À l’occasion de la Fête de la Préhistoire, le musée de Solutré organise un florilège d’activités inédites ce dimanche ainsi que lundi toute la journée.
En plus de l’accès au musée et aux expositions temporaires, le Parc est ouvert et agrémenté d’un parcours de découverte préhistorique : au pied de la Roche de Solutré, plusieurs stands d’explication, de démonstration et d’expérimentation se suivent le long d’un sens de visite bien huilé.
2 spectacles pour enfants sont également proposés : Préhisto’couette à 11h et 11h45, ainsi que Le long voyage de Tarandro à 16h et 16h45, dont l’autrice est originaire de Solutré. À noter aussi à 17h30 le spectacle tout public « L’Écho des chamanes ».
Le directeur du musée de la Préhistoire Pierre Guillaume Denis détaille l’état d’esprit avec lequel l’établissement reçoit ses visiteurs : « l’archéologie expérimentale permet de passer du savoir-faire au faire-savoir. On a des animateurs passionnés, qui cumulent expertise et amour de la transmission. »
Parmi les ateliers : Arts préhistoriques, dans lequel les curieux apprennent les caractéristiques des gravures et parures de l’époque, avec des outils à disposition pour s’essayer à sa propre création ! Quelques découvertes : les gravures étaient pratiquées sur des objets mobiliers, probablement amenés ici par des itinérants. Si l’on connaît les conditions et l’époque des objets, ceux-ci conservent leur part de mystère concernant leur histoire personnelle : qui étaient leurs propriétaires, que faisaient-ils ici… ?
Sur la suite du chemin se trouve l’atelier sur les os . On y apprend les méthodes d’identification de ceux-ci et ce qui en découle : dent de cheval, reproduction d’un crâne de lion des cavernes…un vestige osseux peut parfois permettre de retracer certaines habitudes des animaux et leur régime alimentaire. Ensuite, place à l’art de la réplique d’objets : une activité essentielle afin de présenter des reproductions complètes, car souvent les vestiges sont cassés ! Plusieurs répliques sont exposées telles que des lissoirs, des propulseurs ou encore des bâtons percés : si vous apprendrez leur utilité par une simple discussion, les chercheurs ont eux mis plusieurs années pour la trouver : « c’est un long travail de recoupe d’informations et surtout d’expérimentation : il faut tester ! Et même quand on trouve quelque chose, on ne peut rien affirmer ». Un travail de patience et d’humilité, donc.
Dans le Parc, vous trouverez aussi la reproduction d’un campement au coin du feu : Mathieu y présente toute sorte d’objets du quotidien pour une immersion réussie ! En s’appuyant sur des différences de méthode dans la création des objets, il réussi à distinguer les différentes époques : par exemple, alors que l’Homme de Néandertal cherche l’efficacité avant l’esthétique, c’est souvent l’inverse chez les Sapiens. « Dans tout ce qu’on fait, nous sommes exponentiels. Notre objectif est d’inventer toujours plus de choses pour nous faciliter la vie. En clair : nous, les Sapiens, sommes des fainéants », sourit-il devant son auditoire.
Plus loin, un atelier « musiques préhistoriques » offre une découverte des instruments – un peu particuliers – de l’époque (écorces de bouleau, coquilles d’escargots…), tandis que le coin dédié à la taille de silex nous permet de se poser quelques questions sur notre condition : « Les Hommes préhistoriques avaient la nature comme seule source d’approvisionnement. Pas de frontières, pas de travaux sur la route…la belle vie ! (…) Quand on parle d’évolution, il faut se dire que ce n’est pas toujours positif : seuls dans la nature, on ne réussirait pas grand-chose actuellement », souligne Florent Le Mené.
Entre les ateliers, le principal étonnement des observateurs concernait la place de l’art chez les Hommes préhistoriques : découvrant des objets sans autre utilité que la beauté, on se rend compte que la culture artistique ne date pas d’hier, et que nos ancêtres avaient assez de temps libre pour se consacrer à tailler des objets non fonctionnels, ce qui contredit quelques clichés survivalistes que nous gardons ancrés.
La fin du parcours sera sans doute la préférée de beaucoup d’enfants : un essai au tir au propulseur, sur lequel énormément butent : « Depuis que je m’en charge aujourd’hui, personne n’a réussi à toucher l’animal fictif » s’exclame l’animatrice en charge de l’atelier.
En bref, un programme riche vous attend pour découvrir cette époque que nous croyons connaître à travers des clichés...souvent érronés.
Comme le dit en souriant Pierre Guillaume Denis, « c’est le meilleur moment pour venir à Solutré ! ». La fête continue demain de 10h à 18h30. Petits ou grands, en famille, seul ou entre amis : profitez-en !
Marion Pinaroli