L'association « Femme Aujourd'hui en Bourgogne » (FAB) avait invité ce lundi 3 février au Moulin du Gastronome Pierre Gras du Rotary pour présenter, devant une trentaine de convives, une conférence sur les pionniers de l'Aéropostale, une histoire d'hommes ponctuée d'anecdotes.
Une histoire de courage, d'amitié et de fraternité
Pierre-Georges Latécoère, entrepreneur de l'école centrale Paris, crée en 1917 son entreprise pour fabriquer des avions. En 1918, il livre 800 avions à l'armée française. Il est le premier à émettre l'idée du transport du courrier en Afrique et en Amérique Latine. En 1918, ayant besoin du soutien de l'État, il va entreprendre une importante action de communication pour faire connaître son projet de transport aérien, un projet de prestige pour la France.
Beppo Di Massimi, noble napolitain francophone et francophile, s'engage aux côtés de la France pendant la 1ère guerre mondiale.
Les deux hommes se sont rencontrés à paris, ils partagent la même passion. Di Massimi a des talents de négociateur et de diplomate.
Didier Daurat, l'homme du peuple, héros de la 1ère guerre mondiale, rentré comme pilote, il devient le directeur d'exploitation de la Société des lignes aériennes Latécoère (future Aéropostale) et instaure de la discipline, de la ponctualité, de l'humilité dans l'Aéropostale. Il inaugurera la ligne postale régulière Toulouse–Rabat, le 1er septembre 1919.
Mermoz arrive en 1924, avec 600 heures de vol, il s'est illustré comme l'un des meilleurs pilotes du monde.
La ligne Toulouse-Dakar avec de nombreuses étapes (Alicante, St-Louis...) devient quotidienne en 1922. Premier vol commercial Casablanca-Dakar en 1925.
Antoine de St Exupéry est engagé en 1926 par la compagnie Latécoère. Une de ses missions est de secourir ses camarades pilotes en panne. Il transporte le courrier de Toulouse au Sénégal puis rejoint l'Amérique du Sud en 1929.
Si « partir et arriver à l'heure » était la devise de Di Massimi, Joseph kessel, aviateur, ami de Mermoz, évoque dans son livre « Vent de sable » l'esprit de la ligne : « Il faut penser au courrier avant tout ».
Les défis de l'Aéropostale
Les avions ont un rayon d'action limité à 450 km avec une vitesse de 110 km/h.
Ils tombent régulièrement en panne (tous les 20 000 km)
Ils sont dotés d'un pilotage à l'ancienne avec navigation à vue
Les négociations sont difficiles avec les pays traversés (L'Espagne)
Le survol de régions dangereuses (le Sahara)
Les conditions climatiques sont souvent difficiles
L'Amérique du Sud, la grande aventure
La ligne va entrer dans l'histoire, franchir la Cordillère des Andes et l'Aéropostale rafler tous les contrats.
Latécoère en grandes difficultés financières va vendre ses parts à Marcel Bouilloux-Lafont en 1927. Ce dernier apprend à piloter, investit financièrement et économiquement et donne aux lignes aériennes Latécoère, le nom de Compagnie générale Aéropostale en 1927.
Les meilleurs pilotes viennent pour assurer la liaison avec l'Amérique latine : Henri Guillaumet, Mermoz et St Exupéry vont jouer un rôle fondamental pour cette ligne.
Pierre Gras a évoqué parmi les héros oubliés, Paul Vachet, né à Chalon, qui avait la mission de défricheur, c'est à dire de trouver des endroits pour les pilotes où se poser.
En 1927, inauguration de la ligne Rio-Buenos-Aires. La ligne se prolonge jusqu'au Vénézuela en 1929 puis au Chili.
En 1930, la ligne, en pleine apogée, c'est un réseau de 17 000 km avec 180 pilotes, 250 mécaniciens, 218 avions, 21 hydravions, 8 navires et 53 radios.
1933, la fin de l'aventure légendaire
En 1933, le gouvernement décide de fusionner toutes les compagnies du territoire et reprend l'Aéropostale. Reprise par Air Orient, l'Aéropostale s'arrête brusquement en 1933 avec la création d'Air France.
Maryse Amélineau
Photos © Maryse Amélineau
La Présidente Véronique Frédéric Moreau & Pierre Gras