Comme dans d’autres villes en France (Lyon, Toulouse, Montpellier, Avignon, etc.), les livreurs Uber Eats mâconnais sont en grève ce week-end. Ils dénoncent principalement des rémunérations revues à la baisse par leur plateforme.
Il pleut encore, un temps à commander en ligne et à se faire livrer son repas à domicile… Oui mais cette fois, ce sera peut-être plus difficile qu’habituellement.
Une partie des livreurs Uber Eats sont en grève, à l’image de Medhi, 36 ans, qui laisse son téléphone sonner dans le vide. « Je m’en fiche de perdre 50 balles… ». Sous-entendu, il faut que ça change. Les raisons de leur colère ? Des conditions de travail qui se dégradent, des rémunérations qui fondent comme un glacier alpin.
De 3 000 à 1 200…
Car Uber Eats vient de revoir son système de rémunération. Résultat, le prix des courses baisse encore. Erkan 21 ans, livreur à voiture, sur Mâcon témoigne : « Je suis à 100 % livreur depuis 2 ans. Il y a des avantages, on n’a pas de patron sur le dos. Mais d’un autre côté, on travaille dans le froid, on attend beaucoup, les clients commandent moins car la vie est chère, surtout quand les fêtes de fin d’année approchent. À mes débuts je faisais 3000 euros. Aujourd’hui c’est plutôt 1200 euros bruts. Uber baisse constamment les prix, les kilomètres sont mal payés tandis que le gazole augmente »
Sur Mâcon, il y a environ 70 livreurs actifs chaque jour, « sans compter les faux compte, les sans papiers", poursuit Erkan. « Avant je prenais plaisir à faire ce métier. Aujourd’hui c’est compliqué, mais il n’y a personne au bout du fil en cas de problème, on est parfois mal reçu par les restaurateurs… J’espère une meilleure rémunération."
Et de regretter le peu de mobilisation en ce samedi midi : « ça m’embête qu’on soit si peu nombreux, le temps ne joue pas en notre faveur… ». Et puis tous les livreurs n’ont pas suivi le mouvement de grève.
« On demande respect et reconnaissance »
Même son de cloche du côté de Medhi, qui a choisi la double activité, il est aussi ingénieur du son, pour survivre. « Depuis 5 ans, j’ai vu l’évolution, ça a bien changé. Les conditions se dégradent, le service clientèle est mauvais, le traitement des livreurs aussi, certains nous prennent pour des chiens, heureusement pas tous. Et puis l’argent. À l’époque je me faisais entre 2 500 et 3 000 €/mois aujourd’hui j’arrive péniblement à 1000. Nous avons discuté avec eux. Ils sont conscients du problème. Ils nous ont dit vouloir changer l’algorithme, retravailler la tarification, mettre à disposition un contact pour nous, livreurs, en cas de problème. On travaille parfois 12 à 15 heures par jour, on veut du respect, de la reconnaissance ! »
La CGT mobilisée
Ludovic Riou, responsable à la fédération CGT Transports a fait le déplacement depuis Lyon. Il est très remonté contre la plateforme Uber Eats. « On est passé de 4 à 3 € et maintenant 2,85 € la course. Ce n’est même pas le SMIC horaire. Surtout, on ne sait même pas comment l’algorithme fonctionne. C’est pour ça qu’on a lancé un week-end d’action dans plusieurs villes, chacun selon ses modalités (grèves, tractage, rassemblements, etc.)."
Plus précisément, la CGT s’insurge que le temps d’attente des livreurs ne soit pas payé. Et si ce week-end, Uber Eats est particulièrement visée, ses deux concurrents, Deliveroo et Stuart, sont suivis de près : « Les plateformes font jouer la concurrence entre livreurs pour baisser les coûts, c’est inadmissible. »
Et si les consommateurs faisaient grève pour faire pression sur les plateformes ?
David Bessenay