Au lycée Agro Bio Campus de Davayé dirigé par M Jean-Philippe Lachaize, étaient organisées ce vendredi 8 mars, journée internationale de lutte pour les droits des femmes, deux tables-rondes avec pour la première des portraits de femmes professionnelles de la vigne et du vin, et la deuxième sur le thème de l’insertion professionnelle des femmes dans les métiers de la vigne et du vin. Elles étaient cheffes d’exploitation, vigneronnes, conductrices d’engins, cavistes, œnologues, commerciales, à participer à ces échanges en direct notamment avec les jeunes étudiants du Lycée Agro Bio Campus de Davayé.
A travers leurs différents parcours, elles ont pu montrer qu’être une femme et travailler dans les métiers de la vigne et le vin c’est possible. Elles ont exposé avec enthousiasme et passion leurs professions et leurs réussites et aussi parfois les difficultés rencontrées avec une vraie sincérité, des moments très concrets et parfois très poignants dans les témoignages de cet après-midi.
En effet, même si les choses se sont beaucoup et nettement améliorées avec le temps et s’améliorent encore, il reste parfois encore une suspicion latente envers certaines femmes lorsqu’elles obtiennent un job, confient certaines intervenantes. Le milieu du vin n’échappe pas aux clichés sexistes. Malgré la dureté et l’intensité du travail à certaines périodes de l’année, la filière s’est féminisée sans grand équivalent dans le monde professionnel. Cette évolution profonde et visible est due notamment à l’amélioration des équipements et engins de travail, conjuguée à l’adaptation de certains conditionnements de produits, et à la mutation et au décloisonnement considérable des rapports de genre entre les femmes et les hommes.
Tout n’est pas encore idyllique et les femmes ne sont pas encore légion dans ce secteur, mais ça va dans le bon sens. Le métier s’ouvre et les femmes ne craignent plus de s’engager dans cette voie encore considérée comme masculine. Certains rôles ou certaines fonctions à l’intérieur de la filière restent à mieux répartir entre les fonctions techniques, administratives, le travail dans les vignes, le métier de caviste, l’activité commerciale… Il faut arriver à changer les représentations.
Quelques chiffres permettent d’appréhender la filière du vin du point de vue du genre au niveau national : en 2016, 13138 femmes (12%) sont cheffes d’exploitation viticole (rapport du Sénat réactualisé en 2021) ; En 2019, 121800 sont salariées et représentent 33,5% de la masse salariale (source MSA)
Au niveau de la Saône-et-Loire : dans l’industrie de la vinification : 45% des actifs sont des femmes. En revanche, pour 1859 exploitants viticoles, 491 sont des femmes soit 26 % contre 22% au niveau BFC mais 30% au niveau national.
Il est à noter que la viticulture reste un secteur en tension de recrutement en Saône-et-Loire. L’enjeu de l’insertion professionnelle des femmes dans le secteur viticole est à étudier avec attention au regard des besoins. Aussi, promouvoir des femmes dans les diverses professions de la vigne et du vin pour casser les stéréotypes est sans aucun doute une des réponses à apporter pour faire évoluer les regards et attirer de nouveaux talents. Il est souhaitable également qu’elles prennent des responsabilités dans les organisations qui structurent la profession et dans la société en général. On ne peut pas se passer de la moitié de la population.
Cependant, comme alerte Mme Isabelle Perraud présidente de l’association « Paye ton Pinard » de nombreux témoignages de violences sexistes et sexuelles dans le monde de la vigne et du vin sont toujours bien présents. L’association Paye ton pinard par sa présence et ses interventions tient à éveiller les consciences sur le sexisme ordinaire voire le viol et l'agression sexuelle et la remise en cause trop fréquente de la parole des victimes féminines.
Ces tables rondes animées sous la houlette de Mme Nathalie Bonnot, déléguée départementale aux droits des femmes et à l'égalité se sont clôturées par la venue de M. Yves Seguy, préfet de Saône-et-Loire pour saluer et féliciter toutes les équipes et les acteurs de cette journée du 8 Mars. Il a indiqué que le métier de la vigne est un très beau métier tout en reconnaissant la rudesse mais aussi la grandeur de ce métier. Issu d’une famille de viticulteur, il sait ce que cela signifie comme contraintes et comme engagement. « Ça me parle, la viticulture, la vigne, le vin. A savoir partir d’un végétal, le cultiver pour arriver à un produit, le faire apprécier, le commercialiser et l’exporter c’est fabuleux. C’est un très beau métier multidimensionnel dont il convient d’être fier ».
Le Préfet a souligné qu’il reste certes des points à faire évoluer, mais aujourd’hui on ne pourra y arriver que tous ensemble Femmes et Hommes. Dans notre société à ce jour il faut faire abstraction des considérations liées simplement au genre. Certaines remarques et observations désormais déplacées doivent disparaitre. Il est dur de faire évoluer les mentalités et certains ont encore un grand parcours à effectuer pour s’inscrire dans notre société d’aujourd’hui.
Ce qui est important dans nos métiers à tous c’est la compétence, l’efficacité pour d’arriver au résultat attendu. Les considérations de genre sont d’un autre temps.
Les participants et animateurs de cet après-midi riche d’échanges étaient : Le Lycée de Davayé Agro Bio Campus Lycée & CFPPA Davayé, la Préfecture de Saône et Loire, La DETTS (Direction de l’Economie de l’Emploi, du travail et des Solidarités) la Mission Locale du Chalonnais, La FDSEA 71 (Fédération Départementale des Exploitants Agricoles 71), CAVB ( Confédération des Appellations des Vins de Bourgogne & son programme VITA Bourgogne), le Domaine FERRAND à Charnay-Lès-Mâcon, Cave Patriarche à Beaune, Domaine viticole Labruyère, L’association Paye ton Pinard.
Bernard SUC
Le préfet de Saône-et-Loire Yves Séguy
Léa Dumas, cheffe du service Egalité des chances et accès à l'emploi à la Préfecture de Saône-et-Loire, aux côtés du Préfet
Nathalie Bonnot, déléguée départementale aux droits des femmes et à l'égalité à la Préfecture de Saône-et-Loire
Marion Ferrand (Domaine Ferrand) et Nadine Gublin (Domaine Labruyère)