Le 29 novembre, une femme a été tuée à l’arme blanche par son conjoint : c’était la 105ème victime recensée en France cette année. Et l’année n’est pas finie…
Communiqué de Femmes Solidaires Mâcon
Des chiffres
Ce sont aussi environ 250 000 femmes qui continuent de subir chaque année, dans l'ombre, les violences physiques ou sexuelles commises par leur conjoint ou ex-conjoint. Ce sont plus de 400 000 interventions pour violences intrafamiliales qui ont été réalisées en 2020 par les services de police et de gendarmerie, soit 45 interventions par heure !
En outre, il est probable que le nombre total de victimes de féminicides soit en réalité beaucoup plus élevé, voire multiplié par trois comme l’estiment certains spécialistes, si l’on tient compte des "suicides forcés" : des femmes qui se donnent la mort en raison des violences conjugales et du harcèlement moral qu'elles subissent. Ces suicides forcés, si l’on parvient à les identifier comme tels, sont reconnus dans la loi comme des crimes depuis 2020, mais ils n'apparaissent encore dans aucun comptage.
Sans oublier qu’une femme qu’on tue, c’est aussi souvent une mère qu’on assassine : au mois de septembre 2021, les 77 femmes tuées jusque-là ont laissé derrière elles 82 enfants orphelins, dont 23 ont été témoins du meurtre de leur mère…
Des mesures
Le ministère de l'Intérieur a annoncé cet été le traitement prioritaire des plaintes pour violences conjugales, et la désignation d'un officier spécialisé dans ces violences dans chaque commissariat et chaque brigade de gendarmerie.
Il existe aussi des numéros pour les femmes victimes de violence, et pour leurs proches :
le 3919, disponible 7 jours sur 7, 24h sur 24 ; le 114 , pour les personnes en situation de handicap auditif ou ayant des difficultés liées à la parole. Une application à télécharger, App'elles, permet également d'alerter des contacts ou les services d'urgence.
Au niveau international, la France est l’une des signataires de la Convention du Conseil de l'Europe sur la prévention et la lutte contre la violence à l'égard des femmes et la violence domestique, signée en 2011, et dite « Convention d’Istanbul » : c’est un traité international qui engage les 11 états membres* à prendre des mesures contre les violences faites aux femmes, pour la protection des victimes et la fin de l’impunité des auteurs de violences.
Des actions
Mais, contrairement à l'Espagne, par exemple, il n'y a toujours pas de loi cadre en France contre les violences faites aux femmes.
Et plusieurs organismes féministes montent au créneau pour exiger du gouvernement, des actes concrets pour faire disparaître toutes les formes de violences** à l’égard des femmes.
Pour lutter contre ce fléau, ces associations dénoncent en particulier les dysfonctionnements et les défaillances de l’Etat et du système juridique dans la prise en charge des affaires
de violences familiales et conjugales. 65% des femmes assassinées en 2021 avaient pris contact avec la police ou la justice !
L’association Femmes Solidaires lutte contre toutes les formes de violences à l’égard des femmes, et bien entendu contre les féminicides. Elle travaille essentiellement
auprès des jeunes pour briser le continuum des violences et déconstruire le triangle infernal : les hommes ont naturellement des stéréotypes de genre***, qui les entraînent alors parfois à rejeter ce qui n’y correspond pas (discriminations), et peuvent les pousser ensuite à commettre des violences.
Un faible espoir
Aujourd’hui, grâce au travail des associations féministes et au combat des jeunes militantes qui utilisent les réseaux sociaux (Nous Toutes, par exemple), le combat contre les violences faites aux femmes se déplace dans la rue et dans les médias ; la parole se libère (à travers le mouvement #MeToo, par exemple), et la communication utilisée par les jeunes féministes nous permet d'espérer un changement dans notre société.
Au cours de la semaine du 25 novembre, consacrée à la Journée internationale de lutte pour l’élimination des violences à l’égard des femmes, de nombreuses actions ont été organisées en France : manifestations, protestations die-in****, projections de films et documentaires, collage du prénom des victimes sur les murs (par les Collectifs de Colleuses, par exemple), etc.
Dans la matinée du 25, des lycéennes et lycéens du Lycée Lamartine à Mâcon, rassemblé.e.s dans la cour de leur établissement, ont lu un texte collectif, solennel et fort, contre les féminicides.
L’association Femmes Solidaires Mâcon a organisé le 25 novembre en soirée, avec Gwendoline Lefebvre, membre du comité de direction de l’association au niveau national, une conférence intitulée : "Féminicides : une autre pandémie ! Quels sont les gestes barrière ?" Des informations très importantes sur les féminicides et les solutions possibles***** ont été apportées aux 50 personnes présentes, toutes résolues à dire « STOP ».
*la Turquie a quitté la convention en mars 2021 !
** violences conjugales, sexuelles, psychologiques, administratives et financières, prostitution, mariage forcé, excision, viol, harcèlement, cyberviolence
** violences conjugales, sexuelles, psychologiques, administratives et financières, prostitution, mariage forcé, excision, viol, harcèlement, cyberviolence
**violences familiales et conjugales, sexuelles, psychologiques, administratives et financières, économiques, ainsi que prostitution, mariage forcé, excision, viol, harcèlement et cyberviolence.
***les femmes sont faibles et fragiles, les femmes sont inférieures aux hommes, les femmes doivent rester à la maison, les femmes doivent obéir à leurs époux, etc.
****mises en scène publiques, symboliques et politiques de la mort
*****par exemple, généraliser au plus vite le port du bracelet électronique afin d’éloigner les auteurs de violences de leurs victimes