Dans le cadre de la journée internationale de lutte pour les droits des femmes du 8 mars, Femmes Solidaires et le collectif 8 mars ont organisé une action bien ciblée ce samedi après-midi : « Et si votre rue portait le nom d’une femme ?». Amnesty International, Secours Populaire, AMI 71, Le Pas Sud Bourgogne, tenaient stands pour alerter les passants sur les droits actuels des femmes dans la société et sur les manquements criants de ceux-ci dans un esprit d’égalité avec les hommes.

Ainsi les citoyens et les citoyennes de Mâcon étaient invités à proposer des noms de femmes pour nommer ou renommer des rues ou des espaces publics.

Les propositions ont été nombreuses et variées dans tous les domaines, arts, sciences, techniques, politiques et militantismes. Beaucoup de monde à l’Espace Carnot, beaucoup de monde à l’angle des rues Carnot et Dufour pour l’inauguration temporaire de la rue « Jeanne Barret » par Eve Comtet-Sorabella, conseillère municipale.

Elle commença par ses mots,

 

Madame la Préfète, Madame la Députée, Madame la Sénatrice, Mesdames et Messieurs les conseillères municipales,

Au nom des Mâconnaises et Mâconnais, en ma qualité de conseillère municipale, je vous remercie de nous faire l’honneur de votre présence et c’est avec beaucoup d’émotion que nous voici réunies pour cette inauguration fictive de la rue BARRET.  Jeanne Barret, cette célèbre exploratrice et botaniste, toute en audace, en courage et en détermination. En effet, c’est déguisée en homme, qu’elle est la première femme à faire le tour du monde en bateau. Bourguignonne née en 1740 près d’Autun, dans une famille de paysans pauvres, Jeanne Barret parviendra à s’extraire de la misère.  Elle dû se donner du mal pour se travestir afin de contourner l’interdiction faite aux femmes de séjourner sur les navires du roi Louis XV (…) Rendons-nous compte de ce qu’elle a dû endurer pour s’extraire de sa condition de femme, de femme pauvre de surcroît (…)

Les femmes restent dans l’ombre des hommes. L’espace public met en lumière l’invisibilité dont elles sont victimes. Observons qu’à Mâcon, il y a 288 rues, allées, impasses, seules 15 portent des noms de femmes ; il y a 29 places, pas une ne porte un nom de femme ; il y a 29 écoles, 5 portent un nom de femme, ; il y a 5 collèges un porte un nom de femme ; il y a 4 lycées, aucun ne porte un nom de femme … Cette invisibilité dans l’espace public, construite et perpétuée par notre société patriarcale, est une façon insidieuse de fixer les femmes à l’arrière-plan. Nous citoyennes, citoyens, élu(e)s municipales avons une grande responsabilité et aussi un grand pouvoir de mettre fin à cette situation. À chaque occasion qui se présente, nouvelles voiries, nouveaux équipements, attribuons-leur le nom d’une de nos grandes femmes… et par exemple notre médiathèque deviendrait la médiathèque Berty Albrecht, la maison de justice et du droit pourrait être dédiée à Gisèle Halimi… ensemble, féminisons l’espace public pour franchir une marche supplémentaire vers l’égalité des droits.

 

Alors, mesdames et messieurs les décideurs actuels ou futurs, pensez à revoir vos choix pour baptiser nos rues, places, avenues et bâtiments, élargissez vos esprits et donnez aux célébrités féminines la place qui leur est due dans l’espace public …

MsP