L'association Agir pour la laïcité et les valeurs Républicaines, à l'occasion des 10 ans de l'association, des 10 ans des terribles attentats de 2015 et des 120 ans de la loi du 9 décembre 1905, a accueilli Gérard Biard, rédacteur en chef de Charlie hebdo, ce mardi 4 février à la Verchère.
Un impressionnant dispositif policier (police nationale, gendarmerie, services de protection des personnalités, renseignements…) entourait le rédacteur en chef qui s’exprima devant près de 150 personnes, toutes accréditées à l’avance et passées au détecteur de métaux à l’entrée !
Le président Éric Binet était visiblement satisfait d'avoir pu faire venir une telle personnalité en terre mâconnaise, après une chaleureuse série de remerciements, laissa à Jean Marc Dumas le rôle d’animateur de la soirée : « Pour notre association, nous faisons la promotion d'une laïcité non qualifiée, non adjectivée, et surtout, une laïcité constante. Promotion oui, plus que défense. Nous ne sommes pas sur la défensive, nous sommes acteurs de la valorisation de ce concept de Laïcité, et notamment de cette belle loi du 9 décembre 1905… Nous ne sommes pas des « laïcards », des « anti-religieux », des « « athées » pas plus que des agnostiques, chacun se définit en conscience dans son cercle privé. Certains voudraient nous enfermer dans ces qualificatifs. Nous sommes, dans nos consciences, des citoyens engagés pour la promotion de cette belle liberté qu'est la liberté de conscience.
L'idée de vous inviter, Gérard, est venue en lisant l'édition spéciale « la laïcité expliquée... à la gauche ».
La mémoire du massacre islamiste de 2015 ne peut s’effacer, elle va donc planer en surplomb de la courageuse intervention de Gérard Biard en un exposé profond, érudit et brillant de ceux qui vivent les choses dans leur être.
Ainsi s’affirme, dès les premières paroles, le soutien indéfectible aux libertés d’expression, de création, de conscience. L’ axe général du discours oscille entre la défense de la laïcité fondée sur la liberté de conscience assurée par la loi de 1905, et une critique non seulement classiquement anticléricale, mais irréductiblement antireligieuse. La démonstration n’épargne rien, et seule prévalent la liberté de conscience, la liberté d’expression, la liberté de conduire sa vie individuelle et collective : « La croyance est une béquille existentielle. La religion est un instrument de contrôle social et politique… Le Coran est un livre politique… Un pouvoir religieux est à l’opposé de la démocratie… le dogme religieux est incompatible avec la démocratie… On ne peut laisser avancer Dieu sur le terrain politique… C’est la religion qui opprime, c’est la laïcité qui libère… » Autant de formules percutantes qui s’appuient sur un ensemble de références convoquant les problématiques du voile, l’affaire Mila, le cadre de l’assassinat de Samuel Paty, l’universalisme, les femmes musulmanes, le blasphème etc.
Gérard Biard pointe aussi les dérives existantes dans différentes instances de l’ONU. Il pourfend l’Observatoire de la Laïcité, notamment ses guides qui restent des références. A priori, expliquer la laïcité à la gauche semble être une idée saugrenue : « la laïcité est intimement liée à la gauche : c'est La philosophie des lumières, la liberté de conscience, le libre arbitre, la saine soupape du blasphème, le combat contre le pouvoir religieux et ses dogmes. La loi de 1905 a été portée par la gauche, tandis que la droite a œuvré sans relâche à la combattre et à en diminuer la portée. »
Seulement voilà, depuis quelques décennies, une partie de la gauche, la plus radicale et la plus bruyante, a abandonné ce combat. Cette gauche-là a trahi les valeurs et les principes qui la fondaient pour caresser des fanatiques religieux dans le sens du poil de barbe, laissant la laïcité entre les griffes opportunistes de la droite et, pis, de l'extrême droite, qui se sont employé à la dévoyer au profit de leurs obsessions identitaires. Toute une « pensée » s'est construite autour de cette trahison. Afficher son anti laïcisme est devenu contre toute logique du dernier chic « progressiste ». Gérard Biard sonne l’alerte : « La foi ne peut-être qu’intime ! On ne compose pas avec le totalitarisme religieux. Il faut assumer la laïcité comme rempart contre l’obscurantisme. À tous ces communautaristes inclusifs, indigénistes décoloniaux, accomodeurs raisonnables et autres jésuites du « respect» des différences, n'ayons pas peur d'expliquer, fermement, que la laïcité, sans adjectifs, c'est de GAUCHE. »
Jean-Yves Beaudot