Vendredi soir, à l'initiative de Josiane Casbolt, maire de la commune, des vignerons sont venus à la rencontre des habitants pour une réunion publique d'échanges. Objectif clairement affiché : se connaître, connaître le métier pour vivre ensemble, en harmonie.

 

Belle intention et belle initiative qui, hélas, n'a vu que très peu d'habitants venir à la rencontre des vignerons pourtant soucieux d'expliquer leur métier et dire les efforts qu'ils font depuis longtemps pour éviter les épandages polluants et nocifs pour la santé.

 

Quand bien même, c'est avec un peu d'histoire que la réunion a commencé, par une intervention de Nathalie Chuzeville, directrice de l'ODG des Crus du Beaujolais : « La vigne est présente dès l'ère romaine. Le "Gouais", futur gamay, serait venu lors des invasions barbares » entamait-elle. « St-Amour, Juliénas, Brouilly, Régnié sont des noms issus de cette période. La culture de la vigne quant à elle, remonte au Moyen âge avec les ordres religieux du Chapitre de St-Vincent de Mâcon. Le Beaujolais est une seigneurie à part avec un commerce important, dont le vin, création du port de Villefranche-sur-Saône. Le vin remontera jusqu'à Paris grâce au développement du chemin de fer. »

Les premiers soucis arriveront avec le phylloxera, puceron importé des Etats Unis et qui mettra à mal des cépages ancestraux. La première technique de lutte sera le greffage.

Dans les 30 et 40, les vignerons vont se rassembler pour demander l'AOC St-Amour et, ainsi, se prémunir de la fraude et protéger leur savoir-faire. L'AOC nait par décret le 8 février 1946.

 

Aujourd'hui, 1 127 domaines sont certifiés dans des labels connus tels que le AB (Bio), HVE (Haute valeur environnementale), demeter (biodynamie) ou encore Terra Vitis, représentant 70 % de la surface viticole. Les certifications de domaine ont été multipliées par deux en deux ans.

 

Technicien à la Chambre d'agriculture, Benjamin a pris la suite pour évoquer la partie technique. « La viticulture, c'est la nécessité d'appliquer des produits préventifs d'une efficacité de 8 à 12 jours pendant 100 jours, représentant 7 à 8 passages en moyenne.

Les viticulteurs restent conscients des progrès à faire en matière de traitement. Quoi qu'il en soit, ils sont contrôlés dans leur activité, qui est réglementée. Les produits sont homologués, les viticulteurs doivent avoir une carte professionnelle pour les acheter, les pulvérisateurs sont aussi contrôlés. Trois maladies sont vraiment ravageuses : le mildiou, l'oïdium et le black rot. Ces trois maladies ont 200 ans sur 8 000 ans d'histoire de la vigne. »

 

Et de conclure en évoquant les prochaines certifications qui concerneront cet outil particulier qu'est le pulvérisateur : « L'amélioration des pratiques est un souci permanent. Une preuve avec la labellisation des pulvérisateurs eux-mêmes qui pourront avoir une double certification, selon la qualité technique de la pulvérisation ainsi que de la dérive dans l'air du produit pulvérisé.

L'objectif de la profession est toujours de traiter moins ou mieux en préservant la récolte et la pérennité du vignoble. Aucun vigneron ne traite par plaisir. C'est un coût et du travail. Il faut dire aussi que certains traitements sont obligatoires, pour les maladies de quarantaine comme la flavescence par exemple. Il s'agit d'une maladie épidémique. Là dessus, c'est l'Etat qui prend la main et impose les traitements. »

 

Présents dans la salle, Marc Sangoy, président de la CAVB et président de la cave de Lugny, et Jérôme Chevalier, vice-président de l'Agglomération en charge de la viticulture, lui-même viticulteur et président de l'Union des producteurs de vin Mâcon. Les deux hommes ont insisté sur la nécessité du dialogue entre riverains et professionnels. « Quand on se parle, ça marche. Il faut faire des réunions comme celle-ci régulièrement dans le souci du bien vivre ensemble. »

Rodolphe Bretin

 

Josiane Casbolt aux côtés de Claire Midey, représentant le cru St-Amour

 

 

 

 

 

Les vignerons sont venus en nombre. Très peu d'habitants présents