À l’initiative du Zonta Club Bourg-Mâcon dans le cadre de la campagne internationale Zonta Says No, un projet a été co-construit avec le réseau VIF de Mâconnais-Beaujolais Agglomération (MBA), le Conseil départemental de Saône-et-Loire et la Maison des ateliers.
Une journée de sensibilisation consacrée aux violences intrafamiliales s'est ainsi déroulée ce jeudi 28 novembre à la Maison des ateliers. Cet événement, à destination des professionnels mais aussi du grand public était inscrit dans le cadre de la Journée internationale contre les violences faites aux femmes.
À cette occasion, Madame Ghada Hatem, gynécologue-obstétricienne, fondatrice et directrice de la Maison des femmes à Saint-Denis (93), qui était en 2016 la première structure en France à offrir une prise en charge globale des femmes victimes de violences et de l’excision, un lieu d’accueil où l’on soigne les corps et les âmes, est intervenue lors de conférences et de moments d’échange.
Un programme riche, pour libérer la parole
Le matin était programmé un atelier de sensibilisation auprès des professionnels de la petite enfance animé par Madame Ghada Hatem et Madame Margaux Bouhamidi, coordinatrice du réseau de lutte contre les violences intra-familiales de Mâconnais-Beaujolais Agglomération.
L'après-midi était partagé entre deux conférences : tout d'abord une conférence de presse en présence des partenaires de cette journée de sensibilisation et des élus locaux suivie d'une conférence grand public (gratuite et diffusée en direct sur la page YouTube de MBA) animée par Madame Ghada Hatem et en présence d’une ancienne victime de violences intrafamiliales.
Cette conférence se voulait être un message d’espoir pour les victimes. L’idée était de libérer la parole, d’échanger sur les leviers personnels et collectifs sur lesquels une victime peut s’appuyer afin de s’extraire d’une situation de violences.
Ce qui est important aujourd'hui, c'est que la société dans son ensemble prenne conscience de l'importance et de la gravité de la question des violences, que même si elles s'exercent à l'encontre des femmes, elles abîment parfaitement les hommes et les enfants. Si l'on veut sortir de ce cercle vicieux, il faut s'occuper des victimes, il faut s'occuper des enfants qui sont co-victimes, et il faut s'occuper des auteurs de manière à les sortir de leurs mauvais schémas mentaux de telle sorte qu'ils évitent toute récidive. C'est ça qui permettra que la société aille mieux dans son ensemble.
Ghada Hatem
À l'issue de cette conférence, plusieurs membres du réseau VIF (tribunal judiciaire, forces de l’ordre, France victimes, PEP 71, maison des solidarités) ont échangé avec les participants.
Le Zonta Club Bourg-Mâcon
Valérie Rude, la Présidente du Zonta Club Bourg-Mâcon a expliqué ce qu'est le Zonta Club Bourg-Mâcon, un club services fondé en 1984, faisant parti du Zonta International créé en 1919. Il oeuvre pour construire un monde meilleur pour les jeunes filles et les femmes en encourageant leur autonomisation, en valorisant leurs talents, en soutenant des actions à but humanitaire, social et culturel au niveau local, national et international. Dans cette perspective, le Zonta Club de Bourg-Mâcon porte, chaque année, plusieurs actions pour soutenir les femmes.
Le réseau de lutte contre les violences intrafamiliales de MBA
Le Président de MBA Jean-Patrick Courtois a rappelé que depuis 2018, Mâconnais-Beaujolais Agglomération gère le réseau de lutte contre les violences intrafamiliales (réseau VIF). Ce réseau a pour objectif de prendre en charge toute victime de violences (physique, administrative, psychologique, sexuelle et économique) et de l’accompagner en fonction de ses besoins.
Pour cela, le réseau est composé d’une centaine d’acteurs (forces de l’ordre, associations, bailleurs, avocats, assistantes sociales, ...) permettant une prise en charge globale et rapide.
À ce titre, MBA possède des logements, répartis sur l’ensemble du territoire et dont les adresses sont confidentielles, permettant de mettre à l’abri, dans l’urgence, toute victime se sentant en danger à son domicile.
Chiffres clés 2023
• Une centaine de partenaires au sein du réseau VIF ;
• 492 victimes prises en charge par les intervenantes sociales en commissariats et en gendarmeries, sur le territoire de Mâconnais-Beaujolais Agglomération ;
• 4 logements d’urgence, situés sur le territoire de l’Agglomération, permettant la mise à l’abri des victimes ;
• 15 victimes majeures et 21 enfants mis à l’abri.
Le Conseil Départemental de Saône-et-Loire
Nathalie Damy, Conseillère du Département, Déléguée à l'égalité hommes/femmes et aux violences intrafamiliales a souligné l'implication de longue date du Département dans la lutte contre les violences intrafamiliales (VIF). Ainsi, les services territorialisés du Département (service social, service de l’aide sociale à l’enfance, service de protection maternelle infantile, Maison locale de l’autonomie) interviennent à différents niveaux pour prévenir, détecter, évaluer des situations mais aussi pour orienter, accompagner et protéger les victimes.
Par ailleurs, le Département a adopté en juin 2018 un programme départemental de lutte contre les VIF renforçant son engagement dans ce champ. Ce programme, construit avec une approche transversale, favorise la mise en cohérence des actions des services départementaux tout en les articulant avec celles des partenaires impliqués.
Le programme est articulé autour de trois axes :
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Le premier axe est consacré à la prévention avec la nécessité d’agir le plus en amont pour éviter la survenue des VIF.
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Le deuxième axe est centré sur la coordination, la concertation entre les partenaires pour le traitement des situations notamment par une implication forte dans les réseaux VIF et leur déploiement sur tout le département.
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Le troisième axe concerne le soutien direct des victimes dont différents pans de la vie quotidienne peuvent être affectés. L’objectif est d’activer tous les leviers susceptibles de les aider à surmonter les obstacles pour sortir des VIF.
Anne-Lise Furstoss, Procureure du Tribunal judiciaire de Mâcon, a présenté l'action de la justice.
En 2017, 82 100 personnes étaient mises en cause dans des violences intra-familiales. En 2023, 166 700 ! La réponse pénale a été accélérée.
En 2024, sur 89 affaires, 48 sont passées en déferrement. En 2023, sur 135 poursuites, 67 ont abouti à un déferrement.
Entre 2017 et 2023, il faut noter plus de 111 % de déferrements.
L'action judiciaire s'est considérablement renforcée grâce à tous les intervenants. Aujourd'hui, il existe une prise en charge globalisée des victimes.
Maryse Amélineau
Photos © Maryse Amélineau
Ghada Hatem & Charlotte Sugier (de g à d)
Les Zontiennes