté d’être, elle pèse sur les épaules de la comédienne, Marion Cadeau.
Dans son interprétation fantastique, en un monologue parfaitement maîtrisé, elle nous promène avec énergie dans cette fracture entre les deux mondes, entre cris de colère et douceur du plaisir naissant, entre injonctions violentes et liberté. Marion Cadeau, porte avec brio l’héroïne de Héléne Vignal et de Géraldine Pochon, elle nous emmène avec délice dans le choix encore possible de de voir, toucher, entendre, goûter, vivre, sans céder à la pression et au jugement de la meute.