Communiqué de l’UFC-Que Choisir de Saône-et-Loire :

 

Alors que les récentes informations sur les pratiques d’EHPAD privés ont logiquement scandalisé l’opinion, l’UFC-Que Choisir de Saône-et-Loire rend aujourd’hui publique une étude sur la situation de l’offre en EHPAD dans le département.

L’UFC-Que Choisir constate un développement de l’offre privée au détriment de celle des établissements publics avec pour conséquence des prix élevés sans toutefois que la qualité soit au rendez-vous.

Déplorant l’organisation de l’accès aux EHPAD, l’UFC-Que Choisir de Saône-et-Loire formule plusieurs demandes visant à permettre la systématisation d’une prise en charge humaine des séniors dans ces structures à des tarifs abordables.

Une répartition très hétérogène des places d’EHPAD en France

En France, l’offre en EHPAD est de 102 places pour 1 000 personnes âgées de plus 75 ans.

Dans notre département, la situation est très légèrement plus favorable avec 111 places/1000 (soit une offre de 7754 places au total). Au global, les places en EHPAD en Saône-et-Loire ne peuvent répondre qu’à 46 % de la demande potentielle de l’ensemble des personnes dépendantes (47 % à l’échelle nationale).

Si les EHPAD n’ont bien entendu pas vocation à accueillir toutes les personnes dépendantes du département, celles souffrant des pathologies les plus lourdes n’ont pourtant souvent pas d’autre choix que de se tourner vers ces établissements médicalisés spécialisés. Or, on constate que dans notre département, seules 77 % des personnes très dépendantes 1 bénéficient actuellement d’une place en établissement, chiffre à mettre en parallèle avec une moyenne nationale de 68 %.

 

Les EHPAD privés tirent les prix vers le haut

L’analyse des tarifs pratiqués par les EHPAD implantés en Saône-et-Loire révèle que le coût moyen d’une place y est de 2094 euros par mois. A titre de comparaison, le prix moyen des places dans les départements limitrophes est de 2176 euros tandis que le prix moyen en France est de 2 214 €. En confrontant le prix moyen des EHPAD dans le département au niveau de vie de ses habitants, on peut estimer qu’en moyenne les résidents doivent piocher 392 euros par mois (contre 416 euros à l’échelle nationale) dans leurs économies.

La moyenne départementale du prix des places en EHPAD masque d’importantes différences selon le statut de l’EHPAD. En effet, alors que les EHPAD publics départementaux affichent un prix moyen de 1926 euros et les EHPAD associatifs un prix moyen de 2171 euros, ce tarif s’envole pour les EHPAD privés puisqu’il s’établit à 2595 euros. Ce sont donc bien les EHPAD privés qui tirent la moyenne des prix vers le haut, étant entendu qu’ils disposent, dans le département, de

21% du total des places, pourcentage légèrement inférieur à la moyenne nationale (23 %)

 

Un développement de l’offre privée favorisé par les pouvoirs publics

Cette cherté des EHPAD privés, commune à toute la France, devrait trouver à s’expliquer par une meilleure qualité des prestations proposées à leurs résidents par rapport à celles dont bénéficieraient les résidents d’EHPAD publics. Pourtant cela est loin d’être assuré si on se fie aux taux nationaux d’encadrement des résidents qui est de 56 % dans les structures privées, contre

68 % dans les structures publiques. C’est également vrai pour la qualité de la restauration ou les animations, essentielles pour le moral des résidents. Dans la foulée du livre choc Les Fossoyeurs, le récent rapport de l’Inspection Générale des Finances et de l’Inspection Générale des Affaires Sociales ne manque d’ailleurs pas de le souligner.

La stratégie de maximisation du profit des établissements privés qui s’effectue sans toujours prendre en compte l’impératif de bien-être des résidents semble se réaliser avec l’implicite blanc-seing des autorités publiques, qui outre des manquements dans le contrôle des établissements, favorisent le développement des EHPAD privés. En effet, les Conseils départementaux qui, avec les Autorités Régionales de Santé (ARS) ont la main sur le développement des EHPAD, trouvent un intérêt budgétaire à favoriser la création d’établissements privés plutôt que de créer des établissements publics, puisque les résidents des EHPAD publics sont davantage en mesure de bénéficier des aides sociales départementales, que ceux des EHPAD privés, notamment en ce qui concerne l’Aide Sociale à l’Hébergement (ASH).

 

Au vu des constats dressés, et dans un contexte où le vieillissement de la population va mécaniquement s’accompagner d’une hausse des situations de dépendance, l’UFC-Que Choisir de Saône-et-Loire, attachée à la liberté de choix du type d’EHPAD et soucieuse d’assurer aux séniors n’ayant d’autres choix que d’en intégrer un, de pouvoir trouver un établissement permettant une prise en charge humaine à un tarif raisonnable, demande :

- Que la création de nouvelles places en EHPAD se fasse essentiellement dans les structures publiques ;

- Que les EHPAD privés aient tous l’obligation de proposer un nombre suffisant de places éligibles à l’Aide Sociale à l’Hébergement (ASH) ;

- Un plafonnement des évolutions tarifaires des EHPAD privés ;

- L’obligation de mettre en place un taux d’encadrement minimal pour tous les établissements et de porter ce taux à la connaissance des consommateurs ;

- Que les associations agréées en santé soient représentées au sein des Conseils de Vie Sociale des EHPAD pour veiller au bien-être des résidents.

Afin de limiter les restes à charge parfois prohibitifs et durables frappant les résidents, l’UFC-Que Choisir Saône-et-Loire rappelle également que l’association promeut depuis plus de 10 ans la mise en place d’un « bouclier dépendance », financé par la solidarité nationale.

Enfin, l’association indique l’existence d’une carte interactive des EHPAD en France, sur le site internet de l’UFC-Que Choisir : https://www.quechoisir.org/carte-interactive-maisons-retraite-n21239/.

Cette carte, librement accessible, répertorie les prix pratiqués par l’ensemble des établissements, indépendamment de tout autre critère.