Audience bien compliquée pour la juge vendredi après-midi, qui avait IA en comparution immédiate suite à des violences commises sur son épouse à deux périodes distinctes, les dernières ayant été signalées début octobre par l'hôpital de Mâcon.
En effet, pas de plainte déposée par la victime, venues se faire soigner une plaie à la main faite par un couteau à pain ; deux caractères forts mais visiblement incompatibles (la victime est là, présente, alerte, bagage intellectuel élevée - Elle est titulaire d'un bac +4) ; et deux familles à l'influence importante sur les deux conjoints (elles sont présentes elles aussi dans la salle)... Un tableau plutôt chargé dont il s'avère relativement difficile d'y voir clair.
IA est accusé également de bousculade, gifle et arrachage de cheveux, commis depuis le 1er janvier 2020, le tout en récidive. Il a contre lui un casier avec 3 condamnations dont une pour violences conjugales (4 mois avec sursis, écopée en février 2021), et, surtout, un rapport du médecin légiste pour les deniers faits, faisant état de cette plaie à la main « qui ne peut être que le fait d'un tiers » précise le rapport.
Pourtant, il nie toutes violences sur sa femme à quelque moment que ce soit. Il pousse jusqu'à prétendre que les marques évoquées par le tribunal sur le cou, dans le dos et sur les jambes de sa femme sont du... maquillage ! Les cheveux arrachés ? « Non, elle se les ai coupés. » En gros, sa femme est une menteuse. Le coup de couteau dans la main ? « C'est elle-même qui se l'ai fait. On s'est disputé, puis je suis arrivé derrière elle pour l'embrasser alors qu'elle coupait du pain, et elle s'est retournée brutalement, pour me repousser. J'ai saisi le couteau pour me protéger et elle a appuyé dessus avec sa main. On se dispute souvent, c'est vrai, surtout quand j'ai trop bu, mais jamais je ne l'ai frappée. Elle peut être violente avec moi vous savez, je ne fais que me défendre. »
Question qui vient immédiatement à l'esprit de la juge après ces derniers mots : « Mais alors pourquoi n'avez-vous pas porté plainte ? » Réponse de IA : « Parce que je l'aime. »
Ces deux-là ont eu un enfant il y a un an. Doit-on y voir la preuve d'un amour sincère qui unit ce jeune couple (IA a 28 ans) ? La victime donne sa réponse en témoignant à la barre : « On habitait à Chambéry et je nourrissais un idéal de famille. Puis on est venu à Mâcon, et cet idéal s'est brisé à cause de ses mauvaises fréquentations. C'est pourtant un bon père et un bon mari, sauf quand il a bu. Il reste un bon père mais il est violent avec moi quand il a trop bu. Il lui arrive de rentrer tard et ça dérape très vite. Moi, je suis exigeante avec lui pour le bien de ma fille. Donc je ne laisse pas passer. »
− « Je n'ai le droit de rien, je ne peux même plus la changer sans craindre qu'elle m'accuse de viol ! » se défend-t’il.
Il est arrivé qu'en effet, la victime se montre agressive avec lui, en lui prenant sa ceinture et en lui passant autour du cou pour le ramener vers elle...
Par ailleurs, elle filme certaines « scènes de ménage », « au cas où » dit-elle. Le cas où est advenu ce 4 octobre... le tribunal a de la matière visuelle.
Encore accrochée à son idéal et à l'image positive qu'elle a de son mari, elle n'a donc pas porté plainte. Comme nous l'avons écrit plus haut, c'est l'hôpital qui a fait le signalement le 4 octobre après l'avoir reçue en soin pour sa main.
Néanmoins, il lui est arrivée de déposer des mains courantes par le passé. Le ministère public souligne d'ailleurs dans ses réquisitions, des traces de morsures et de doigt au niveau de l'épaule et des bleus au visage. Pour résumer, « des lésions de défense qui montrent un état d'anxiété très fort pour faire face à un tyran domestique. »
La substitute de la procureure requiert 18 mois de prison dont 6 mois avec sursis.
Suite aux dernières violences du 4 octobre, la victime a vu trois médecins. Le premier, juste après les faits, accordera une ITT de 30 jours ! Les suivants ne mettront respectivement que 2 et 3 jours pour le dernier, le médecin légiste.
Lors de l'audience, les deux se retrouvent finalement sur la nécessité du divorce. S'en est terminé de cette relation toxique et nocive pour les deux.
Relaxé pour les faits de violence datés de janvier 2020 à février 2021, IA écope finalement d'une peine de 18 mois de prison dont 10 avec sursis probatoire de 2 ans. Le peine de 4 mois avec sursis prononcée par le tribunal correctionnel de Chambéry est révoquée. Il purgera au final une peine de 12 mois avec bracelet électronique.
Il était en prison depuis le 6 octobre, dans l'attente d'un rapport d'expertise psychiatrique qui n'a pas été fait... Vendredi après son jugement, il y retournait simplement quelques jours dans l'attente de l'ordonnance qui devait délivrer le bracelet électronique.
Il s'est vu également ordonner de verser 500 € de dommages et intérêts à sa fille, les faits ayant été commis en sa présence.
Il a obligation de soins et conserve son autorité parentale.
Rodolphe Bretin