Pathé Mâcon proposait ce mercredi, au lendemain de la Journée Mondiale contre l’obésité, une séance spéciale du film La vie en Gros, qui aborde avec justesse et sensibilité la question de la grossophobie et du regard des autres.
À cette occasion, la mâconnaise, Emmanuelle Piquet, psychopraticienne spécialisée dans la souffrance scolaire, était présente pour introduire le film et échanger avec le public à l’issue de la projection.
La vie en gros est l'adaptation du roman de Mikaël Ollivier paru en 2001 aux éditions Thierry Magnier, puis, en poche dans la collection Folio Junior. Le roman a reçu de nombreux prix littéraires. Il a été adapté en 2003 à la télévision pour M6 (scénario Mikael Ollivier, réalisation Didier Bivel), puis, en 2025, avec ce long métrage réalisé par Kristina Dufková, qui honore le travail d’animation de la grande école Tchèque et d’Europe centrale.
Le synopsis pose avec beaucoup d’intelligence, et une grande pertinence la base d’une réflexion ouverte à tous : « Benjamin a quinze ans, et s'il y a une chose qu'il aime faire dans la vie, c'est manger. Mais lors d'une visite médicale, l'infirmière scolaire lui annonce qu'il souffre d'une obésité de catégorie 2. Il décide alors de prendre les choses en main et de suivre un régime strict. Mais les bonnes résolutions ne sont pas toujours faciles à tenir. Même pour les beaux yeux d'une fille à qui Benjamin aimerait tant plaire… »
Cette rencontre fournit une opportunité précieuse pour ouvrir le dialogue autour des pressions sociales et de l’acceptation de soi, en présence d’une experte reconnue sur ces sujets. Emmanuelle Piquet, en thérapeute spécialiste du harcèlement scolaire a conduit un échange d’un grand intérêt s’appuyant sur le ressenti et les réactions des jeunes spectateurs et des moins jeunes.
« La grossophobie. Ce mot regroupe un ensemble d’attitudes et de comportements hostiles qui stigmatisent et discriminent les personnes en surpoids ou obèses.
C’est avant tout une réelle souffrance, issue du harcèlement bien trop présent dans les cours d’école et de collège, … Les harceleurs sentent que le poids est un problème profond, alors ils s’engouffrent dans cette brèche pour asseoir leur puissance et domination sur les autres… Pour les enfants qui vivent dans un milieu grossophobe, il est difficile de lutter et ce sont ceux qui sont dans une famille non grossophobe qui résistent le mieux et sont le moins harcelés… Avant la révélation abrupte, par l'infirmière du film, tout allait bien pour Benjamin, son poids ne posait pas de problème, c’est ce choc qui va enfermer le garçon dans un enfer… Celui du regard des autres, du poids de la grossophobie ambiante généralisée dans la société, sous dictat esthétique… »
On l’aura compris ce film et son portage par Emmanuelle Piquet, et Guillaume Fourrière, le passionné directeur de Pathé, ouvre un nombre immense de portes et de perspectives sur cette souffrance. Le harcèlement stupide doit être combattu, et il nous faut tous, comprendre que l’essentiel n’est pas à quoi on ressemble mais ce que l’on ressent.
JYB