Le projet novateur a été lancé en février et accueille déjà ses deux premiers jeunes résidents…
D’un côté, une résidence autonomie, située en centre-ville, avec des logements vacants. De l’autre, des étudiants et des jeunes actifs à la recherche d’un logement à moindre coût pour bien débuter dans la vie. Et au milieu des partenaires ambitieux et une idée novatrice : celle de créer un habitat intergénérationnel à Mâcon. Tout cela mis bout à bout a permis la concrétisation d’un hébergement intergénérationnel avec deux jeunes résidents depuis un mois aux Épinoches, aux côtés de leurs aînés.
« Ce projet nous tenait à cœur depuis des années avec Annick Blanchard, souligne avec satisfaction Jean-Pierre Mathieu, président du CCAS et conseiller délégué à l’intégration des personnes en situation de handicap. Nous avons toujours été soucieux de développer l’aspect intergénérationnel. Souvent, on le faisait sur des temps courts, des repas partagées, des rencontres rapides. Mais il y a toujours des opportunités dans la vie… »
Et cette fois l’opportunité c’était la vacance de logements à la Résidence autonomie et la volonté des partenaires de travailler dans le même sens. « Je me souviens d’une rencontre avec Catherine Pelet, alors sous directrice de la cohésion sociale aujourd’hui directrice adjointe de la DDETS (Direction départementale de l’emploi, du travail et des solidarités) qui m’avait dit que le Préfet avait ce souci de pouvoir loger des étudiants à des prix modérés, et ce avant que j’aille à une réunion… Le groupe senior puis le conseil d’administration du CCAS m’ont suivi dans cette voie et nous sommes aujourd’hui contents d’entrer dans cette phase expérimentale grâce au travail conjoint de l’État, de la CAF, du CCAs et de l’Aile Sud Bourgogne. »
« Favoriser l’interaction et les échanges »
La résidence autonomie, située rue des Épinoches, qui compte 109 logements, abrite depuis février six studios ouverts aux jeunes : deux au 2e étage, deux au 3e et deux au 4e, « avec un appartement dans chaque aile pour permettre concrètement cette cohabitation entre senior et jeunes, favoriser l’interaction et les échanges et ne cloisonner personne dans une partie de la résidence », souligne Vincent Bossuwe son directeur. Studios d'une trentaine de mètres carrés remis en état pour des étudiants et équipés par le CCAS avec un coin nuit (lit, chevet et grand armoire intégrée), un coin salon avec bureau, fauteuil, prise TV et téléphone, une kitchenette équipée, un balcon, des stores roulants… Le tout offrant un certain confort et un large espace, bien mieux que ceux proposés par ailleurs. Deux de ces six logements sont actuellement occupés.
Bien sûr, pour pouvoir intégrer ces logements, il y a un certain cahier des charges à respecter, des règles à suivre et remplir certaines conditions, avec des dossiers validés par une commission d’admission. Le suivi est assuré par le CCAS et l’Aile Sud Bourgogne. « C’est important que tout soit cadré et bien suivi ! Ce qui nous également tient à cœur au CCAS, c’est cette logique de droits et devoirs, on a envie de ce lien intergénérationnel certes, on aide les jeunes aussi, mais on souhaite que ces bénéficiaires puissent apporter des choses aux seniors, des projets auxquels on n’aurait pas forcément pensé. »
« Chacun tire bénéfice de ces échanges fructueux »
Pour Florence Battard, présidente de l’Aile Sud Bourgogne et vice-présidente chargée de l’enseignement supérieur à MBA, ce projet innovant et partenarial répond à un besoin, avec la mise en place d’une réponse originale pour permettre à des jeunes aux moyens modestes de se loger. « C’est une solution pertinente pour les jeunes étudiants, mais aussi pour jeunes suivis à l’Aile sud bourgogne en formation, en début de vie professionnelle. La résidence peut ainsi accueillir une jeunesse très diversifiée qui accepte un certain nombre de règles communes et d’apporter sa pierre à l’édifice. Outre le loyer modeste, cet habitat intergénérationnel a d’autres vertus : la rencontre entre jeunes et moins jeunes, chacun tirant bénéfice de ces échanges fructueux, une démarche citoyenne, un logement confortable bien situé, un service apporté par le jeune au sein de la résidence en fonction de ses compétences. Alexandre, un de nos deux jeunes résidents, travaille dans le domaine numérique et anime par exemple des ateliers auprès des seniors en leur faisant découvrir ce domaine et en leur apprenant à utiliser les outils informatiques. »
« La CAF est partenaire de ce projet parce qu’il est innovant et qu’il apporte des solutions économiques, pratiques, proches du centre-ville, aux familles et aux jeunes, explique de son côté Isabelle Jost, présidente de la CAF 71. Ce que l’on souhaite, c’est que tous les jeunes puissent accéder au logement et lever ainsi les freins vers l’insertion. Ces logements sont conventionnés et la CAF verse aux jeunes les aides au logement. On dit souvent que les jeunes font un effort d’aller vers les personnes âges, mais beaucoup d’entre eux ont envie d’aller vers eux parce qu’ils sont éloignés de leurs propres grands parents, ils ont besoin de rencontrer des personnes plus expérimentées, d’avoir des points d’appui pour échanger, une culture autre que celle du milieu étudiant ou professionnel pour dialoguer. C’est aussi comme ça que l’on fait de la cohésion sociale ! »
Tous espèrent maintenant développer ce projet expérimental et satisfaire ainsi plus de jeunes Mâconnais. « Nous allons communiquer sur ce dispositif auprès des établissements scolaires également. » Les jeunes intéressés peuvent se rapprocher également du CCAS et de l’Aile Sud Bourgogne qui les accompagnera.
Et Annick Blanchard de conclure : « On est vraiment sur un projet gagnant-gagnant à 100 % ! Les jeunes sont enchantés, c’est une tranche de vie qui les marquera. Et les seniors sont aussi ravis. Ils nous parlent des retombés positives, c’est un coin de bonheur dans leur tête ! »
« C'est comme dans une grande famille et on s'ouvre mutuellement l'esprit »
Qui mieux pour en parler et confirmer que Marion, une des premières à bénéficier de ce projet (avec Alexandre, jeune alternant absent le jour de la présentation de ce projet). Marion est Mâconnaise. Après un service civique de neuf mois à la Ville de Mâcon dans les cantines scolaires, au temps après l’école et au centre de loisirs, auprès des enfants en situation de handicap également, elle a été embauchée à la mairie. Elle a été séduite par ce projet.
« J’ai toujours beaucoup aimé parler avec les personnes âgées qui sont riches de plein de choses, ce sont des mémoires vivantes qui nous apportent leurs témoignages et nous aident à comprendre l’évolution de la société. En échangeant avec elles, on voit vraiment la différence entre notre vie et la leur, on prend conscience de notre privilège de vivre à notre époque également. Ici, c’est comme se retrouver dans une grande famille, au calme et bien entourée. Il y a vraiment un lien qui se créé. Ces personnes ont cette appétence, cette envie d’apprendre des nouvelles choses comme les nouvelles technologies, la culture actuelle, il y a un réel échange interactif. On s’ouvre mutuellement l’esprit. Ce que je pourrais dire à ceux qui sont tentés par l’expérience ? C’est extrêmement enrichissant, ça permet de s’intéresser à des choses auxquelles on n’aurait jamais pensé. On rencontre de nouvelles personnes et on se découvre un peu soi-même aussi en étant à la fois seule dans notre appartement, tout en vivant en communauté ! »
D. C.
Marion, une des deux jeunes résidentes