Et la nécessité urgente de donner envie aux jeunes de s'installer en libéral

 

Si elle n'est pas en grève cette semaine, Anne Richelet, installée depuis 2018, n'en est pas moins solidaire du mouvement national initié début décembre : « je ne fais pas grève cette semaine car nous ne sommes pas assez nombreux et nombreuses à suivre le mouvement en cette période de fêtes, et ce serait très compliqué pour nos patients. Pour autant, je reste mobilisée et prête à agir. »

À ce propos, elle évoque de possibles menaces de déconventionnements si jamais le gouvernement restait sourd aux propositions des médecins, détaillées sur le site medecinspourdemain.com, que nous avons évoquées dans un article précédent.

 

Bien que rien ne bouge pour le moment, l'heure est encore à l'optimisme et à l'espoir d'une issue favorable, espoir nourri par un rendez-vous important en mars : la signature d'une convention entre les syndicats de médecins et l'Assurance maladie, signature qui pourrait acter un changement.

 

Sur les raisons du mouvement, elle partage l'ensemble des revendications exprimées par le collectif sus-cité. « Ce que nous voulons, c'est gagner du temps médical, à savoir disposer de plus de temps pour nos patients, tout simplement » a-t'elle indiqué avant d'entrer dans les détails : « Si l'on nous supprime le certificat médical pour la pratique du sport, si l'on nous enlève la consultation pour les arrêts de travail de moins de trois jours et pour la délivrance du certificat enfant malade, nous aurons gagné une bonne part de temps médical sachant que ces trois types de consultation représentent 10 à 20 % d'une journée de travail. »

 

Autre travers pointé qui pollue le quotidien et trop souvent passé sous silence, les patients qui n'honorent pas leur rendez-vous et, surtout, ne préviennent pas. « En France, cette incorrection est évaluée au niveau national à deux patients par jour et par médecin ! Je confirme que cela arrive tous les jours et évidemment a des implication sur les autres patients. Quand je donne un rendez-vous à quelqu'un, je ne le Il faut que la consultation soit due ou qu'il y ait une pénalité pour empêcher ce manque de correction. »

 

Autant de petites choses qui amélioreraient les conditions de travail des médecins et, de fait, augmenteraient l'intérêt pour la profession, qui semble cruellement s’amenuiser, en tout cas dans sa forme libérale.

 

Elle évoquait aussi le tarif de la consultation : « Nous payons 50 à 60 % de charges sur une consultation à 25 €... Donc oui, c'est essentiel de revaloriser la profession par une augmentation forte du tarif de la consultation, qui facilitera aussi l'embauche de personnel pour assurer le secrétariat, nous avons grand besoin d'être déchargés des tâches administratives. » 

Et d'ajouter : « On n'a pas encore vécu le pire en terme de démographie médicale. Et si l'on ne fait rien, je crains qu'une écrasante majorité des jeunes aujourd'hui en passe de terminer leur internat ne s'installeront pas en libéral. Il faut leur donner envie de s'installer, c'est impératif. Le salariat ne résoudra pas, loin de là, la grave crise démographique qui se profile avec les départs en retraites. »

 

Comme pour les boulangers en grave difficulté de paiement des factures d'énergie, comme pour les soignants usé.e.s et désabusé.e.s de l'hôpital, comme pour les enseignant.e.s mal pay.e.és et déconsidéré.e.s, plus qu'à attendre les bonnes décisions politiques...

 

Rodolphe Bretin