jeudi 26 décembre 2024

 

Il avait fondé la CAPEN 71 (Confédération des Associations pour la Protection de l'Environnement et la Nature).

 

Les Écologistes de Bourgogne ont appris ce jeudi le décès de l’un des leurs, survenus à l’âge de 77 ans tandis qu’il s’occupait de son jardin.

Alors même qu’il discutait encore, quelques heures plus tôt, avec les uns et les autres de la situation politique nationale, Thierry Grosjean nous a donc quittés. Sans mise en demeure, sans préavis, sans lettre recommandé avec accusé de réception. Ce qui, pour l’excellent et redoutable connaisseur des procédures administratives qu’il était, est rien moins que surprenant.

Thierry, à une époque où elle était encore relativement balbutiante, est très vite devenu un militant  convaincu et convaincant de l’écologie politique. Avant de cofonder en 1984 le parti Les Verts, avec Dominique Voynet, René Montagnon, Alain Cordier, Lucienne Haese et beaucoup d’autres, il fut de ceux qui menèrent campagne en 1982 pour l’écologie, dans des salles peu fournies mais avec une foi capable de transporter des montagnes.

Battre la campagne, Thierry aimait ça, surtout si c’était avec des copains. Et quand il fallut assumer des responsabilités électives, il déploya l’énergie qu’on lui connait pour exercer pleinement et sans concession son mandat de conseiller régional écologiste (de 1992 à 1998), puis de membre du CESER Bourgogne (de 2007 à 2013).

Parallèlement, Thierry s’est attelé à la création d’un réseau associatif dans le Val de Saône, la CAPEN 71 (Confédération des Associations pour la Protection de l'Environnement et la Nature en Saône-et-Loire), devenue en 2021 FNE 71 (France Nature Environnement de Saône-et-Loire). Un outil d’une redoutable efficacité juridique, un centre de ressources précieux pour connaître le Vivant, un lieu d’initiation et de socialisation essentiel pour des générations d’écologistes du département de Saône-et-Loire et de toute notre région.

Thierry fut de toutes les luttes contre les projets de nature à porter atteinte à l’environnement, à la biodiversité, à la santé. Passionné et compétent, il préparait de façon méticuleuse ses dossiers et les recours, souvent victorieux, qu’il déposait pour les associations auprès des tribunaux administratifs. C’est, pour ne citer que cet exemple, grâce à son obstination que les habitants de Boyer, près de Tournus, ne vivent pas à quelques mètres d’une centrale nucléaire.

A ses moments perdus, Thierry se passionnait aussi pour la forêt. Avec ses compères Lucienne Haese et René Montagnon, il a contribué à mettre sur pieds le fameux Groupement forestier pour la sauvegarde des feuillus du Morvan, qu’on ne présente plus. Qu’on ne devrait en tout cas plus avoir besoin de présenter tellement ce dernier a, depuis sa création en 2003, largement fait ses preuves en acquérant plusieurs centaines d’hectares de forêts du Morvan pour y pratiquer une sylviculture respectueuse de la biodiversité et luttant contre la fermeture des paysages.

Quand Fabrice Nicolino lança en 2020 le mouvement « Nous voulons des coquelicots », Thierry fut l’un des premiers à répondre présent dans notre département et ne fut pas le dernier à faire vivre ce mouvement citoyen dirigé contre, entre autres pesticides, ce glyphosate qu’Emmanuel Macron avait promis d’interdire et que, par manque de courage, il laisse s’épandre aujourd’hui encore.

Aujourd’hui, les pensées des Écologistes vont à son épouse Eliane et à leurs deux fils, Arthur et Mathieu. Thierry va nous manquer. Il nous manque déjà. Son intégrité totale, sa passion, ses coups de gueule, son humour, sa maîtrise des arcanes du droit, sa connaissance encyclopédique du Vivant : Thierry était de ces êtres qui ne laissent personne indifférent. Qu’il repose en paix.

Dominique Cornet, 
Secrétaire régional des Ecologistes de Bourgogne