Invité par l’association Saint-Martin-Belle-Pierre, Marc Bonnetain, ancien technicien aux Voies Navigables de France a tenu une conférence sur la Saône ce samedi à la salle du Foyer Rural.

L’introduction historique ayant été relatée devant plus d’une centaine de personnes attentives par Abel Meyet de l’association, ce fut au tour de Marc Bonnetain d’animer sa conférence.

Pendant plus d’une heure, et en projetant de nombreuses photos plus ou moins anciennes, Marc Bonnetain a expliqué au public les deux siècles d’aménagement de le Saône. Après avoir été navigable pendant des siècles uniquement en période de crue, c’est au cours de la première moitié du XIXe siècle qu’ont eu lieu les premiers aménagements de la rivière longeant Saint-Martin. En effet, la faible pente naturelle couplée à un léger débit produisait des crues, pendant lesquelles la Saône envahissait la plaine inondable. D’ailleurs il subsiste encore de nombreux repères de crues dans les communes inondées. La crue de 1840 reste pour l’instant la plus dévastatrice.

« De multiples travaux ont donc été lancés de Lyon à Chalon afin de gagner de la profondeur, et ainsi assurer un chenal navigable. Dragages, puis pose de clayonnages (ces fameux murets sur lesquels s’échouent régulièrement des bateaux de plaisance)’’ raconte Marc Bonnetain. Dans le même temps sont aménagés des barrages à aiguilles en bois (perpendiculaires à la Saône) et des écluses, afin d’assurer la continuité de la navigation de commerce. Ces poses et déposes d’aiguilles en bois représentant des travaux fastidieux et dangereux, il fallait trouver d’autre moyens pour réguler la Saône » continue-t-il.

C’est donc un siècle plus tard, que de nouveaux barrages plus modernes sont construits. A la fin des années 70, et grâce à l’électricité et l’hydraulique, d’énormes clapets métalliques remplacent les aiguilles en bois. Toujours associés à une écluse au gabarit européen (185mètres x 12m), ces ouvrages se trouvent sur les communes de Seurre (21), Ecuelles, Ormes (71), Dracé et Rochetaillé (69), et assurent ainsi un chenal dit navigable pour une batellerie de plus en plus imposante, avec des unités pouvant transporter 4400 tonnes.

« Ces barrages utilisés pour réguler, et jamais pour barrer la Saône, n’ont jamais empêché ou crée les crues » insiste l’ancien technicien des Voies Navigables. 

La seconde partie de cette intéressante conférence était plutôt axée sur l’histoire de la batellerie. Depuis que la Saône a été rendue navigable, le transport des marchandises a énormément évolué. De la péniche (de 250 à 280 tonnes) halée par des chevaux, aux convois poussés de 4400 tonnes, en passant par les bateaux à vapeur, toutes sortes de bateaux s’y sont succédés. Type rhodanien, fluviomaritime (qui peuvent traverser la méditerranée sans rupture de charge). Matériaux de carrière, bois, céréales, engrais, sel pour la route, conteneurs, tout est transportable par la voie d’eau qui semble alors sous-utilisée.

« Depuis quelques années on compte aussi beaucoup de paquebots, organisant des croisières entre Chalon et Arles » continue le narrateur.

« Sur le tracé de la Saône, quelques bases de location permettent également aux marins d’eau douce de naviguer au fil de l’eau pendant quelques jours sans permis bateau. La liaison Rhin-Rhône ayant avorté dans les années 90, la Saône, pour l’instant, reste un cul-de sac pour les grosses unités. D’autres projets pourraient émerger, mais pour l’instant, rien de probant »

On pouvait noter la présence dans le public de Francis Mouton, qui a œuvré sur les ouvrages d’Ormes et Dracé, pour l’entreprise Caroni dans les années 80.

Le verre de l’amitié offert par l’association a clos cette intéressante conférence.

Rémy MATHURIAU