L’association Femmes solidaires organisait mercredi soir une table ronde à la médiathèque sur l'égalité hommes-femmes dans le sport. Les témoignages ont été éloquents, le chemin à parcourir est encore long.
« Oui, le sport est un sujet féministe et à Mâcon, on y travaille depuis longtemps », entame Sabine Salmon, présidente nationale de Femmes solidaires, par ailleurs pratiquante de karaté. C’est essentiel, le droit à disposer de son corps, la lutte contre les stéréotypes et les discriminations, le besoin de visibilité publique de sportives ». En 2011, Femmes solidaires s’était mobilisée pour une meilleure diffusion des matchs de la coupe du monde de foot avec la campagne « A la télé, pas de filles hors-jeu ». Les choses avancent, peu à peu. Le nombre de diffusions progresse, les audiences aussi et donc les licenciées « car les filles peuvent enfin s’identifier à des modèles. »
Mais il y a encore des combats à gagner sur l’accès aux équipements sportifs ou l’accès tout simplement à des sports considérés comme masculins.
Autre témoin, Marie Massako en fait encore l’expérience, « sur certaines courses cyclo sportives, on me fait comprendre que je ne suis pas la bienvenue ». Cette passionnée de triathlon qui habite dans le Beaujolais est ambassadrice de l’association « Donnons des Elles au vélo » qui a pour but de faciliter la pratique du vélo par les femmes.
Marie fait partie du projet J-1, neuf femmes qui parcourent la veille des étapes du Tour de France le même parcours pour alerter l’opinion. (On pourra donc retrouver Marie le 3 juillet au départ de Mâcon). Elles ont eu partiellement gain de cause avec le retour du Tour de France féminin (mais sur seulement 8 étapes).
L’association mène aussi des actions de sensibilisation dans les écoles et fait la promotion du vélo sous l’angle sport santé.
C’est ensuite Floriane Lamort, karatéka et arbitre qui a pris la parole (avec humour) et raconté son parcours dans son sport préféré, alors que ses parents l’avaient inscrite… à la danse. Elle a fait preuve de pugnacité jusqu’à décrocher une ceinture noire. En tant qu’arbitre, elle sait se faire respecter même sur un combat hommes de 90 kg. Mais sur sa route subsiste des souvenirs douloureux comme l’obligation de se changer dans les toilettes ou les douches, faute de vestiaires appropriés ou des réflexions sexistes qu'elle a eu à subir.
Enfin dernier volet et non des moindres, les violences faites, à 96 % sur des femmes, dans le cadre des clubs sportifs. Il a fallu attendre 2020 pour que la ministre des sports lance une commission nationale sur les violences sexuelles dans le sport. La parole doit se libérer.
Après les débats, les organisateurs ont diffusé des phrases affligeantes prononcées par des personnalités à commencer par Pierre de Coubertin, hostile à la présence des femmes aux JO ou plus près de nous de David Douillet et d’Alain Finkielkraut ; puis des affiches sexistes sur certaines manifestations sportives féminines.
Aujourd’hui seulement 1% des équipements sportifs porte le nom d’une femme et que dire des différences salariales, 2 500 € contre 110 000 € en ligue 1 de foot… L’égalité, c’est une épreuve d’endurance même s’il y a quelques lueurs d’espoir comme ce label de la FFF reçu par le pôle féminin Mâcon FC.
La lutte continue !
David Bessenay