Une sélection remarquable (objets de parure, bâton percé ou aiguilles en bois de renne) sera présentée, pour la première fois, lors les Journées européennes du patrimoine.
Communiqué :
Les objets magdaléniens découverts par l’Inrap à Solutré rejoignent les collections du Musée de préhistoire.
Entre 2015 et 2016, les archéologues de l’Inrap ont mené une fouille au cœur du village de Solutré (Saône-et-Loire). Le site, remarquablement conservé, atteste d’une occupation par les chasseurs du Magdalénien moyen, il y a entre 19 000 et 16 000 ans. Entre 2017 et 2023, les dizaines de milliers de restes (ossements, outils et déchets de taille de silex, objets en os, en bois de renne et en ivoire) mis au jour ont fait l’objet d’études spécialisées.
Aujourd’hui, cet ensemble exceptionnel rejoint le Musée de préhistoire de Solutré. Cette opération est rendue possible grâce à un transfert de propriété de l’Etat au Département de Saône-et-Loire (avec le soutien de la Drac Bourgogne-Franche-Comté).
Un site remarquable qui complète la connaissance de Solutré Situé à l’entrée du village, le site « Route de la Roche » a été occupé il y a 18 000 ans par des groupes du Paléolithique supérieur de la culture du Magdalénien. À cette période, l’Europe de l’Ouest, connaît la fin de la dernière grande glaciation. Dans le val de Saône et les reliefs qui l’encadrent, le climat est semblable aux régions subarctiques actuelles avec une végétation rase de type toundra. La faune qui évolue dans ces espaces comprend des herbivores adaptés aux conditions froides (renne, cheval, mammouth…) ainsi que des carnivores (loup, glouton, renard…).
La quantité considérable et la qualité des vestiges mis au jour lors de la fouille permet de renouveler en profondeur les connaissances sur les populations magdaléniennes. Ces objets permettent également une meilleure compréhension du gisement préhistorique de Solutré, site de chasse mais aussi lieu de vie. Une chasse diversifiée Les restes osseux témoignent des activités de chasse et de la consommation d’espèces d’environnement froid steppique. Au menu des Magdaléniens : principalement du renne, mais aussi du cheval, du lièvre, du bison, de l’antilope saïga, du chevreuil. Toutes les parties des animaux sont exploitées : la peau, les tendons, la corne, la viande et les abats, les os, les bois, et probablement la graisse et le sang. L’équipement de chasse retrouvé sur le site est représenté par les pointes de sagaies. Elles sont fabriquées à partir de bois de renne de dimensions variables et montées sur des hampes en bois (non conservées). Elles indiquent l’utilisation d’armes adaptées à la taille du gibier. Des lamelles tranchantes en silex (appelées lamelles à dos) sont insérées dans la pointe ou la hampe pour rendre l’arme plus efficace. Les Magdaléniennes et Magdaléniens sur leur 31 ! Les objets en os et en silex comprennent également des équipements liés aux activités dites « domestiques » comme la découpe des animaux ou le travail des peaux, ainsi que la couture illustrée par plusieurs dizaines d’aiguilles en os, de gabarits différents. Tous les déchets et les outils en lien avec la fabrication de ces objets sont présents sur le site. Des objets inédits à découvrir lors des Journées européennes du patrimoine Les 21 et 22 septembre prochains, ,le Département de Saône-et-Loire accueillera une manche du championnat d’Europe de tir aux armes préhistoriques au musée de Solutré et y présentera, pour la première fois, une sélection d’objets remarquables issus des fouilles menées par l’Inrap « Route de la Roche ».
L’Inrap L’Institut national de recherches archéologiques préventives est un établissement public placé sous la tutelle des ministères en charge de la Culture et de la Recherche. Il assure la détection et l’étude du patrimoine archéologique en amont des travaux d’aménagement du territoire. Il réalise chaque année plus de 2 000 opérations archéologiques (diagnostics et fouilles) pour le compte des aménageurs privés et publics, en France métropolitaine et outre-mer. Ses missions s’étendent à l’étude scientifique des données relevées sur le terrain et à la diffusion de la connaissance archéologique au public le plus large. Avec près de 2 400 agents, répartis dans 8 directions régionales et interrégionales, 45 centres de recherche et bases opérationnelles et un siège à Paris, il est le plus grand opérateur de recherche archéologique européen. Le musée de préhistoire de Solutré Le Musée de préhistoire de Solutré, site culturel du Département de Saôneet-Loire, présente les témoins de 350 000 ans de présence humaine dans le Sud Bourgogne et la région mâconnaise. Des chasseurs néandertaliens puis Homo sapiens se sont succédés au pied de la Roche de Solutré pour chasser des chevaux et des rennes depuis au moins 50 millénaires, comme en témoignent les armes de chasse, les outils quotidiens et les objets décorés qu’ils ont produits lors de leurs séjours. Découvert dès 1866, le site a donné son nom au Solutréen, culture paléolithique du Dernier Maximum Glaciaire, entre 26 000 et 23 000 ans avant le présent, caractérisé par des pointes élégantes taillées sur deux faces, appelées feuilles de laurier.
Chantier « Route de la Roche » en cours de fouille en 2015
© Antoine Morfaud, Inrap
Lamelles à dos en silex insérables dans une pointe de sagaie.
En créant une partie tranchante, elles rendent l’arme de chasse plus efficace
© Christophe Fouquin, Inrap
Pomme de pin en ivoire. Cet objet « mystérieux » ne connaît pas d’équivalent dans le Paléolithique français.
Il est décoré d’un quadrillage sur toute sa surface. Sa fonction est inconnue.
© Christophe Fouquin, Inrap
Bâton percé en bois de renne dont l’extrémité est sculptée en forme de phallus.
Les usures et la fracture au niveau de la perforation indique que des contraintes se sont exercées à cet endroit
© Christophe Fouquin, Inrap