Il ne voulait pas payer sa conso...
C'est le début de l'après-midi quand D.H. se présente au Relay de la gare de Mâcon-Ville et commande un café. Il le voudrait gratuit et en fait la demande à la commerçante... Devant son refus, il s'énerve, lui met un coup de pied et sort un opinel pour la menacer, ainsi que son employée.
Évidemment, ce geste crée de la panique à la gare. La police est appelée et est rapidement sur place. Les policiers le mettent en joue avec un taser. Il est arrêté, placé en garde à vue puis incarcéré. Le parquet ordonne une comparution immédiate (l'individu est récidiviste et a déjà passé près de 7 ans de sa vie en prison !). Autre élément à charge : en le fouillant les policiers ont trouvé 22 grammes de cocaïne sur lui, dont 2 grammes en poudre, prêts à consommer.
Devant le tribunal le 10 septembre, il demande un délai pour préparer sa défense. C'est donc ce mardi 22 octobre que D.H. A finalement été jugé par le tribunal correctionnel.
La défense avait demandé une expertise psychiatrique compte tenu de sa volonté exprimée de disparaître, d'être tué par les policiers ou d'aller en prison. « Je suis heureux d'aller en prison » dit-il dans le box des accusés ce mardi... Ce qu'il veut, c'est la prison ou la mort. Il ne cesse de faire des commentaires, jusqu'à perturber le bon déroulement des débats. Le président lui demande fermement de se taire, au risque de se voir expulser de la salle d'audience. Vaine sommation. Après quelques minutes d'insolence vis-à-vis du tribunal, insolence incompatible avec la bonne tenue de l'audience, le juge ordonne son expulsion par l'escorte. Il sera jugé en son absence.
L'on apprend à la présentation du juge qu'il a refusé de se soumettre à l'expertise psychiatrique.
Le 14 octobre, en prison, il refuse de réintégrer sa cellule et fait du tapage au point de perturber les détenus.
Quand vient le moment de sa plaidoirie, la défense se dit elle-même désemparée. C'est la première fois en 11 ans que sont client est expulsé du tribunal. Elle aussi lui a demandé de se taire et de se calmer en début d'audience. Rien y a fait.
Pas de rapport d'expertise, un casier lourd de 19 condamnations, la plupart pour violences aggravées, détention et trafic de stups également. Il est sorti de prison en mai 2023.
En début d'audience, il tenait des propos incohérents, parlait de créer un monde parallèle, s'est dit trop fatigué pour travailler (il a 52 ans)... Bref, le cas semble désespéré.
Le tribunal suit les réquisitions du procureur en le condamnant à 24 mois fermes d'emprisonnement ; maintien en détention ; et interdiction de port d'arme pendant 15 ans.
« Pfff ! 24 mois pour 2 grammes ! » lâche-t'il après le prononcé du verdict.
Rodolphe Bretin