Communiqué de l'INSEE BFC

Infirmières, aides-soignantes, aides à domicile, caissières ou vendeurs, routiers sont autant de métiers indispensables à la population et au bon fonctionnement de la société. Ils sont exercés majoritairement par des femmes, et en particulier dans les domaines de la santé et de l’aide à la personne, de la propreté et du commerce.

La plupart de ces métiers sont relativement peu qualifiés. Les femmes sont moins bien rémunérées et travaillent davantage à temps partiel. Dans la Nièvre et en Saône-et-Loire, ces travailleurs clés sont les plus présents, en lien avec la population âgée pour le premier, avec les entreprises de l’industrie agroalimentaire et de la logistique-transports pour le second.

Des métiers répondent aux besoins essentiels de la population (se nourrir, se soigner, etc.). Ils ont été particulièrement sollicités et mis en lumière lors de la crise sanitaire de la Covid-19. Ces actifs ont dû continuer d’exercer sur leur lieu de travail, notamment lors du premier confinement.

Les travailleurs clés assurent des missions essentielles qui relèvent aussi bien des sphères sanitaire, alimentaire, utilitaire que logistique. En Bourgogne-Franche-Comté, 238 700 actifs exercent un métier clé, soit 21,3 % des actifs occupés de la région.

La région fait partie des six régions métropolitaines où la proportion de travailleurs clés est la plus élevée, derrière la Bretagne (22,9 %) et loin devant l’Île-de-France (14,0 %). Cela s’explique en partie par une présence un peu plus importante qu’ailleurs d’actifs exerçant dans des structures de soins. La région dispose d’un maillage d’établissements sanitaires et médico-sociaux répartis pour limiter la distance dans les zones rurales et prendre en charge plus particulièrement une population âgée fort présente. À l’inverse, le faible nombre d’agglomérations de très grande taille explique un moindre développement d’emplois dans les fonctions métropolitaines.

Ces fonctions de décision, de conception, de gestion et d’intermédiation sont davantage implantées dans les territoires voisins très urbains que sont les régions parisienne et lyonnaise.

En première ligne, des femmes


Les femmes sont très présentes dans les professions qui maintiennent des fonctions essentielles de la société. En Bourgogne-Franche-Comté, elles constituent 61 % des travailleurs clés contre 48 % dans l’ensemble des activités économiques. Les sphères sanitaire, sociale et de l’aide à la personne recouvrent à elles seules près de la moitié des métiers clés. Infirmières, aides-soignantes, agents hospitaliers, trois travailleurs clés sur dix exercent dans des structures de soins. Deux sur dix soignent ou accompagnent les personnes, souvent à domicile, en tant qu’auxiliaires de vie ou aides à domicile. Ces métiers sont tout particulièrement féminisés, ils comptent 84 % de femmes.

Près de 5 % des actifs exerçant des métiers clés relèvent des secteurs de l’hygiène et de la propreté, avec 65 % de femmes. Environ 20 % des emplois concernent l’alimentation et les commerces dits « essentiels », caissiers ou vendeurs, boulangers, ouvriers alimentaires (magasiniers, charcutiers, etc.). Ici, les femmes sont toujours un peu plus nombreuses que les hommes, 55 % de ces emplois. La féminisation est toutefois traditionnellement bien plus forte parmi les caissiers ou les vendeurs, 73 %.

Deux groupes de métiers clés comportent une minorité de femmes, moins de 30 %. Ainsi, près d’un travailleur clé sur cinq occupe un emploi dans les domaines de la logistique, du transport et de la sécurité. Routiers, livreurs ou forces de l’ordre sont des métiers majoritairement tenus par les hommes. Il en va de même pour 5 % des autres professions clés, ouvriers et techniciens qui travaillent dans l’industrie dite « essentielle ».

Des métiers souvent moins qualifiés


À l’exception de certains métiers comme infirmières, les métiers clés sont souvent moins qualifiés que les autres professions. La part de cadres est deux fois plus faible, 7 % contre 13 %. Quant aux employés, ils représentent 45 % des emplois et les ouvriers, 25 %. Les travailleurs clés sont plus souvent peu ou pas diplômés en comparaison du reste de la population active. L’écart est plus important parmi les femmes, 53 % des travailleuses clés sont titulaires d’un baccalauréat ou d’un diplôme de niveau supérieur, soit 9 points de moins que les actives occupées de la région. En particulier, les travailleuses clés sont moins fréquemment titulaires d’un diplôme de niveau bac+5.

Les femmes sont moins bien rémunérées


La plupart des travailleurs clés sont salariés, à hauteur de 90 %. Globalement moins qualifiés que les autres salariés, ils sont moins bien payés pour une heure de travail, 12,30 € nets contre 13,22 €. Néanmoins, ces différences concernent surtout les hommes. Ainsi, les travailleuses clés gagnent autant que les autres femmes actives, soit autour de 12 € nets.

Les travailleuses clés salariées sont payées 8 % de moins que leurs homologues masculins. Six sur dix exercent dans cinq professions faiblement rémunérées : caissières ou vendeuses en commerces « essentiels », aides à domicile, agents de propreté ou hospitaliers et aides-soignantes. Leur salaire moyen en équivalent temps plein est souvent inférieur à 1 500 € nets par mois, alors qu’il atteint 1 850 € pour l’ensemble des femmes actives de la région.

Les femmes exercent plus souvent un métier clé à temps partiel, 35 % contre 24 % pour l’ensemble des actives en emploi de la région. C’est bien davantage pour les agents de propreté, 67 % et les aides à domicile, 64 %. Leur rémunération annuelle est par conséquent plus faible que celle des autres femmes actives. De plus, en raison d’horaires souvent décalés, elles utilisent davantage la voiture pour se rendre au travail. Dans le contexte de fin 2021-début 2022 de la forte augmentation des prix du carburant, elles doivent faire face à des dépenses en augmentation et difficilement contournables.

Une part de travailleurs clés plus élevée dans la Nièvre et en Saône-et-Loire


La Nièvre affiche la part de travailleurs clés la plus élevée de la région (23,1 %). Dans ce département rural, la présence des personnes âgées de plus de 75 ans dans la population est très marquée. Elle s’accompagne d’une présence accrue d’aides-soignantes, d’aides à domicile, d’infirmières et de pharmaciens.

En Saône-et-Loire, les effectifs et la part de travailleurs clés (22,9 %) sont parmi les plus importants de la région, grâce aux métiers de l’alimentation et aux commerces « essentiels ». L’industrie agroalimentaire est bien implantée, en particulier dans le secteur de la transformation de la viande (poulet de Bresse, viande charolaise...). Les secteurs de la logistique et du transport y sont relativement bien représentés. Ils sont notamment liés aux nombreux axes routiers, autoroutiers et ferroviaires qui traversent le département reliant Paris, l’Allemagne avec le sud de la France.

La Côte-d’Or et le Doubs, départements peuplés et dotés de grands centres hospitaliers, comportent les plus gros effectifs de travailleurs clés. Néanmoins, la part de travailleurs clés est faible au sein d’un marché du travail dense et très diversifié et en présence des fonctions métropolitaines. Dans le Territoire de Belfort, la part de travailleurs clés est la plus faible de la région (17,8 %). Les autres secteurs tels que l’industrie, notamment celle liée à l’automobile occupent pleinement le terrain. Par ailleurs, les fonctions métropolitaines y sont également plus développées.

David Brion, Caroline Desnoyers, Jean-Noël Maisonneuve (Insee)