Ses sentiments pour elle, incontrôlables, avaient pris le dessus – « Je ne me suis pas rendu compte » − s’est expliqué le prévenu ce mardi dans le box des accusés. Cela n'a pas été suffisant pour le tribunal.
Placé en détention provisoire depuis le 24 octobre pour harcèlement contre son ex-compagne via téléphone portable – harcèlement entrainant une interruption temporaire de travail de 30 jours pour la victime –, K.B., 38 ans, était jugé ce mardi après-midi au cours d’une comparution immédiate par le tribunal correctionnel de Mâcon. Les faits reprochés remontent au 7 juillet de cette année et se sont reproduits jusqu’au 21 octobre, date de son interpellation suite au dépôt de plainte de la victime.
Avant cela, il avait été condamné le 5 juillet de cette même année à 8 mois de prison avec sursis pour violences sur la même personne, et interdiction d’entrer en relation avec elle ! Le non respect de cette interdiction lui avait valu un premier mois d’incarcération.
Bien difficile de justifier auprès du tribunal 88 SMS et 97 vocaux envoyés dans l’espoir d’ « une ouverture » dit-il à la juge, sinon en redisant l’intensité de ses sentiments pour elle et contestant le nombre de messages. « Elle m’a retrouvé le cerveau » dira-t’il. « Il l’avait dans la peau, tel un drogué » défend son avocat Maître Pierre Dufour, plaidant la relax dans cette affaire de harcèlement que « rien ne montre que cela en soit effectivement. M. B. n’a jamais été insultant ni dégradant, c’est elle qui le traite le traite de “clochard” et termine son SMS avec un smilay bisou avec un coeur… C’est elle aussi qui lui répond “Allah n’a pas fini de te punir” - “t’es un vieux mec” - “je vais me marier”… Nous sommes seulement sur un non respect des obligations. Il n’y a pas d’intention malveillante. C’est du soin dont il a besoin. »
Des arguments auxquels le tribunal ne sera pas sensible, suivant au mois près les réquisitions de la procureure de la République, à savoir 18 mois de prison dont 12 avec sursis renforcé d’une durée de 3 ans, interdiction de paraître à Mâcon et à Clessé (où la victime s’est réfugiée, chez son père), obligation de travail et de soin, et maintien en détention.
En effet, K.B. a un casier qui plaide contre lui : violences contre la même femme pas plus tard que cet été, conduite sous l’empire de produits stupéfiants, conduite sans assurance et malgré en retrait de permis cette année encore.
Soumis à une expertise psychiatrique, il a été déclaré accessible à une sanction pénale, sans pathologie particulière, sinon un besoin irrépressible de séduire et une incapacité à faire des choix.
De l’autre côté, la victime, maman d’une petite fille, souffre d’exéma, d’insomnies et d’angoisses.
« Ce n’est pas que de ma faute » tentera-t’il pour se défendre. « Elle doit de l’argent, il y a pas mal de monde qui ne l’aime pas beaucoup dans le quartier. Je ne suis pas le seul responsable de sa situation. » Ses derniers mots seront pour exprimer des regrets.
Mais comme nous l’avons dit, rien n’y fera. K.B. est déclaré coupable et écope de 6 mois fermes et révocation du sursis de la précédente condamnation. Ce sont donc 14 mois qu’il passera en prison dès ce 19 novembre. Les 18 mois qu’il prend sont assortis D’un sursis probatoire de 12 mois pour une durée de 2 ans.
Rodolphe Bretin