Le conservatoire a signé la charte du réseau en fin d'année dernière, charte destinée à renforcer l'inclusion des personnes en situation de handicap dans toutes les activités musicales et de chant. En tant que nouveau membre, il a pu organiser les 9èmes rencontres nationales dans ses locaux vendredi et samedi.
Jean-Pierre Mathieu, conseiller communautaire en charge de la politique d'inclusion, l'a redit, l'accessibilité repose sur le triptyque aménagement des voiries, des bâtiments et, troisième pilier, la personne elle-même, dont l'état d'esprit se résume trop souvent ainsi : « En tant qu'handicapé.e, ce n'est pas pour moi. »
Si l'Agglomération a consacré 2 millions d'euros entre 2011 et 2014 pour les aménagements, « c'est une condition nécessaire mais non suffisante pour voir ces personnes se saisir de l'offre du conservatoire. Nous avons une référente handicap également aujourd'hui, Cécile Benoist, qui permet encore plus l'inclusion. Mais tout n'est pas gagné, loin de là. Ce qui se passe dans la tête de chacune et chacun pèse. »
« La route est encore longue » a confirmé Véronique Verraest, vice-président de MBA en charge du conservatoire, « mais nous sortirons outillé.e.s de ces deux journées, je n'en doute pas. Oui, l'accessibilité n'est pas seulement matérielle, elle est aussi mentale, psychologique. »
Après l'introduction de ces journées par les élu.e.s et le directeur du conservatoire David Hurpeau, le psychologue clinicien Jean-Pierre Benat, observateur de ces journées, a fait une intervention remarquable sur la dynamique des groupes et la place de l'individu au sein de ces groupes.
Ce fut en effet tout le sens de l'intervention de Jean-Pierre Benat que d'expliquer ce qui se joue dans la tête quand on intègre un groupe, une institution. Ceci se résumant en quelques concepts qu'a évoqué le psychologue, ainsi que dans la dynamique de tout groupe humain, qui génère des positions (créées par le groupe, donc subies) qu'il faut dépasser pour adopter des postures (volontaires). La culture permet cela.
Mais au commencement sont les mots que nous avons créés pour parler d'inclusion. Des mots qui, par le fait même de leur existence, induisent une frontière entre eux et le reste du monde. Inclusion, intégration, assimilation, adaptation, acculturation, absorption, incorporation. « Il faut travailler sur cette frontière, se poser la question « où en suis-je » par rapport au grillage mental ainsi constitué. »
R.B.
Je suggère, en clinicien, non pas le "droit à la différence", mais... le devoir de différence, et une exploration gourmande des cheminements de l'autre.
J.-P. Benat
Marie-Claude Valette, présidente du réseau national musique et handicap