Comme il en a pris l’habitude, le Préfet Yves Séguy a réuni ce mardi matin 15 avril les représentants économiques du territoire (branches, syndicats, banques, tribunal, services de l’État). Sans surprise, les inquiétudes sont palpables et les effets de la crise se concrétisent.
La conjoncture géopolitique mondiale fait planer sur l’avenir des incertitudes que les milieux économiques n’apprécient guère. Les effets de cette situation commencent à se faire sentir très concrètement sur le territoire même si dans le Département la situation est contrastée avec des secteurs comme le nucléaire qui se portent bien et certaines zones géographiques qui résistent mieux en l’occurrence le triptyque Mâcon-Chalon-Le Creusot.
Le nombre de demandeurs d’emploi dépasse les 20 000 sur le département (en partie dû à la réforme du RSA qui oblige le bénéficiaire à s’inscrire à France-Travail). Paradoxalement, certains secteurs économiques peinent à trouver de la main-d’œuvre, notamment pour les emplois peu qualifiés. La CPME se plaint par ailleurs que les grands groupes viennent siphonner la main-d’œuvre des petites entreprises.
Au global, le nombre de salariés sur le département, environ 19 000, a toutefois augmenté l’an passé (+ 400). Mais plusieurs plans sociaux ainsi que des dispositifs d’activité partielle sont en place attestant de la fragilité actuelle.
Le tribunal de commerce signalait une augmentation des défaillances des entreprises en ce début d’année, notamment des TPE et PME. « C’est plus qu’une tension, les entreprises souffrent. »
Les Français, rois de l’épargne
Le directeur départemental des finances publiques, Franck Lévêque, confirmait en recul de 1 % de l’activité économique sur le territoire avec des tensions exacerbées ces derniers mois (demande de délais de paiement URSSAF récurrents). Toutefois, « le pouvoir d’achat se maintient et l’inflation est maîtrisée. »
Et les Français, peu confiants en l’avenir, continuent d’augmenter leur épargne qui atteint un niveau record (85 Mds au niveau national) ! Cette situation, même si elle offre une capacité de résilience, est préoccupante car cet argent-là n’est pas investi dans l’économie réelle.
Du côté du Crédit Agricole, on signalait un accès facilité au crédit (baisse des taux) pour autant le volume des crédits accordés baisse car les demandes sont moins nombreuses, preuve que les Français hésitent à investir. En attendant, les banques, elles, continuent de recruter…
Le bâtiment au ralenti, les auto-entrepreneurs visés
La CAPEB partageait son ressenti négatif sur la situation : un marché du neuf tendu, celui de la rénovation à la baisse et des entrepreneurs avec le moral en berne à cause de la lourdeur administrative et de la concurrence des auto-entrepreneurs à qui on a bien envie de faire payer de la TVA ! « On veut un plan bâtiment sur 10 ans. En Saône-et-Loire il y a de l’emploi pour attirer les gens mais ils ne savent pas où se loger. »
La fédération du bâtiment, qui attend une perte de 50 000 emplois au niveau national, dénonçait les contraintes réglementaires insupportables et les retards de paiement pénalisants, y compris de la part des collectivités.
Sébastien Mignot (CPME, branche commerce) lançait un cri du cœur : « Je suis inquiet, on a besoin d’air. Les crises se succèdent sans que l’on puisse récupérer, les chefs d’entreprises sont à bout et parfois ne se versent plus de salaires. »
David Bessenay