Mais le Mâconnais résiste mieux à cette tendance…
22 500 bébés sont nés en 2024 en Bourgogne-Franche-Comté, un niveau historiquement bas. C’est l’une des plus fortes baisses de France métropolitaine. Le nombre de femmes en âge de procréer est en recul depuis vingt ans. Le ralentissement de la fécondité depuis 2010 s’amplifie, et concerne désormais toutes les classes d’âge. Dans les territoires aux franges de la région, la bande frontalière, le Sénonais et le Mâconnais, la fécondité demeure la plus élevée.
Forte baisse du nombre de naissances dans la région
En 2024, 22 500 bébés sont nés en Bourgogne-Franche-Comté. C’est le plus faible nombre de naissances enregistrées dans la région depuis cinquante ans. Cette baisse s’inscrit dans le long terme : elle est continue depuis le début des années 2010. Par rapport au point haut du début des années 2000, près de 10 000 naissances de moins par an ont été enregistrées en Bourgogne-Franche-Comté. Ce mouvement n’est pas spécifique à la région mais y est plus marqué : en un quart de siècle, le nombre de nouveaux-nés a diminué de 31,8 %, contre 18,8 % en France métropolitaine.
Tous les départements de la région sont concernés par cette diminution. Toutefois, elle est particulièrement forte dans ceux où le vieillissement est le plus marqué. Ainsi le nombre de naissances a diminué de presque 40 % dans le Jura et en Haute-Saône. Avec la Nièvre et le Territoire de Belfort, ils figurent parmi les dix départements métropolitains pour lesquels la baisse est la plus forte.
De moins en moins de nouvelles mères
Le nombre de premiers enfants a nettement diminué, alors qu’il représentait il y a encore 15 ans près de la moitié des naissances. Il a baissé de 38 % en 25 ans, et a même chuté de moitié en Haute-Saône. Le nombre de deuxièmes naissances dans la région s’est également réduit mais de façon moindre (-19 %), sauf dans le Jura et en Côte-d’Or où il s’est stabilisé. Il y a désormais plus de deuxièmes naissances que de premières, en Côte-d’Or et dans le Doubs.
Moins de femmes en âge de procréer dans la région
Ce recul de la natalité dans la région tient pour moitié à la baisse du nombre de femmes âgées de 15 à 49 ans, en âge de procréer. Entre 2000 et 2024, en Bourgogne-Franche-Comté leur nombre est passé de 642 000 à 542 000. C’est la conséquence de la dégradation de la natalité constatée dans les années 1990, marquées par un repli de la fécondité après la crise économique de 1993. Moins d’enfants sont nés à cette époque, 30 ans plus tard, moins de femmes sont en âge d’avoir des enfants. Il y a par conséquent moins de naissances aujourd’hui. Cette réduction est particulièrement marquée en Bourgogne-Franche-Comté : elle est de 16 % depuis 2000, contre 3 % seulement en France métropolitaine. C’est la conséquence du vieillissement plus rapide de sa population, et d’une moindre attractivité envers les jeunes. La Bourgogne-Franche-Comté est particulièrement concernée par ces deux facteurs, avec davantage de départs que d’arrivées chez les jeunes.
Ce constat régional masque cependant des disparités territoriales. Beaucoup de petites et moyennes agglomérations ont connu des difficultés économiques liées à un déclin industriel et des départs d’habitants. Les générations en âge d’avoir des enfants aujourd’hui y sont bien moins nombreuses. À l’inverse, les territoires les plus dynamiques en termes d’emploi ou d’offre de formation ont vu leur nombre de jeunes et/ou d’actifs se stabiliser : c’est le cas par exemple des grands centres urbains de la région (Dijon et Besançon), de leur espace périurbain immédiat, et de la bande frontalière.
Indicateur conjoncturel de fécondité : 1,53 enfant par femme en 2024
En Bourgogne-Franche-Comté, au-delà de mères potentielles moins nombreuses, l’autre moitié de la baisse de la natalité est à rechercher dans la moindre propension des femmes à avoir des enfants. En 2024, l’indicateur conjoncturel de fécondité de la région était de 1,53 enfant par femme en Bourgogne-Franche-Comté, légèrement moins qu’en France métropolitaine (1,59). Mais nettement moins qu’il y a encore 15 ans, où ce taux était de 2,00 enfants par femme dans la région.
Pendant les 40 dernières années, la baisse de la fécondité des plus jeunes femmes (15-24 ans) était compensée par une hausse de celle des plus âgées (35-49 ans), une conséquence notamment de l’allongement de la durée des études. Depuis 2020 dans la région, la fécondité diminue pour toutes les classes d’âge. C’est particulièrement vrai pour les femmes de 25 à 34 ans, historiquement les plus fécondes. Dans cette classe d’âge, l’indicateur conjoncturel de fécondité est ainsi passé de 1,31 enfant par femme à 1,00. Les causes de cette diminution sont multifactorielles, sans qu’il soit possible à ce stade de mesurer les effets de chacune : des ruptures d’union plus fréquentes, des problèmes de fertilité, ou encore des incertitudes plus fortes vis-à-vis de l’avenir conduiraient les couples à abandonner leurs projets d’enfants.
Une fécondité plus forte dans la bande frontalière et le périurbain
À âge donné, la propension des femmes à avoir des enfants diffère selon les territoires. Elle est plus forte dans les zones les plus attractives pour les jeunes actifs, en particulier pour les 25-34 ans. La proximité d’emplois bien rémunérés constitue un facteur important. Ainsi, le taux de fécondité est plus élevé dans la bande frontalière avec la Suisse et dans les territoires aux franges de la région comme le Sénonais et le Mâconnais. À l’inverse, au cœur des deux grandes agglomérations de la région, la fécondité est globalement plus faible : la part de jeunes femmes en études est importante, or ces populations font généralement moins d’enfants et à des âges plus élevés. La fécondité des femmes plus âgées y demeure l’une des plus importantes.
Nicolas Bourgain et Charles Pilarski (Insee BFC)