Partis de la mosquée ESSALEM de Sancé à 14h30 dimanche, les marcheurs et marcheuses ont pris la direction de la place St-Pierre à Mâcon.
Avant de partir, tout le monde s'est rassemblé à la mosquée pour entendre les raisons de cette marche, dites par Nourredine Omar et Nicole Séjourné, représentant le culte catholique, tout deux membres du groupe inter-religieux de Mâcon, groupe à l'initiative de la marche.
Nourredine Omar a bien précisé qu'il ne s'agissait pas d'une marche confessionnelle mais d'un moment pour « s'entre-connaître », comme il est mentionné dans un verset du Coran qu'il a cité : « O hommes ! Nous vous avons créés d'un mâle et d'une femelle, et nous avons fait de vous des nations et des tribus, pour que vous vous entre-connaissiez. Le plus noble d'entre vous, auprès d'Allah, est le plus pieux. »
Un verset, cité également, fait l'éloge de la diversité : Si Allah avait voulu, certes il aurait fait de vous tous une seule communauté. Mais il veut vous éprouver en ce qu'il vous donne. Concurrencez-vous dans les bonnes oeuvres. C'est vers Allah qu'est votre retour à tous ; alors il vous informera de ce en quoi vous divergiez. »
« La diversité est un signe du Créateur et un facteur d'enrichissement pour les hommes. Le but de notre marche est de se mélanger, de se rencontrer et d'échanger. Se déplacer en soi-même et entrer en relation avec l'autre, pour savoir qui il est » a conclu Nourredine Omar.
Chaque culte devait mettre en mot cette fraternité lors du passage des marcheurs et des marcheuses, qui se sont arrêtés au temple protestant, à l'église Notre Dame de la Paix, pour terminer en l'église St-Pierre où ils ont été reçus par le Père André Guimet qui a rappelé une expression particulièrement d'actualité : “Il ne faut pas avoir peur de l’autre, mais avoir peur pour l’autre”, « si nous faisons cela, alors la paix est possible » a-t-il affirmé avant de conclure « Aimer est nécessaire ».
Sur le parvis de l’église Saint-Pierre, les marcheurs se sont rassemblés autour d’Hervé Reynaud, adjoint au maire en charge du dialogue interculturel, qui a déclaré : « A une époque où l’évocation des religions nous ramène trop souvent à des tensions, voire à des guerres, il est rassurant de constater que nous pouvons, ici à Mâcon, nous retrouver pour partager et échanger en paix. » avant de remercier les organisateurs de la marche interreligieuse. « Ici à Mâcon, les lointains échos des conflits de ce monde nous parviennent néanmoins. Ils mettent en danger notre unité et fragilisent notre communauté de destin. (…) Quelles que soient nos convictions, quelles que soient nos affinités ou nos origines, nous devrons toujours nous retrouver dans la paix et la tolérance, réunis autour des valeurs de la République. La violence et la haine n’ont pas leur place sur notre sol et parmi nous. Travaillons ensemble, à Mâcon et pour toute la France, à une société de fraternité et de tolérance » a conclu M. Reynaud.
Pour conclure cette journée, Patrick Hubert, au nom du groupe interreligieux de Mâcon, organisateur de l’évènement, a lu le texte suivant :
« Nous voulons rendre hommage à celles et ceux qui, dans tous les conflits qui détruisent le monde, se lèvent pour dire non à l’engrenage de la violence, et pour regarder l’autre, même différent, non pas comme un ennemi à détruire mais comme un être humain à respecter. En se comportant ainsi, elles et ils sauvent notre Humanité !
Et si, aujourd’hui, marcher ensemble était notre humble objectif, sûrs que nous mettre en chemin ne pouvait que nourrir notre désir de mieux nous connaître ?
Nous avons cheminé dans la ville de Mâcon et, en même temps, à l'intérieur de nous-mêmes, en dépassant nos réticences, nos appréhensions, nos hésitations, peut-être nos préjugés nourris par la peur de l'inconnu, de l'étranger, finalement tout simplement de "l'autre que moi".
En ouvrant une porte, une nouvelle expérience, une approche non attendue, un échange a pu avoir lieu et nous découvrons un visage qui parle, qui nous parle, qui se dirige vers le même horizon que nous-mêmes, par des chemins différents.
Tout le défi consiste à ce que nos différences ne nous fassent pas craindre l'autre mais nous permettent de grandir, de nous enrichir mutuellement. En allant vers cette fraternité à laquelle nous aspirons tous, fondement de notre République, nous exprimons une de nos valeurs communes et essentielles.
Les Êtres Humains que nous essayons d'être, croyants ou non, ne peuvent vivre la fraternité et trouver la paix qu'en étant en harmonie les uns avec les autres et non dans la crispation et la peur. Si un être est apaisé, sa famille, son lieu de travail le deviennent aussi, puis son quartier, son pays… Croyants, humanistes, il y a en nous un incessant appel à vivre selon ces principes, car la voie de la paix passe aussi par le dialogue.
Au terme de ce bout de chemin parcouru ensemble aujourd'hui, nous sommes donc invités à continuer chaque jour de notre vie, à approfondir la découverte de l'autre, à prendre le temps de nous rencontrer, et, petit à petit, de nous connaître et de nous estimer.
Ainsi mettrons-nous en actes la fraternité. »
Rodolphe Bretin et David Delecroix
© Photos Rodolphe Bretin
Il était demandé aux participants de porter quelque chose de blanc dans leur tenue.
© Photos David Delecroix
Hervé Reynaud
Patrick Hubert
A l'issue de la marche, chacun pouvait laisser un mot sur ce que lui avait inspiré cette marche