Le SPED (Service Public de l’Emploi Départemental) dédié au secteur agriculture viti-viniculture s’est tenu ce mardi au sein de l’Agro-Bio Campus de Davayé.

Cette rencontre entre les représentants de l’État, les opérateurs chargés de la mise en oeuvre des politiques de l’emploi, les missions locales, les organismes de placement spécialisés, les représentants consulaires et professionnels, l’Éducation nationale, la Banque de France réunissait une quarantaine de personnes qui se sont penchées au chevet de l’emploi dans le grand monde agricole, sujet on ne peut plus d’actualité pour ce secteur qui traverse une véritable crise de recrutement dans un contexte d’adaptations, de mutations, menaçant l’avenir des entreprises et des exploitations.

La séquence s’ouvrit par le mot d’accueil de Michel du Roure, le maire de Davayé, qui présenta sa belle commune et par la présentation de l’établissement par Jean Philippe Lachaize, proviseur du lycée.

Yves Séguy, préfet de Saône et Loire, accompagné de ses services et d’Agnès Chavanon, secrétaire générale de la préfecture, était ravi de se retrouver dans ces séances de travail délocalisées, sous les poutres multiséculaires du chai, au pied des cuves alignées en fond de décor ; « nous persistons dans nos rencontres dans des lieux évocateurs, merci de nous offrir ce cadre de travail pour aborder le thème de l’emploi dans l’agriculture. La situation est, en ce secteur économique, complexe, l’évolution des métiers, le caractère saisonnier, l’accès à tous les âges de la vie, la conjoncture économique globale qui se rapproche du plein emploi nous place dans des situations inédites… nous avons changé de monde. »

A la droite du préfet, Christine Robin, vice-présidente du conseil départemental, en charge de l’insertion sociale, de l’emploi, de la formation, résuma avec efficacité : « nous devons travailler ensemble, le sens de notre démarche est de nous mobiliser, tous dans les mèmes objectifs, comme c’est le cas aujourd’hui… »

La réunion était lancée… les spécialistes, Georges Martins Baltar, DDETS, Christophe Gay, directeur de Pôle Emploi, Christophe Maurel, directeur de la Banque de France, dressèrent un aperçu de la conjoncture plutôt rassurant mais contrasté : « nous nous rapprochons du plein emploi, en effet. Sur près de 40 000 demandeurs d’emploi, c’est une baisse de 3 % qu’il faut retenir… Sur les 12 derniers mois, dans le secteur agricole, nous enregistrons 28 735 déclarations d’embauche, soit 9 % pour le domaine agri-viticole. Par contre, le nombre d’exploitants est en baisse constante depuis dix ans… »

Reprenant la parole, le préfet rassura : « Il n'y a pas de risque de dépression, comme certains l’évoquaient… »

Les témoignages des acteurs de l’emploi dans la filière permettaient de rentrer dans un échange plus concret, moins macroéconomique, les Missions Locales, Ailes, les professionnels viti, éleveurs prirent la parole, comme la représentante de Vita Bourgogne qui mis en lumière la plateforme ouverte pour le recrutement en Bourgogne… le président du service de remplacement, un éleveur ovin, le secrétaire général de la chambre d’agriculture densifièrent avec intérêt et précisions ces échanges et ce partage d’expérience sur le terrain…

L’occasion était saisie de faire remonter, au plus haut niveau, les difficultés rencontrées. Les crispations se concentrent sur la spécificité du monde rural, de la faiblesse des revenus dans ce métier passion, avec les problèmes de recrutements de saisonniers, d’hébergement, de transport, d‘image mème, des filières auprès des jeunes, la nécessité d’alléger les procédures spécifiques d’embauche, et d’assurer un revenu aidé pour ceux qui travaillent !

Yves Séguy, marqua la fin de ces échanges très vivants et intéressants : « Je retiens que le secteur agricole a lui aussi changé de monde. Il nous faut mutualiser une image pour que la « marque employeur » soit porteuse de réussite. Les frais périphériques (déplacement logement, service de proximité) constituent, avec l’activité des acteurs, un écosystème où chacun joue sa partition, dans ces métiers de l’agriculture, cet environnement du monde agricole, avec ses règles ses habitudes, devient une question politique majeure dans nos territoires.

Il faut convaincre, partager les efforts de tous, rester connecter à ce nouveau cadre, à tous les autres quand on a un métier si ouvert sur le monde du travail… les témoignages nous ouvrent le chemin d’actions concrètes à mettre en œuvre, ensemble. Nous nous reverrons… »

En levée de séance le préfet, redonna la parole à Christine Robin qui mobilisa les énergies : « l’arrivée du plein emploi change la donne. Il faut, comme vous venez de le dire Monsieur le Préfet, construire une chaine où tous les maillons sont indispensables. Nous avons tous besoin de faire un bout de chemin ensemble, il nous faut ré-interroger nos façons de travailler, l’emploi, dans cette filière agricole est l’affaire de tous. »

J.-Y. Beaudot